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Ce livre raconte une amitié et une conversation avec Philippe Lacoue-Labarthe à propos de l'art, de la politique, de la philosophie, de l'art du théâtre pour l'essentiel.
Dans la France de Mai 68, où régnait alors une immense effervescence intellectuelle, apparaît le « nouveau théâtre » avec des metteurs en scène qui ont entre vingt et trente ans dans les années soixante-dix, qui sortent pour la plupart de l'université et qui vont bouleverser le « théâtre d'art » :
Chéreau, Mnouchkine et le Théâtre du Soleil, Vincent Jourdheuil, Lavaudant, Savary et le Magic Circus, Vitez... Ces metteurs en scène interrogeaient la signification de la « volonté de l'art » du théâtre en France après la Seconde Guerre Mondiale - volonté d'art qui s'inscrivait dans la suite des idées et des desseins de rénovation théâtrale qui avait animé les grands réformateurs du théâtre (Copeau, les hommes du Cartel) de la première moitié du XXe siècle. Quant à l'auteur et à Philippe Lacoue-Labarthe, le philosophe, ils se posaient simplement la question de la possibilité même du théâtre.
Le livre raconte l'installation du collectif artistique rassemblé par Jean-Pierre Vincent, futur administrateur de la Comédie Française au Théâtre National de Strasbourg (TNS) : un collectif constitué de comédiens, de metteurs en scène, de dramaturges, de peintres, de musiciens, de décorateurs, d'historiens, de philosophes. « C'était là une idée neuve, une organisation inédite à l'époque dans le paysage théâtral français ». La revue allemande Theater Heute, sans doute la meilleure revue de théâtre européenne, a proclamé le TNS de Jean-Pierre Vincent « capitale secrète du théâtre en France ».
Il s'agit de raconter une tentative de communauté autour, à partir du travail artistique.
« Rien n'est social s'il n'est polémique et antagoniste » disait-on dans le collectif du TNS. La vie ne se réduit pas à de futiles drames privés et les journées ne sont pas remplies d'ambitions vaines, ils voulaient changer le monde, les utopies étaient leur horizon. Philippe Lacoue-Labarthe, le jour où il a rejoint le collectif, a dit : « Les philosophes en général n'aiment pas le théâtre. Pour autant que j'en sois un, je suis une exception. » L'auteur se souvient d'une amitié née dans le travail, dix ans de travail théâtral avec Philippe Lacoue-Labarthe. Faire du théâtre avec un philosophe n'est pas exactement travailler avec un comédien ou un dramaturge. C'est précisément cela que ce livre tente de mesurer. Certes, un metteur en scène ou un comédien réfléchit continument à son travail dans sa praxis mais quel est l'apport spécifique dans le travail théâtral, si apport spécifique il y a, d'un philosophe ? Que peut le théâtre ? Que peut l'art ?
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