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Anne Flottes examine la centralité politique du travail à partir « d'exemples concrets de résurgences contemporaines » des utopies de 1848 : de l'histoire occultée des expériences associationnistes de Pauline Roland ou Jeanne Derouin, elle nous amène aux milliers de coopératives, aux dizaines de zones à défendre qui nous entourent ou encore aux espoirs de la Commune de Rojava. Ces « tentatives » de subversion veulent « faire vivre des modalités de travail et de citoyenneté égalitaires, solidaires et respectueuses de l'altérité ». Ce « réel de l'utopie », selon la belle expression de Michèle Riot Sarcey, n'est pas issu d'une construction morale surplombante, mais de transformations ponctuelles mais réelles, des rapports de production des services ou des biens. Marx affirmait que « comme le travail esclave, comme le travail serf, le travail salarié n'était qu'une forme transitoire et inférieure, destinée à disparaitre devant le travail associé exécuté avec entrain, dans la joie et le bon vouloir ». Le combat auquel ce livre nous engage serait de « sortir du silence (...) concernant l'expropriation (publique ou privée, peu importe) des travailleurs de leurs moyens de production, leur exclusion de la décision sur la répartition de l'activité et des bénéfices, les modalités possibles de débats citoyens (...) bref (de sortir) du silence sur les dimensions politiques du travail ». Anne Flottes nous emmène donc visiter « des expériences locales et discrète ... des bricolages ancrés dans des activités de production et de vie quotidienne partagées (...) recherchant des compromis soutenables pour tous et dans le temps, mais tolérants au cafouillage, à la perte de temps, aux conflits, à la frugalité et à la fragilité ». Laisser les aspirants milliardaires hégémoniques à leur malheur et décider de vivre autrement, tout de suite. « Pour lancer et faire vivre des tentatives de société plus respectueuses des humains et du monde, c'est aujourd'hui comme en 1848, sur les oubliés, les vulnérables, les méprisés qu'il faut compter, non pas (...) par idéologie, charité voire culpabilité, ou parce qu'ils seraient meilleurs que les autres, mais parce que plus que d'autres, ils connaissent la violence du pouvoir et de la concurrence, et le besoin de solidarité ». « Le privé est politique », nous le savions, ce livre nous rappelle que le travail aussi et qu'ils sont consubstantiels.
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