Le village berbère, Ouled Mimoun, situé à une trentaine de kilomètres de Tlemcen en Algérie et dont l'histoire est ici évoquée, a été modelé, plus que beaucoup d'autres, par l'emprise coloniale : il s'est longtemps appelé Lamoricière.
Il était installé sur un site romain, l'antique Altava occupé par les Romains au IIIe siècle, auxquels avait succédé un royaume berbéro-romain où s'implanta le christianisme au VIe siècle. La conquête arabe au siècle suivant et l'installation d'un royaume de Tlemcen entraînèrent de longues luttes entre les tribus jusqu'à la domination des Béni Amer, qui reconnaîtront en 1832, parmi les premiers, Abd-el-Kader comme sultan d'Alger.
Des voyageurs français envoyés sur place à partir de 1835, en vue de la colonisation, décrivent la beauté du paysage, l'opulence d'un territoire planté de forêts et labouré. À l'évocation historique de Ouled Mimoun se substitue l'histoire de l'arrivée des premiers colons français, après le repli d'Abd-el-Kader et les horreurs subies dans tout le pays par les populations. Les Français installent l'administration coloniale et sélectionnent ouvriers et paysans, mais pas seulement, puisqu'un prêtre, un clerc de notaire, un tenancier, un militaire candidatent de Gironde. Les 42 premiers colons prennent possession de leurs lots en 1859, par vagues les suivront d'autres colons qui donneront une autre histoire à Lamoricière. C'est cette installation des colons qui est relatée ici, appuyée sur de rares documents ou notes qui subsistent encore dans les familles revenues en France après la guerre d'Indépendance de l'Algérie.
L'un des effets du présent texte pourrait être de montrer que les hommes n'ont pas attendu la colonisation pour « entrer dans l'Histoire ». Il pourrait également susciter chez quelques lecteurs le souvenir de récits analogues, mais différents, voire contradictoires, et qui viendraient le corriger et le compléter.
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