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Il était posé là, dans le courant d'air glacial, le visage déjà couvert de flocons. Un bébé. Minuscule sous l'ampoule nue de cette chambre poussiéreuse. Je le voyais pleurer, ses cris se perdaient dans le vent. Je n'ai pas réfléchi : je l'ai pris dans mes bras et je me suis enfuie. Je m'appelle Percy. J'ai seize ans. Voici mon histoire.
Pas de père connu, une mère accro à la meth, échec scolaire, voila que se dessine le portrait de Percy, 16 ans, dans un bled paumé du Michigan. Pas de quoi se réjouir et pourtant, la môme est un sacré tempérament, raisonnable et courageuse (par la force des choses !).
Quand le destin lui met un bébé-fille de 6 mois dans les pattes, elle n'a pas peur, elle fonce, elle fonctionne à l'instinct : la mère du nourrisson, camée jusqu'à l'os, l'a oubliée dans une pièce ouverte aux courants d'air et sans biberon. Pas besoin de réfléchir : Percy doit sauver Jenna.
J'ai aimé cette gamine, cette énergie qu'elle déploie, parfois en serrant les dents, j'ai aimé ses liens forts avec Portis qui lui a servi un temps de beau-père. Et puis, étonnamment, j'ai aimé aussi le dealer local de meth, Shelton, pas si mauvais gars au fond mais complètement à l'envers, son attachement à son chien, son renoncement...
Un roman addictif qui sait manier l'humour, avec des éclairs lumineux de tendresse entre Portis et Percy, entre Percy et le bébé, qui parle des liens familiaux et de la résilience...
Une belle narration, simple et fluide, percutante pourtant même si j'émets deux bémols : des durs à cuire presque pas assez durs (quoique, parfois, moins trash, ça repose !) et des problèmes de syntaxe-grammaire-traduction (plusieurs fois j'ai lu des phrases où il manquait un mot ou une conjonction de coordination...bizarre, illisible, sans sens !)
Une chouette lecture !
En découvrant le résumé, je ne m'attendais pas à une telle histoire. J'ai été conquise par le talent de Travis Mulhauser.
Tout d'abord, l'objet livre : la couverture retient notre attention : une jeune fille de dos levant ses bras dans le froid. À la fois simple mais pleine de promesse. Ensuite, j'ai apprécié la police d'écriture et son format que j'ai trouvé agréable à lire.
L'histoire quant à elle, sans en dire trop, regorge d'éléments que j'affectionne dans les livres. En premier lieu, ces chapitres où tour à tour, nous suivons Percy, qui raconte son histoire à la première personne. Cela permet au lecteur de partager son aventure, d'en être proche. En parallèle, la version de Shelton. Racontée à la troisième personne, on s'éloigne de lui, mais au fur et à mesure de ses prises de conscience, j'ai trouvé le personnage entier, et j'ai eu de la sympathie pour lui... Me comprendront ceux qui le liront...
En second lieu, le livre regorge de thème que je trouve important de développer pour la littérature pour adolescent : le courage, la famille et les liens familiaux, le choix et la prise de décision, la confiance en soi. Ce livre regroupe le tout à des degrés différents. Le plus important restant le courage de Percy. Sa traversée dans le froid sera jonchée d'obstacles. Sa façon de faire face l'a rendu humaine, fragile, mais forte. Un vrai paradoxe.
Les différents liens qu'ils soient amicaux ou familiaux sont importants également : tout au long de l'histoire, Percy se questionne, trouve des réponses, prend des décisions qui impacteront ces relations. J'ai d'ailleurs apprécié le juste milieu qu'a trouvé l'auteur pour aborder la relation avec Carletta, la mère de Percy, sa sœur Starr. Il n'y avait ni exagération ni mélodrame.
Le huit clos est présent mais perd son sens face à cette impression d'immensité ramenant toujours aux grands espaces, à la neige, la forêt et le lac. Ils sont seuls, mais entouré d'une nature très hostile qu'ils devront affronter.
La lecture est simple, on ne veut pas lâcher le livre, car on est embarqué au côté de Percy, on aimerait lui tenir son sac, l'encourager. Et on veut connaitre le dénouement que l'auteur sait amener parfaitement dans une lecture pleine de sensations.
Sur le blog :
http://lecturedaydora.blogspot.fr/2016/08/sweetgirl-travis-mulhauser.html
Lorsque Percy apprend que sa mère Carletta James est repartie traîner autour de Shelton Potter, le gros dealer du coin, elle ne réfléchit pas et part la chercher. Ce n’est pas la première fois qu’elle court comme ça après sa mère. On ne peut pas dire qu’elle en ait vraiment l’habitude mais presque. C’est elle la « sweetgirl » du titre, la fille douce, celle que la vie a malmenée et qui continue à avancer, à lutter, pour les autres et pour elle aussi. Une éclaircie dans un ciel noir d’orage.
Une forte tempête de neige est annoncée. Dans ces terres du Michigan, l’hiver ne plaisante pas. Il ne s’agit pas de rester couché dehors : on risque d’y rester. Elle démarre son pick-up. La route est encore praticable mais ça ne va pas durer. Elle traverse des espaces rendus méconnaissables par la neige accumulée. A l’approche de la ferme, elle se gare, s’avance jusqu’à une fenêtre : ce qu’elle découvre la révulse. Shelton et une femme sont affalés lamentablement : des loques complètement droguées qui ne réagissent plus. A peine humains. Elle s’apprête à partir lorsqu’elle se décide à entrer pour trouver sa mère : la musique hurle et l’odeur est pestilentielle. Elle s’avance malgré tout dans les couloirs… Elle ne sera pas déçue du voyage…
Sweetgirl est un livre qu’on ne lâche pas : c’est une course contre la montre dans un espace de neige où le froid, intenable, pénètre les vêtements, coule dans les bottes, gèle les doigts. Il peut tuer … d’ennui aussi. Tous ces espaces blancs, ça n’est pas bon pour le moral. Finalement, c’est peut-être lui qu’on craint le plus. Une lutte de tous les instants.
Et puis il y a les autres, les paumés, les loosers, les vrais de vrais. Plus bêtes que méchants. Des pauvres gars qui souffrent et qui tuent, sans trop savoir pourquoi, par accident même parfois, parce que le coup est parti trop vite. Ils regrettent, c’est bête mais c’est fait. Tant pis.
Le personnage de Shelton, le dealer, est en cela caractéristique : dépendant au dernier degré de l’alcool, des méthamphétamines ou du protoxyde d’azote, il est dans l’incapacité absolue d’affronter le réel, d’avoir un minimum de suite dans les idées. Il peut passer un certain temps à chercher une télécommande avant de se dire qu’il suffit d’appuyer sur le bouton de l’appareil pour faire cesser la musique tonitruante qui résonne dans son cerveau. Il faut dire que « le meth » détruit, ronge, ravage le corps et l’esprit. Et vite. Appuyer sur la gâchette sans réfléchir et faire disparaître de la surface de la terre l’individu qui le dérange ne lui pose aucun souci. En revanche, il est écrasé de douleur à cause de la mort d’Old Bo, son chien. Heurtant un cerf en forêt, il est persuadé avoir tué une deuxième fois sa vieille bête et croit voir l’âme d’Old Bo dans les yeux vitreux de l’animal mourant.
Et quand un looser fait appel à d’autres loosers pour régler des problèmes, on s’enfonce alors dans une réalité à la fois absurde et sordide. Et on peut très vite atteindre le pire et toucher le fond. Des pauvres types qui sont autant à plaindre qu’à condamner : « Des fois, quand je suis heureux, ça paraît irréel. La seule chose qui paraît réelle, c’est la tristesse. » dira Shelton désabusé.
Trop lucide pour s’imaginer être un héros, trop souffrant pour espérer être heureux. « - Ça a dérapé, a-t-il dit. C’est parti en vrille. – Tu peux te rattraper. – Ça ne peut pas se rattraper. Déjà à la base, ça allait pas. »
N’a-t-on pas là la définition même de la tragédie ? Unité de temps, de lieu, d’action. On y est. C’est elle. Et quand on la reconnaît, on sait quelle sera la fin.
Travis Mulhauser signe ici un premier roman bien noir sur les laissés-pour-compte de l’Amérique, ceux qui ne s’en sortiront jamais, quoi qu’ils fassent. Des personnages que l’on n’oubliera pas. Touchant !
http://lireaulit.blogspot.fr/
Les éditions Autrement publient souvent des pépites de la littérature américaine, j'avais donc hâte de découvrir ce nouveau roman plébiscité par Ron Rash et Nickolas Butler !
Sweetgirl est le premier roman de Travis Mulhauser : voici le digne héritier de Daniel Woodrell avec son Winter's Bone. Nous sommes dans le Michigan, au milieu de nulle part, la neige est omniprésente dans ce paysage désolé et une jeune adolescente va devoir lutter pour sa survie et celle d'un bébé. En partant à la recherche de sa mère accro à la meth, Percy découvre un bébé entre la vie et la mort hurlant dans la maison du dealer local. Sans hésiter, elle emporte le bébé pour l'emmener afin de la sauver.
Mais lorsque sa voiture est prise dans la neige, Percy décide de demander de l'aide à l'ancien compagnon de sa mère afin de pouvoir atteindre au plus vite l'hôpital et ce malgré la tempête qui se prépare. Une tempête environnementale mais aussi au niveau des personnages car Shelton le dealer se réveille et compte bien retrouver l'enfant, laissant quelques cadavres sur son chemin et celui de ses sbires. La course contre la montre commence, le lecteur n'aura aucun moment de répit !
J'ai beaucoup aimé cette lecture qui contient tous les éléments que j'aime dans la littérature américaine : le coin paumé, les personnages torturés, la lutte pour la survie... J'ai trouvé Percy très attachante et surtout très courageuse : elle possède une grande maturité et une volonté farouche notamment dans son espoir partiel de voir sa mère s'en sortir de son addiction. J'ai aussi bien aimé Portis, son ex "beau-père" qui cherche à l'aider par tous les moyens.
Le style est très épuré, un peu simple mais j'aime lorsque les descriptions somptueuses se mêlent aux dialogues bruts, ici tout est très rude néanmoins je pense que cela correspond au fait qu'il s'agit d'une narration interne. Une belle traduction qui permet de bien appréhender l'ambiance du roman !
Cependant si vous êtes un adepte du genre, vous risquez forcément de comparer avec des livres déjà lus et dès lors quelques petites lacunes apparaissent sûrement dues au fait que c'est le premier roman de l'auteur. J'ai trouvé que les personnages n'étaient pas assez approfondis, la noirceur de l'histoire pas assez poussée, le méchant pas assez subtile ni vraiment mauvais dans le fond... J'aurais juste aimé que l'auteur tranche entre un roman de country noir ou un roman sur l'adolescence.
En définitive, une très bonne lecture qui me donne envie de découvrir les prochains romans de l'auteur !
Une tempête de neige fait rage dans le Michigan.
Percy une jeune fille de 16 ans y vit avec sa mère Carletta .Une vie bien particulière dans cette contrée peu hospitalière où la Meth et ses dealers foisonnent.Un fléau incurable qui sévit et détruit les familles .La méth ça te bouffe la cervelle te transforme en légume ou en bête sauvage . Carletta est accro à la meth ,les rôles s'inversent dans leur foyer, Percy se retrouve à veiller sur sa mère .
"Carletta avait la manie de nier certaines réalités pour embellir sa vie, ce qui était pour elle une façon de s'en sortir, mais surtout une autre sorte de mensonge . "
Et quand sa mère disparait,elle part à sa recherche et affronte la tempête .Sur son chemin,une découverte inacceptable va l'emmener dans une aventure de dingue,pourchassée par la pire espèce humaine .
"Il inspira, souffla. Il ferma les yeux et quand il fît feu,le coup ne fût pas un instrument de vengeance ou de rédemption, un acte de haine envers lui-même ou de martyre,mais seule la vérité crachée par un canon lisse ,lestée de chevrotine et de lucidité. "
La seule chose qui l'importe ,sauver Lenna ce magnifique Bébé naît au plus mauvais endroit du coin .
"Quand j'ai senti sa petite main qui m'agrippait, mon cœur s'est arrêté de battre "
À travers Percy, l'auteur Travis Mulhauser nous conte l' histoire bouleversante d'une jeune fille forte, courageuse, impétueuse.Une course-poursuite infernale dans un froid glacial,aidée par le seul homme qui fît partie de sa vie comme un père. Ensemble ils affronteront ces loups qui les poursuivent et tenteront ce sauvetage au péril de leur vie.Un roman âpre, au style épuré, sans fioriture et pourtant débordant d'émotions.Un conteur de talent. Un magnifique roman noir ,où l'amour et l'espoir illuminent cette noirceur .
"Maman m'aimait. Je le savais . Elle m'aimait comme Starr ne pourrait jamais m'aimer , mais il y avait longtemps , peut-être même depuis ce jour à sprink Lake, que son amour semblait mêlé d'une tristesse qui le rongeait. Son amour avait toujours été une souffrance et l'était encore. C'était à la fois le soleil qui m'avait porté et l'orbite sans fin autour de laquelle je tournais, craignant sa brûlure ».
Un premier roman impossible à quitter avant la dernière page et qui accompagnera vos pensées un long moment. Une belle découverte, un superbe moment de lecture, un joli coup de cœur pour cette nouvelle plume américaine.
À découvrir aussi Baby love de Joyce Maynard .
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