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Trois périples. Une route.
Angleterre, 1348. Une gente dame, lectrice du Roman de la Rose, fuit un odieux mariage arrangé, un procureur écossais part pour Avignon et un jeune laboureur en quête de liberté intègre une compagnie d'archers qui a participé à la bataille de Crécy. Tous se retrouvent sur la route de Calais. Venant vers eux depuis l'autre rive de la Manche, la Mort noire, la peste qui va tuer la moitié de la population de l'Europe du Nord.
Pendant ce voyage, assombri par le passé violent des archers et les avertissements des prêtres sur la fin du monde prochaine, les voyageurs se confrontent à la nature de leurs amours et de leurs désirs. La demoiselle séduite par l'amour courtois va découvrir ce qu'aimer veut dire, l'archer mettra son honnêteté à l'épreuve dans un contexte cruel et injuste, le procureur recevra des confessions qui remettront en cause sa façon de penser.
Au milieu des fumées des bûchers censés éloigner la pestilence, des bagarres, des us et des coutumes oubliés, des personnages magnifiques, complexes, drôles, nuancés et profondément humains vivent leurs aventures dans un monde médiéval à la fois étrangement plausible et complètement étranger.
Impressionnant exploit de langue et d'empathie, l'auteur ne falsifie jamais l'époque en l'assimilant à la nôtre, et crée ainsi un roman extraordinaire sur l'amour, les classes sociales, la foi, la perte, le genre et le désir sur fond de l'un des plus grands cataclysmes de l'histoire de l'humanité.
Nous sommes en Angleterre en 1348. Cela fait deux ans que la bataille de Crécy a vu les archers et la piétaille d’Outre-Manche abattre la chevalerie française. Les Anglais victorieux ont ensuite fait tomber Calais, et depuis la célèbre remise des clés de la ville par ses bourgeois, alors que la peste noire s’est mise à décimer l’Europe et donc aussi la population de la cité conquise, l’Angleterre colonise ce bout de terre arrachée à la France. Forts de diverses motivations, les futurs colons proviennent de milieux disparates. Sur la route qui doit les mener à embarquer, convergent ainsi une noble dame décidée à fuir un mariage arrangé, un procureur écossais en partance pour Avignon, et un jeune serf engagé comme archer pour acheter sa liberté. Les rumeurs quant à une meurtrière pestilence au-devant de laquelle ils courraient, vont bientôt laisser la place à une terrible réalité.
Que voilà un étrange et déconcertant ouvrage. L’érudition et la prouesse linguistique – chapeau bas, au passage, pour le traducteur David Faukemberg - y parfont à la perfection l’illusion d’un véritable roman du Moyen-Age. Au travers des trois personnages principaux issus de la noblesse, de la bourgeoisie et du peuple paysan, tournures, croyances et façons de penser se font le reflet de la diversité de langues et de statuts qui se côtoient dans l’Angleterre de cette époque. Langues savantes mêlées de latin et de français, mais aussi langues vernaculaires, s’y relaient avec une aisance confondante pour mieux donner un aperçu de la variété culturelle médiévale, telle qu’on la retrouve au travers de sa littérature.
Mais des livres à la réalité, il y a loin. De la légendaire chanson de geste aux sordides réalités coupables vécues après Crécy par la compagnie d’archers de Will, de l’amour courtois de l’allégorique Roman de la Rose qui sert de référence à la gente Bernadine à l’universelle aliénation de la femme dans toutes les couches de la société féodale, c’est finalement un voyage purement initiatique qui attend les protagonistes de cette histoire. Loin des « semblances » héroïques, religieuses ou amoureuses, chacun va apprendre le vrai prix de la vie et de la liberté, de l’amour et de la culpabilité. Et puis, alors que l’épidémie de peste paraît souvent une punition divine et déclenche des violences antisémites, elle contribue aussi à rebattre un tant soit peu les cartes sociales, quand nobles et gueux se retrouvent à égalité face à l’arbitraire de la maladie et de la mort, et lorsque campagnes abandonnées et manque de bras mettent à mal la pratique du servage.
Finalement, ce n’est pas tant la langue, à laquelle on s’accoutume sans mal et avec un certain plaisir, qui rend si délicat l’accès à ce livre. C’est plutôt sa tournure d’esprit « médiévale », étrangement proche et étrangère à la fois, qui s’avère franchement déroutante. Comme lorsqu’il nous invite à l’une de ces représentations théâtrales de l’époque, qui rassemblaient alors toute la société, mais qui nous semblent aujourd’hui relativement hermétiques. Aussi, si la prouesse littéraire et historique impressionne, l’on risque d’y ressentir à la longue un détachement de plus en plus prononcé à l’égard de personnages par trop inaccessibles.
Il faut découvrir ce livre à nul autre pareil, conte médiéval en même temps que roman historique, exploit linguistique témoignant d’une grande érudition. Mais, à n’en pas douter, goûter ne voudra pas forcément dire aimer pour tous ses lecteurs.
Trois personnages voyagent dans l'Angleterre du Moyen-Age. Une jeune femme noble, un serf et un procureur vont se joindre à une troupe d'archers sur la route de Calais. A travers leurs aventures, ils vont rencontrer l'amour et ses affres, la violence et la mort car la peste rôde sur la route.
Si j'ai eu un peu de mal avec le langage, le style que j'ai trouvé parfois difficile d'accès, il existe une puissance et une densité dans ce récit, dans la description des personnages. C'est de temps en temps drôle surtout tragique. L'amour prend des détours insoupçonnés entre impostures et réalité. C'est aussi une peinture de l'Angleterre de cette époque, de sa société, de la religion essentielle pour accéder à une vie éternelle.
Un livre d'un érudit et d'un conteur.
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