Un des meilleurs romans à faire partager, lire et relire pour prendre en compte de toute l’importance des personnages attachants à la recherche des racines du passé. Plusieurs histoires s’imbriquent et forment un tout. Une seconde vie est l'histoire, quasi psychanalytique, de la recherche d'un...
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Un des meilleurs romans à faire partager, lire et relire pour prendre en compte de toute l’importance des personnages attachants à la recherche des racines du passé. Plusieurs histoires s’imbriquent et forment un tout. Une seconde vie est l'histoire, quasi psychanalytique, de la recherche d'un double passé enfoui: passé d'un homme et passé d'un pays. L'accident à la suite duquel il a connu un instant la mort est pour le héros comme un électrochoc: les souvenirs de l'amour de ses parents adoptifs ne lui suffisent plus, ni la tendresse impuissante de sa femme, à qui il n'a jamais dit qu'il était un enfant adopté, et à laquelle il sait qu'il ne parviendra pas à le dire tant que lui-même n'aura pas appris la vérité sur sa naissance. Sean assiste, comme en spectateur, à la faillite de son mariage: sa seule chance de le sauver, c'est de parler à sa femme, et pour lui parler, il faut qu'il sache. Une seconde vie, on le suppose, a été pour Dermot Bolger un moyen d'exorciser ses fantômes, qui sont sans doute ceux de tous les Irlandais fouillant les secrets de leur pays, et espérant qu'il ait réellement changé. Splendide mélodrame comme on n'en fait plus, Une seconde vie, nouvelle version, est un kaléidoscope délibérément tamisé, jamais clinquant, toujours discret, où s'entrechoquent les mémoires tronquées de deux êtres endoloris : Lizzy, fille-mère condamnée à abandonner son fils aux religieuses dans l'Irlande puritaine des années 1950, et Sean, le fils qu'elle n'a pu voir grandir, devenu photographe et père de deux enfants. Il s'agit moins d'un récit croisé que d'une plongée dans l'inconscient de deux êtres qui n'auraient jamais dû être séparés, et qu'une multitude d'intersignes continue de lier à leur insu. Grand funambule de l'abandon, Dermot Bolger marche sur les fils invisibles qui les rattachent, disséminant avec pudeur et simplicité les coïncidences secrètes qui unissent la mère et son enfant à travers le temps : des accidents de voiture, des photos où disparaissent les personnages... Lancé sur les traces de sa génitrice, Sean se détache des siens, se perd pour mieux se retrouver. Son éparpillement forme une brume cotonneuse que Delmot Bolger dissipe en force, toujours plus sûr et prévenant.