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La littérature est une grande mer où nagent toutes sortes de poissons. J'y ai jeté mes filets. Et je continue de pêcher.
Écrite en 1940, publiée par Seghers en 1947, l'autobiographie du grand poète noir américain Langston Hughes est à redécouvrir, en même temps que son auteur, un écrivain majeur et méconnu en France.
Langston Hughes (1901-1967) est un auteur majeur du xxe siècle : premier poète africain-américain à introduire le blues puis le jazz dans la poésie, il a considérablement influencé le développement de la culture dans le Nouveau Monde. Dans son autobiographie, écrite en 1940, et traduite en France aux éditions Seghers dès 1947, il raconte sa jeunesse aventureuse et la naissance de sa vocation d'écrivain.
The Big Sea est un document exceptionnel sur une décennie d'une folle liberté, les Roaring Twenties, et son effervescence dans le domaine des arts, sur la lutte pour les droits civiques et le sort des intellectuels et des artistes noirs aux États-Unis au début du siècle dernier, sur le Harlem du jazz et la Renaissance noire , sur le Paris nocturne des cabarets de Montmartre...
Une oeuvre littéraire pleine de vie, de style, de drôlerie et de beauté, à redécouvrir aujourd'hui dans une traduction revue.
Je lis The Big Sea et j'ai tant de plaisir, vous ne pouvez pas imaginer ! Nina Simone Le livre à lire cette année. Newsweek
Le poète et romancier métis indien et noir américain, Langston Hughes, né à Joplin dans le Missouri, nous raconte son enfance et sa jeunesse dans les années 20 de façon pétillante malgré les lois Jim Crow issues des Black Codes imposant la ségrégation raciale aux US de 1877 à 1964.
Le père a fui ce racisme en allant à Cuba mais face à la révolution, la mère, professeure diplômée, divorce et avec son fils revient aux USA quand le père alla s’installer au Mexique où il invita Langston à le rejoindre après le lycée de Cleveland. La mère interdite d’enseigner à cause de la couleur de sa peau, ne trouve que des petits boulots pour survivre, mais transmet à son fils le gout de la lecture, de la musique et du théâtre. Le père cupide et avide de réussite est tout le contraire de son fils poète et rêveur. Néanmoins il lui paiera les études universitaires à l’Université Columbia que le jeune homme finira par quitter face au racisme de ses camarades et professeurs.
Il préférera les rues de Harlem où il cumulera des petits boulots jusqu’au jour, en 1923, où il décide d’embarquer comme équipier sur un cargo de marchandise, le S.S. Malone, sillonnant les côtes de l’Afrique occidentale pour charger du coprah, de l’acajou, et cargaisons de toutes denrées sur lesquelles faire bénéfice au retour en Amérique. Le voyage est remarquablement bien brossé.
Il restera travailler sur le cargo comme mess-boy et ainsi rejoindra les côtes européennes où il séjournera à Rotterdam puis ira à Paris où il trouvera des petits jobs très mal payés pour finalement devenir aide cuisinier au Grand Duc. Il y rencontrera de nombreuses célébrités telles Maurice Chevalier, Louis Aragon, Isadora Duncan ou encore Joséphine Baker qu’il avait croisée comme simple choriste à Harlem. Il se gorgera de jazz et en alimentera ses textes.
Il est plus ou moins connu et reconnu par des lettrés américains car il envoie très souvent ses poèmes à une revue littéraire « The crisis » qui le publie assez régulièrement.
Il rejoindra sa mère à Washington et deviendra assistant à l’’Association for the Study of African American Life and History’ mais la rue et l’action lui manquent. Il sera serveur dans un hôtel où il rencontrera le poète Vachel Lindsay qui l’aidera à publier son premier recueil.
Il participera activement à la « Renaissance noire » à une époque où Harlem était devenu à la mode avec ses clubs de jazz et son charleston dans le rayonnement de ‘Shuffle Along’.
Il rencontrera aussi une mécène blanche de Manhattan qui le sortira tout à fait de la misère et le fera devenir écrivain mais insatisfaite de ses écrits elle finira par lui couper les vivres. Langston continua ses études à Lincoln et surtout n’abandonnera jamais l’écriture.
« Malgré tout cela, j’avais pris la décision irrévocable de continuer à écrire, et de gagner ma vie avec ma plume. Jusque-là, cela n’avait pas été le cas. Jusqu’au moment où j’étais allé à Lincoln, j’avais toujours eu un emploi pour gagner ma vie : j’avais enseigné l’anglais à Mexico, j’avais travaillé chez les maraîchers de Staten Island, j’avais été matelot, portier, cuisinier, garçon de restaurant, secrétaire de l’Association pour l’étude de la vie et de l’histoire noires, sommelier au Wardman Park Hotel, à Washington.
Puis j’avais obtenu une bourse, quelques prix littéraires, eu un mécène. Mais maintenant, tout cela était fini. Il me fallait de nouveau gagner ma vie, et j’étais décidé à que ce soit en écrivant. J’y réussis. Bientôt, je vis mes poèmes se transformer en pain, ma prose en logement et en habillement. Je vis les mots se transformer en chansons, en pièce de théâtre, en scénarios, et en nouvelles.
La littérature est une grande mer où grouillent des poissons de toutes sortes. J’y ai jeté mes filets et retiré ma pêche.
Et je continue. » Langston HUGHES .
Un texte multiple très imagé à l’écriture authentique avec une présence proche et dynamique qui rend ce livre très attractif et dépaysant. Un bon moment de lecture.
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