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En décembre 1908, Jules Garçon, jeune écrivain originaire de Saint-Pol-sur-Ternoise, dans le Pas-de-Calais, termine, sous le pseudonyme de Georges le'I'ervanick, la transcription des souvenirs de Dominique Thelliez relatifs à son engagement dans la guerre franco-prussienne de 1870.
Car il faut dire que son enfance, comme tant d'autres, a été bercée par les récits de cette guerre et, sans doute, par nombre de couplets revanchards ayant pour thème l'Alsace et la Lorraine. Jules Garçon entend donc témoigner à la fois des souffrances et du désarroi de toute une génération, celle de ses grands-parents, et de la modeste grandeur de deux hommes : Dominique Thelliez, " un vieux, brave troupier ", et Léopold Foulon, son propre grand-oncle, " mobile " du Pas-de-Calais.
Deux " obscurs ", acteurs à peine, niais témoins actifs, attristés souvent, souvent malicieux, discrètement critiques, de cette campagne lamentable où les humbles, servirent de pions dans le jeu de dirigeants politiques et militaires d'une confondante incompétence. A travers la parole de Dominique Thelliez, recueillie et rapportée directement, et la correspondance de Léopold Foulon avec sa soeur et son beau-frère, la rancoeur contre le Prussien fourbe et cruel se dévoile sans fard.
Jules Garçon et ses témoins se font souvent l'écho des lieux communs, des préjugés de leur temps, de leur milieu provincial et rural. Et lorsque l'horreur s'exprime librement au spectacle d'un passage par les armes, il s'agit d'une réaction purement humaine, compassionnelle, exempte de toute analyse politique. Conservé depuis un siècle par les descendants de Jules Garçon, ce cahier, illustré et relié de sa main, était demeuré inédit.
J'ai beaucoup aimé la première partie, celle dans laquelle D. Thelliez raconte sa guerre et sa captivité en Prusse. Jules garçon fait preuve d'une écriture bien agréable. C'est clair et précis. Un peu chargée en verbes au passé simple, qui lui donne un petit côté désuet, mais cela sied à l'époque qu'il décrit et j'imagine à la manière d'écrire en 1908. En sus, quelques dessins de l'auteur illustrent fort bien ses propos.
La seconde partie, les lettres de Léopold, est plus dure à suivre, parce qu'il nomme beaucoup de villes et villages et que je m'y suis un peu perdu. Et puis, je ne suis pas très amateur des romans ou livres basés sur la correspondance par lettres. Mais elle est intéressante également : elle montre l'évolution des pensées et du moral des soldats. Elle montre également le désarroi des gradés et des soldats, la totale improvisation de l'Etat Major et le désastre que fut 1870/1871.
Un travail remarquable qui ne bouleversera pas la Littérature avec un grand L, mais qui est un témoignage vécu de l'intérieur de ce conflit oublié, supplanté, malheureusement, par les deux Grandes Guerres qui l'ont suivi. A découvrir.
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