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Lorsqu'Antoine la rencontre et qu'ils tombent amoureux, c'est comme si le désir venait combler tous les manques. La vie prend les couleurs d'un bonheur simple, c'est le temps d'une ivresse nouvelle et, un moment, chacun pense avoir échappé à ses secrets d'enfance.
Mais bientôt, une tension sourde apparaît, un trouble qui remonte loin dans leurs histoires et qui s'installe. Jusqu'à ce que quelque chose entre eux se fissure et éclate. Et s'il y avait une ligne à ne pas franchir?
Dans ce roman saisissant, Marie Simon fait le récit d'une implosion. Elle écrit la façon dont l'histoire individuelle façonne les êtres, jusqu'à parfois tout contaminer : les bonheurs intimes, la vie psychologique et la façon d'aimer.
D’un côté, Antoine, l’enfant méprisé, négligé, au nom d’une éducation revendiquée, sans amour, sans la moindre trace d’une affection, déléguée après quelques années à un pensionnat. Parcours d’autant plus dramatique qu’un traumatisme majeur sera gardé sous silence. Alors, sans illusion d’une quelconque reconnaissance de son père, l’enfant puis le jeune adulte s’en sortent plutôt bien, si l’on exclut les additions multiples.
Pour Elle, ce sont les violences physiques qui feront le lit d’une personnalité fragile, en perpétuel combat avec les troubles alimentaires.
Est-ce la fatalité ou l’attirance mutuelle liée au fait que les victimes se reconnaissent sur les éléments d’un langage non verbal ?
De ces deux enfances martyrisées, quel projet commun peut-on espérer ? Comment unir ces silences, d’un passé maudit et tu, et comment échapper à ce modèle éducatif ? Comment ne pas revivre et ne pas reproduire pour soi-même ou pour ses enfants les erreurs passées ?
C’est avec une grande empathie pour ses personnages que l’auteur restitue leur histoire, séparément puis ensemble et malgré tout ils sauront en faire une histoire d’amour, au moins pour une période qui est celle de la passion et avant que les démons ne s’emparent à nouveau de leur vie.
Certes le texte est sombre, mais n’ôte pas tout espoir de reconstruction. Et le charme de l’écriture, concise, et persuasive en fait un bon roman de ce début d’année.
1976. Antoine a 8 ans, un père exigeant, brutal et colérique.
Il sort acheter des cigarettes et revient meurtri par une sombre rencontre.
1988. Elle a sept ans, des parents maltraitants, des grand-parents maltraitants.
Elle s'enfonce dans le silence comme dans un abri.
Des années plus tard, leurs enfances douloureuses derrière eux, comme des cicatrices, Antoine et Elle se rencontrent.
Pourront-ils surmonter les souvenirs qu'ils n'ont jamais affrontés ? La violence fera-t-elle inévitablement partie de leurs vies ?
Une gifle, c'est l'histoire de deux enfants blessés, de leurs efforts pour se construire tout de même, tenter d'aller au-delà de leurs traumatismes, surtout ne pas reproduire, ne pas laisser faire.
Les récits sont alternés, passant de la première personne pour Antoine, à la troisième personne pour Elle, en revenant à la première personne pour Mio, le fils de cette dernière.
Marie Simon explore adroitement ce sujet sensible qu'est la violence faite aux enfants.
Les personnages sont touchants et l'empathie est immédiate.
Une Gifle est l’autopsie de la violence et de ses séquelles, pratiquée par une Marie Simon à la plume aussi incisive qu’un scalpel.
Où commence la violence ?
Dans le premier geste, la première gifle, le premier bleu que l’on cache.
Mais aussi dans le premier mot, la première injure, le premier cri. Le premier silence, aussi, parfois.
Qu’elle soit geste ou parole, le résultat est le même : une blessure.
Durable. Palpable.
Indélébile.
Quand elle se renouvelle, s’immisce dans le quotidien, fait partie intégrante de la (dé)construction de la victime, qu’est-ce que celle-ci peut bien en faire, une fois adulte ?
Antoine grandit noyé dans une violence psychologique qui le balade de silences assourdissants en insultes venimeuses.
Il se veut différent, forcément meilleur.
Elle, elle pousse dans la violence physique. Arrosée de coups, nourrie de meurtrissures.
Elle ne veut plus de ça, jamais, pour personne.
Les premiers moments de leur vie d’adulte seront brouillons, brouillés, imparfaits mais révélateurs.
Quand survient la rencontre de ces deux survivants c’est comme une évidence.
Ils ne se disent pas mais se savent identiques dans le souvenir de la douleur.
Ensemble ils se sentent enfin entiers. Reconnus. Aimés.
Antoine et son fils, Oscar, elle et son fils, Mio.
Ils sont quatre, dans ce foyer que chacun espère carré, et qui, pourtant, ne tourne pas tout à fait rond.
Parce que la violence laisse des traces. Que l’on suit, ou que l’on rejette, jour après jour.
C’est une question de volonté, diront certains.
C’est une question de fatalité, répondront d’autres.
Finalement, qu’en sera-t-il ?
Il nous donne sa version.
Elle nous donne la sienne.
Et Mio aussi tentera de mettre des mots sur tout ça.
Sur ce qu’il comprend et sur ce qu’il ressent. Sur ce qu’il voudrait. Pour lui. Pour sa mère. Surtout pour sa mère.
Une Gifle est un roman qui prend à la gorge. Qui bouscule et qui dérange, parce que vrai.
Colère et chagrin se disputent le lecteur, tout du long.
Une Gifle est une histoire qui prend aux tripes. Qui révulse et qui fascine, parce que réelle.
Empathie et rage agrippent le spectateur, jusqu’à la dernière page.
Un roman à découvrir, absolument et urgemment !
L'avis de Claudia
Un roman qui se lit d'une traite, le souffle retenu...
J’ai été complètement happée par cette histoire contemporaine et très actuelle sur les violences familiales et leurs répercussions à l'âge adulte.
Deux portraits sont dressés avec beaucoup de discernement et avec une acuité implacable.
Certains passages m'ont estomaqués par tant de beauté, de sentiments et de vérités dites.
"Les enfants ne devraient jamais avoir à se protéger eux-mêmes, ni à attendre qu'on les secoure. Sinon, elle le sait bien, ils finissent toujours par s'agripper à n'importe qui, n'importe quoi. Ou ils se laissent glisser. Elle a lâché ce qu'elle tenait, elle glisse dans un tunnel tout noir." p.194
C'est un plongeon émotionnel où les sensations sont décuplées à travers les personnages, Antoine et Cloé, qui sont au bord de l'implosion.
C'est l'histoire de deux êtres à l'enfance malmenée, maltraités, humiliés, par les agissements et la violence des adultes.
"Elle vomit, chaque repas, chaque injustice, chaque contrariété. Elle vomit deux à cinq fois par jour depuis quelques années déjà. Elle se déteste, mais de quoi ? Elle se dit que les gens ne savent pas, qu'ils ne sauront rien si elle ne dit rien.
Qu'il faut tout abandonner derrière elle, repartir de zéro, de récréer sans rien dire. Pas besoin de parler, les terreurs sont assez éreintantes, et les croyances tenaces. Mais elle a tort : ils savent, ils peuvent sentir, repérer celle qui sait pas où elle est, celle qui tient le silence." p.77
C'est un livre sur les conséquences terribles à l'âge adulte de personnes ayant subi des blessures dans leur enfance.
Comment se reconstruire ?
Comment aimer après des traumatismes ?
Que faire lorsque la violence refait surface ?
Quand l'amour nous abime…
"Elle a laissé quelqu'un lever la main sur son fils sans le quitter tout de suite. Cela n'arrivera plus jamais. Elle est partie. Et maintenant, les souvenirs vont affluer, qui vont lui dire le silence est tombé, le secret est ouvert, et qu'il est temps de purger la peur, parce qu'elle n'a rien évité. Maintenant, s'en libérer ou rien." p.203
Est-on obligé de reproduire son enfance ?
↜↝↜↝↜
Une lecture qui permet de réfléchir sur ces violences au sein du cercle familial.
C'est aussi la parole des enfants mais aussi des adultes, ce qui en fait un ouvrage percutant.
Il n'est jamais moralisateur ni voyeur.
↜↝↜↝↜
Mais ne vous y trompez pas !
Ce n'est pas seulement un roman sur les violences, c'est aussi un très, très beau texte sur L'AMOUR.
Est-ce que l'amour suffit à tout réparer ?!
Je vous laisse évidement le découvrir en lisant ce roman très réussi.
https://leslecturesdeclaudia.blogspot.com/2021/01/une-gifle.html
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