Il a suffi de quatre Japonais dans un bar enfumé de Guangzhou pour activer chez le détective privé Zhu Wenguang, dit " Zuo Luo ", ou encore " Zorro ", la lointaine mécanique des souvenirs. De la belle Yatsunari Sesuko, qui a fini sa vie cloîtrée dans un temple bouddhiste, à la timide Zheng Leyun dont la famille fut massacrée pendant la Révolution culturelle, en passant par la délicieuse Yang Cuicui jadis maltraitée par son yakusa de mari, les destinées tragiques des trois femmes de sa vie se répondent, et le convoquent soudain. Ce sera d'abord dans le Chinatown new-yorkais, puis dans l'extrême nord du Japon, aidé par une medium, un chien errant et une enfant perdue, qu'il devra tenter de démêler l'écheveau des souvenirs, au rythme lancinant d'un road movie existentiel bercé de contes traditionnels et de musiques chinoises.
Christian Garcin s’amuse et le lecteur avec lui, entraîné dans un flot loufoque d’histoires à tiroirs qui racontent les aventures de « Zhu Wenguang – dit Zuo Luo , ou encore Zorro ». Ce n’est pas Tintin au Tibet mais Zorro en Chine. Zhu Wenguang – dit Zuo Luo , ou encore Zorro est détective privé qui dédie son activité à aider de jeunes Chinoises à se libérer après qu’elles aient été vendues par leurs pauvres parents à des époux qui les séquestrent ou les brutalisent. Aidé par un copain dont les lèvres proéminentes ont inspiré le surnom de Bec-de-canard , il parcoure son pays au secours de ses protégées faisant un crochet par l’île nippone d’Hokkaido et par New-York, ou l’attend un cousin tenancier d’un restaurant que surveille d’un œil un chien pelé qui répond au nom de Vieux-Fang. Or Vieux-Fang, etc…
Mêlant habillement le passé et le présent, le narrateur suit le destin de trois femmes dont la fragile et belle Yang Cuicui abandonnée aux mains barbares de son yakusa de mari (Chine et Japon se mélangent allégrement). Ce patronyme à soi seul révèle le ton fantasque et drolatique du récit, teinté par ailleurs de la mélancolie de notre timide Zorro que ces jeunes femmes émeuvent plus que de raison. Voilà un livre d’une lecture aisée dont la fantaisie assumée réjouit l’esprit le plus tendu pourvu qu’il soit romanesque.
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