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L'inventaire sentimental d'une maison de famille (Du bon usage du confinement) « Nous ne regardons jamais assez, jamais assez passionnément », disait Colette. À la faveur du confinement, Michel Testut a poussé son admiration pour l'auteure de « La Maison de Claudine » jusqu'à relever le défi. Avec pour cadre sa maison ancestrale, ça donne le livre que voici. Une célébration de l'esprit et de la magie des lieux et une dissertation sur « la poétique de l'espace » chère à Gaston Bachelard. On peut aussi y voir un guide pratique pour apprendre à regarder notre cadre de vie dans la perception la plus quotidienne de sa présence et de sa prégnance. On pense à « Voyage autour de ma chambre » de Xavier de Maistre. En somme, un éloge de la curiosité bien intentionnée pour réapprendre à voir toutes ces choses familières, tous ces objets modestes et banals que nous ne voyons plus, et se surprendre à y faire mille découvertes. À la fois état des lieux mémoriel, travail de fouilles, exercice d'archéologie domestique et de réappropriation, ce récit (cet essai) tout en intimité et en sensualité, a même le pouvoir de remonter le temps jusqu'au Second Empire.
Au printemps 2020, l’auteur, Michel Testut, 78 ans, se retrouve confiné chez lui, dans sa maison de famille de Dordogne à cause d’un très dangereux virus prénommé Corona dont on dit qu’il rôde à travers villes et campagnes mettant en danger de mort toute l’humanité. Seul chez lui, Michel se demande comment employer ses journées. Appeler ses amis au téléphone ? Ecouter la radio ? Regarder la télé ? Ranger ses nombreuses bibliothèques ? Tout cela l’ennuie un peu. Vider toutes les bonnes bouteilles de sa cave ? Sans amis pour trinquer avec lui, il craint d’avoir le vin triste. Il opte pour relire Colette et en particulier « La maison de Claudine ». Et pourquoi ne pas s’intéresser à la sienne ? C’est une très vieille maison de famille, construite sous le Second Empire par ses ancêtres, qui a vu défiler pas moins de six générations qui toutes ont laissé « des réserves d’amour, de joie et d’espoir dans tous les placards. »
« Une maison de famille » se présente comme un récit personnel, un « inventaire sentimental » et un témoignage de gratitude à l’égard d’un bâtiment, d’une demeure ancestrale, une maison de maître avec un joli parc et quelques hectares de terres attenantes dont l’auteur hérita dans sa jeunesse, où il vécut avec son épouse, éleva ses enfants, tout comme le firent ses parents, ses grands-parents et toute sa lignée, même si beaucoup n’en usèrent que comme résidence secondaire bien agréable pour les vacances, mais nettement plus inconfortable en hiver vu son manque de chauffage et même d’eau courante installée seulement dans les années 60 de l’autre siècle. La maison sert de prétexte à évoquer toutes sortes de souvenirs d’enfance ou de vie au fil de la description de toutes les parties de la demeure et même du domaine. Tout y passe. Le vestibule, le salon, la salle à manger, la cuisine, les trois chambres et même le grenier, la cave, la grange, le parc et les « cabinets ». Tout est tellement chargé de souvenirs et d’émotions. L’écriture de Testut est précise et agréable à lire. Ses observations sont fines, intelligentes et souvent touchantes. Elles sont même pleines d’une certaine nostalgie qui rappellera aux anciens des époques depuis longtemps disparues, celles où l’on semait, binait et récoltait sans machine et où on allait en calèche de la station de chemin de fer à ce charmant domaine de Mareynou, perché sur sa colline. À conseiller.
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