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Le centre vivant de toute l'oeuvre de Spinoza réside dans la relation radicalement iconoclaste qu'elle entretient avec « la » religion en vue de la destituer au profit de la Cause de la philosophie. On savait déjà combien Spinoza soumet la religion à l'autorité civile, mais l'originalité de cet essai est de montrer que seule la philosophie doit s'approprier le désir « du salut, de la béatitude et de la liberté ». En mettant en évidence quelle nécessité relie les premières Propositions de la deuxième partie de l'Éthique (sur l'unicité originaire de l'âme-corps) à celles des dernières de la cinquième partie (en particulier sur l'éternité de l'âme), l'essai montre que cette paradoxale ontologie morale qu'est l'Éthique tient à la reconnaissance de la valeur absolue de notre existence singulière corporelle. L'énigmatique cinquième partie requiert ainsi la saisie de l'oeuvre entière, de cette aventure philosophique que Spinoza vécut dès ses premiers démêlés ambivalents tant avec Descartes qu'avec la pensée médiévale juive.
Traduction par Edith Fuchs.
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