Arielle, 16 ans, découvre le goût de la liberté à son entrée à l'école d'ingénieurs, loin du carcan familial...
Arielle, 16 ans, découvre le goût de la liberté à son entrée à l'école d'ingénieurs, loin du carcan familial...
Premier roman autobiographique d'Agnès de Clairville, l'autrice met en scène une galerie de personnages, avec nous évoquons la famille, les traditions, l'éducation, la société, la rupture, les relations mère/fille, le viol, les violences, les ruptures, L'humiliation et le bizutage.
Agnès de Clairville exorcise sa propre histoire, elle libère sa propre parole, le rythme est soutenu, les mots sont directs et juste, les chapitres sont courts et alterne les points de vues.
"Je ne sais pas ce qui m'a pris de me mettre en robe. C'était comme si des serpents vicieux susurraient sur mon passage, à croire que ces mecs n'ont jamais vu les jambes d'une fille. En référence au discours de la semaine dernière, certains m'ont même lancé. Alors, tu gères ?"
Qui de mieux que les animaux de la ferme pour nous parler de leur éleveur ? Ici, les bestioles ont la parole. De la vache pie noire à la chienne épagneule en passant par le chat tigré, chacun à son point de vue sur cette exploitation agricole qui les entoure, gérée par un homme croulant sous les dettes avec femme et enfants.
Quel pari fou d’écrire un roman social et choral avec des animaux. Je reste encore scotchée de l’immersion que nous propose Agnès de Clairville. Il fallait oser et c’est admirablement réussi.
En donnant voix aux animaux, l’autrice dépeint la dureté de la vie rurale, les difficultés économiques et la mise à l’épreuve quotidienne d’une fragile famille. Il y a ce que l’on voit, ce que l’on entend. Et puis, ce que l’on veut nous montrer, nous faire croire. Et enfin, ce qui est tu, invisible. En inversant les porteurs de voix, d’un monde agricole que l’on sait en souffrance, Agnès de Clairville appuie là où ça fait mal. Un roman qui bouscule et prend aux tripes.
http://www.mesecritsdunjour.com/2024/05/corps-de-ferme-agnes-de-clairville.html
Les factures, les maladies, les naissances… C’est beaucoup de tracas, une ferme. Même les bêtes en ont conscience. Et puisque les humains sont si taiseux - “chez nous, on cause pas, c’est comme ça” -, Agnès de Clairville laisse les animaux écouter, voir et raconter.
Chacun leur tour, chacun à leur façon, ils rendent compte des événements de ce corps de ferme. D’abord les porcs, tous en chœur, impossibles à rassasier, toujours affamés. Et puis la vache, qui connaît si peu de choses des humains - “des cris, des avance, des doucement, des voilà.” La chienne, généreuse, loyale quoi qu’il arrive, sensible aux odeurs, attentives à celles, acides, du sang et de la transpiration. Le chat, si peu sentimental, presque indifférent - “nous avons nos aventures, les humains ont leurs histoires” -, le seul pourtant à avoir accès à l’intimité humide des chambres à l’étage. Et enfin la pie, elle qui voit plus loin du haut de son peuplier, jusqu’au cimetière.
L’histoire avance grâce à une accumulation de détails, perçus à hauteur de bêtes, sur près de vingt ans. Des détails, anodins ou cauchemardesques, qui méritent toute notre attention. Les gestes brusques du fermier, l’abattage de la moitié du troupeau, la voix douce et épuisée de la fermière, la mort d’un chiot, quelques mots prononcés par un gendarme, le silence besogneux de l’aîné, les sanglots du cadet à peine couverts par le ronron du chat.
Dans ce huis-clos paysan, ce livre-enclos, le lecteur est comme une bête. Domestiqué par la construction du récit, apprivoisé par l’alternance des points de vue, il flaire le drame avant de le comprendre. Pour la chienne qui prend de l’âge, pour les oiseaux à portée de griffes, pour les couvées trop nombreuses.
Nous suivons, dans ce roman, la vie d'une famille d'agriculteurs pendant une quinzaine d'années : le père, la mère et les deux fils. Mais les narrateurs sont les animaux qui les côtoient : une vache, une chienne de chasse, un chat et une pie. Toute la vie de la ferme est racontée du seul point de vue des animaux, sans rien cacher de la violence, de l'âpreté du métier, de l'épuisement des parents, de l'endettement, de la transmission de l'exploitation. le thème central, commun aux femelles et à la femme est la maternité, souvent imposée par le mâle (agriculteur, chat) ou par le besoin de rentabilité (chienne épagneule, vache), qui épuise les corps.
L'auteure connaît bien le monde agricole ayant fait plusieurs stages dans des exploitations, ayant fait des études d'agronomie et ayant un frère éleveur de chèvres dans le Gers. Il fallait oser faire parler des animaux pendant tout un roman; le procédé est original mais difficile à mettre en application. Par exemple, le style devait être le plus simple possible pour traduire la parole des animaux et le résultat est qu'il assez pauvre, les phrases se réduisant à un sujet, verbe , complément. On se heurte aussi assez vite au caractère artificiel du procédé qui peut finir par lasser.
Néanmoins, je salue l'audace d'Agnès de Clairville, qui s'est complètement démarquée de son précédent roman, qui était aussi son premier, "La poupée qui fait oui". L'auteure sait se remettre en question, se renouveler totalement ce que je considère comme une qualité.
J'ai dû me faire violence pour aller au-delà du premier tiers du roman (la description de la naissance du veau par lui-même a failli être rédhibitoire) mais j'ai fini par me laisser embarquer dans cette improbable aventure, j'ai même été secouée par certaines scènes (la néosporose qui contraint l'éleveur à abattre la moitié de son troupeau de vaches, les veaux arrachés à leur mère,...).
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