"Tout cela n'a rien voir avec moi" est le dernier roman de Monica Sabolo qui traite de la relation amoureuse. Un roman bien accueilli par la critique. Rencontre.
Tout cela n'a rien à voir avec moi décortique un chagrin d'amour, selon une méthode relevant de la fantaisie, de la poésie et de la science.
Il se présente comme un traité académique, dont l'auteur serait à la fois le sujet et l'objet (dispositif qui révèle ses limites, ne nous le cachons pas). Alternant observations cliniques et textes lyriques, photos et correspondance, ce roman est à la fois une enquête de police (les objets du quotidien sont présentés comme de pièces à conviction) et une fiction, drôle, folle, déchirante.
C'est aussi le témoignage d'une obsession, le récit d'un gouffre qui se dévoile. Doucement une réalité archaïque affleure, et l'auteur glisse, comme malgré elle, vers une autre blessure pour remonter doucement vers les racines du mal. Que nous transmettent nos parents ? Leurs chagrins s'impriment-ils dans nos cellules comme une mémoire fatale ? Sommes-nous voués à revivre, encore et encore, des émotions encodées dans une région fossile de notre cerveau ?
Un texte aussi gracieux que bouleversant qui inaugure peut-être un nouveau genre romanesque.
"Tout cela n'a rien voir avec moi" est le dernier roman de Monica Sabolo qui traite de la relation amoureuse. Un roman bien accueilli par la critique. Rencontre.
J'ai choisi "Tout cela n'a rien à voir avec moi" un peu par hasard, attirée en premier lieu par le titre et la couverture d'un rouge vif, puis par le résumé.
En le débutant je m'attendais, naïvement je l'avoue, à une énième histoire d'amour qui tourne mal. Et bien c'était une erreur car ce livre n'a rien d'une romance fleur-bleue classique, il est plutôt du genre inclassable.
La première partie, intitulée « de l'aveuglement », relate les débuts de la relation entre MS et XX. Ils travaillent dans la même entreprise, leurs bureaux se faisant face au sein de l'open space, et, bien qu'apparemment très différents l'un de l'autre, leur lien déborde bien vite du cadre professionnel.
Le fond est donc assez simple mais la forme se révèle déconcertante: le style tient tout à la fois du journal intime, de l'enquête policière et de l'étude de cas scientifique. L'auteure, qui s'exprime un peu comme le ferait une voix off dans un reportage, nous prend à témoin en nous exposant diverses preuves, écrites ( retranscription de sms, de notes ou de lettres ) ou matérielles ( objets hétéroclites ), de l'histoire qui se noue entre les protagonistes.
S'il n'y avait pas eu de petits traits d'humour pour égayer l'ensemble je me serais prodigieusement ennuyée.
On comprend peu à peu, entre les lignes, que la relation entre MS et XX est bancale dés le départ et qu'il y a peu de chances pour qu'il en ressorte quelque chose de bon. Alors qu'elle ( MS ) est dans la demande, l'action, la verbalisation, lui ( XX) est dans l'immobilisme, l'attente, le silence.
Je me suis d'ailleurs demandé s'il était vraiment question d'amour entre eux; là où l'une est en manque de tout l'autre paraît juste saisir l'occasion. Il n'est nullement question ici de coup de foudre ou de passion.
La deuxième partie, intitulée « Des antécédents », adopte finalement le style du roman. On y découvre les origines troubles de MS, dont le prénom est en fait Monica, fille illégitime d'une mère émotionnellement instable tombée sous le charme d'un séducteur de bas étage qui l'a abandonnée sitôt sa grossesse connue. On apprend ses premières expériences amoureuses, déjà déséquilibrées, et on devine la construction de son difficile rapport aux hommes, confortée par sa fugace rencontre avec son géniteur ( qui ne sait décidément pas rester ).
C'est ici que prend naissance la véritable problématique du livre: quel impact a notre histoire personnelle sur notre relation aux autres et les choix amoureux que nous faisons?
La troisième et dernière partie, intitulée « de l'effondrement », est, au niveau du style, un mélange des deux précédentes. Elle démontre en filigrane, par l'exploration de la personnalité d'Ambra ( la mère de MS ) et du couple qu'elle forme avec son nouveau conjoint, comment et à quel point l'exemple des parents, leur propre rapport à l'amour, imprègne et définit inconsciemment le futur comportement amoureux des enfants et peut être destructeur.
On y lit les derniers échanges entre Monica et XX, signes de son mal-être, de son manque de considération pour elle-même et de son incapacité à reconnaître combien la relation à laquelle elle s'accroche est vide de sens, préférant ainsi la médiocrité à la solitude. On découvre aussi l'abandon de sa mère, le lien ambigu et malsain qui en a découlé avec son beau-père et les traces que ces blessures ont laissées comme autant de failles dans les fondations de son être.
Les pièces s'emboîtent et le puzzle prend forme. On comprend que ce livre n'a finalement pas grand chose à voir avec la romance mais plutôt avec le manque d'amour, constitutif du rapport aux autres ( dont la relation amoureuse n'est qu'une des possibilités ), de reconnaissance et, de façon générale, l'absence.
Je suis ressortie de cette lecture mitigée: la forme du livre m'a vraiment déstabilisée et je n'y ai pas vraiment adhéré. J'ai du coup eu du mal à m'attacher, ou en tous cas à m'identifier, aux personnages et plus particulièrement à Monica. Ce n'est qu'à partir de la deuxième partie du roman que j'ai commencé à mieux la comprendre et, finalement, à la plaindre.
En dehors de ça je trouve le questionnement soulevé par l'auteure très intéressant et habilement amené, ça fait clairement réfléchir ( surtout quand on est soi-même parent )! ça laisse même un petit sentiment de malaise…
Tout cela n'a rien à voir avec moi est un drôle (parce qu'étonnant et plein d'humour) de petit livre qui commence presque comme un essai, un document quasiment ethnographique voir sociologique et se transforme en un livre de collage qui alterne lettres facétieuses, SMS parfois insistants, photos,croquis...) dans lequel l'auteur nous fait partager tous les fragments de vie d'une relation amoureuse qu'elle a collectée. Pourtant, c'est bien d'un roman dont il s'agit ici, un roman résolument moderne sur l'amour et le chagrin qui lui est parfois (trop souvent ?) lié.
M.S. tombe amoureuse d'un collègue avec laquelle une histoire singulière se noue, une histoire d'amour qui en fait ne commencera pas vraiment, mais qui, lorsqu'elle prendra, fin provoquera un véritable chagrin d'amour chez l'héroïne. Tout ce n'a rien à voir avec moi est la radioscopie d'un amour qui meurt avant même de naître et des dégâts qu'il va causer chez celle qui ne rêvait que d'une chose : le vivre, pleinement.
Un petit bijou qui fait vibrer, vivre, ressentir. Voilà ce qui qualifierait le mieux, ce roman. Impossible en effet de ne pas rire à la lecture de certaines phrases savoureuses, impossible de ne pas s'identifier à la souffrance de l'héroïne, parce que ce chagrin d'amour, l'odeur entêtante de celui ou celle qui est parti, ces petits grigris qu'on lui avait chipés pour faire souvenir, nous l'avons tous expérimenté, vécus, aussi douloureusement que M.S.
Tout cela n'a rien à voir avec moi, est un roman qui interroge sur ces amours qui sont parfois vécus sans être partagés, sur la quasi-perte d'identité de lucidité lorsque plus que de l'amour l'on ressent de manière fulgurante la passion. Il interroge aussi sur le chagrin d'amour, dont on peut être parfois être le fruit et qui marque silencieusement de son empreinte, comme pour mieux refaire jouer sur nous cette douloureuse partition.
Le roman de Monica Sabolo est une petite pépite aussi émouvante que pétillante servie par une très jolie plume pleine de facéties. Un roman qui surprend parce qu'on ne l'attendait pas ... Un roman qui réinvente et propose la fantaisie comme remède au chagrin d'amour...
> Or donc, c'est sans déplaisir que j'ai lu "Tout cela n'a rien à voir avec moi". Écriture plaisante, fluide, parfois quelques petits traits d'humour, rien qui devrait gâter la lecture, sur un sujet classique: le dépit amoureux... mais voilà je ne suis pas vraiment parvenu à entrer dans la magie de l'histoire et plonger dans son monde... en cause, les coupures imposées par les photos, (de mauvaises qualités, c'est peut-être volontaire...) comme des pièces à conviction sur le bureau du commissaire, introduites au milieu du texte... les SMS qui là aussi, viennent interférer... déjà que l'on a du mal à échapper à ceux de son propre téléphone, mais on peut le couper, tandis que là, on n'y coupe pas. Sans doute un parti-pris de vouloir faire moderne.
> Je sens qu'il y a une écriture, une émotion, des choses à dire, un ressenti que l'on souhaite faire partager... cela aboutira peut-être dans un autre ouvrage, je l'attends, je le lirai, je retiens le nom de l'auteur : Monica Sabolo.
Avec ce roman, vous allez découvrir une nouvelle façon d'écrire qui mêle à la fois du récit classique, de la retranscription de SMS mais aussi des photos. C'est une nouvelle manière d'écrire qui paraît surprenante au premier abord et à laquelle il est vrai, il faut s'habituer et s'accrocher si l'on veut aller au moins jusqu'à la fin de la première partie. Mais cette approche permet au lecteur de tournoyer autour du personnage principal en se sentant à la fois proche de lui au travers des passages relatés sous forme de mail ou de SMS et en même temps en lui permettant de prendre de la distance au travers des passages rédigés de manière plus classique avec le point de vue semble-t-il d'un scientifique/ anthropologue ; chaque style étant rédigé indépendemment avec brio. Le tout donne au début un sentiment mitigé sur l'histoire : on ne sait pas vraiment à la fin de la première partie si l'histoire vaut le coup d'être lue jusqu'au bout, où l'auteur veut emmener le lecteur, s'il y a autre chose à découvrir dans les autres parties. Et puis finalement oui. La deuxième partie est rédigée dans le style plus classique et habituel d'un roman. On y découvre un nouveau personnage sans vraiment encore soupçonner son lien avec le personnage principal de la première partie. Le style est assez direct, pas de fioritures, pas de longues descriptions. L'écrivain se cantonne à l'essentiel mais cela suffit. On rentre dans le coeur de l'histoire et le coeur des personnages. Et puis arrive la troisième partie où dès le début on comprend que le personnage découvert dans la deuxième partie est la mère du personnage principal de la partie 1. Et alors là tout s'imbrique et on s'attache au personnage : le personnage principal de la partie 1 à désormais un prénom et non plus des initiales, on comprend pourquoi ces relations avec les hommes sont si difficiles en découvrant l'histoire de sa vie et le récit s'arrête d'un seul coup sur une fin qui laisse comme une certaine gêne chez le lecteur, les faits n'étant pas dits directement. Voilà. Et pour ajouter un peu plus de trouble encore dans l'esprit du lecteur,la mise en page des textes et photos en noir et blanc pas très nettes donne l'impression que le tout a été rédigé dans le cadre d'une enquête policière pour comprendre quelque chose mais quoi ? Le personnage principal est-il mort, s'est-il suicidé et ce récit relate les différents éléments rassemblés pour l'enquête ? Ou bien n'est-ce qu'une mise en scène ? Chaque lecteur devra se faire son propre avis et laisser son imaginaire le guider. A chacun de choisir sa fin selon son ressenti. En tout cas, c'est une lecture assez particulière que je n'avais encore jamais rencontré
Le roman se délimite en trois parties : de l’aveuglement ; des antécédents ; de l’effondrement. Dès cette première partie, je me suis demandé «à quoi peut se raccrocher le lecteur ?». Car en effet, les paragraphes traitent de choses nouvelles sous des formes différentes, bien que la ligne directrice semble être la rencontre et l’évolution du lien qu’elle entretient avec XX. Est-ce une volonté de perdre le lecteur ainsi afin de garder l’équilibre avec des faits basiques ?
Puis il est question du passé du personnage-auteure : de sa naissance, de son premier baiser, de la vie de ses parents ; se dresse alors à un tableau assez dur, et on se soumet parfois à la compassion après certains faits relatés bien que la présence d’une certaine note d’humour fasse dédramatiser les choses. J’ai alors plus apprécié cette expérience de lecture, plus familière, bien que je ne supporte les habitudes. Je me suis dit alors que cette partie coïncidait avec certaines « paroles » ou actions émises par le personnage dans les paragraphes précédents, et permettait de les mettre en lumière.
Je pense que la notion d’intime est omniprésente : le lecteur se place tantôt comme confident fantôme, tantôt comme spectateur lambda, et même tantôt comme membre de la famille. Ainsi se détachent des paroles de Monica Sabolo, normalement envoyées à un ou peu de destinataires et qui finissent entre les 155 pages d’un livre, comportant des photos privées, une sorte de besoin de partage de l’auteure sur ces petits éléments de vie qui semblent lui tenir à cœur.
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Merci de cette belle présentation.
Amitiés
JM