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Faire du droit en racontant des histoires, tel est le pari de ce livre qui exploite toutes les variétés du conte juridique : la fable historique et la fiction animalière, le récit de science fiction et le reportage réaliste, la spéculation onirique et la nouvelle fantastique, le conte philosophique, la dystopie, et même la fantaisie théologique.
Huit récits qui font réfléchir à la norme en posant d'étranges questions.
Faut-il du droit dans l'arche de Noé ?
Que révèlent les procès d'animaux que l'Occident a instruits jusqu'à la Révolution française ?
Tuer son propre clone, de surcroît équipé d'une intelligence artificielle, est-ce un meurtre ou la destruction d'une entité non humaine ?
A quoi sert le droit ? Le récit du naufrage de l'Amoco Cadiz donne une réponse crue et contrastée à cette question.
Se pourrait-il que, parfois, la réalité dépasse la fiction ? La dénaturation du droit dans une grande démocratie contemporaine le donne à penser. Une dystopie prend forme quand, fasciné par son président Selfidor et sa devise Jamais deux sans moi, le peuple en vient à oublier le droit.
Quel livre tout juriste devrait-il emporter avec lui sur une île déserte ? Et si c'étaient les îles elles-mêmes qui parlaient de justice ?
Où conduisent les passages dérobés que recèle le majestueux Palais de justice ? Et de quelle justice nous parlent ses doubles-fonds ?
Le jugement dernier présente-t-il les garanties élémentaires du procès équitable ? L'avocat pro deo et l'avocat du diable en débattent.
« Faire du droit en racontant des histoires, tel est le pari de ce livre« .
Avant de faire un peu de droit (« avant dire droit »), laissez-moi vous raconter une histoire. Il était une fois, il y a près de 25 ans, une jeune étudiante en deuxième année de droit aux Facultés Saint-Louis à Bruxelles. Figuraient notamment à son programme un cours de théorie générale du droit et un cours de droit naturel, tous deux donnés par… François Ost. L’étudiante ne se doutait pas encore que ces cours, qui tenaient davantage de la philosophie que du droit à proprement parler, seraient pour elle le cauchemar de son cursus, et le professeur précité, la bête noire de ses études. Elle avait beau s’acharner, elle ne captait rien de ces élucubrations, sans doute brillantes, mais dont le sens (et l’intérêt) lui restaient décidément obscurs. Elle préférait de loin mettre les mains et les neurones dans le cambouis de textes juridiques inextricables pour en dégager principes, exceptions et applications pratiques (« in casu »), plutôt que se coltiner des concepts abstraits qui, s’ils permettaient certes de s’élever à un niveau supérieur de réflexion, ne changeraient pas fondamentalement la vie du justiciable lambda. Ce désintérêt ou cette incompréhension (l’œuf ou la poule) la menèrent fatalement à rater ces deux examens et à devoir – pour la première et unique fois en six ans d’unif – présenter une deuxième session en septembre. Futile ou non, cette péripétie, somme toute peu originale, la marqua néanmoins pour longtemps.
Des années plus tard, par le plus grand des hasards, un ami babéliote (merci daniel_dz!) lui indiqua une présentation de livre dans une librairie bruxelloise : « Si le droit m’était conté » par … François Ost. Curieuse, elle s’y rendit, acheta le livre, écouta la conférence et passa, pour tout dire, un bon moment. Rancœur envolée ? point encore, il restait à lire le livre.
Et donc, celui-ci, en huit récits empruntant à tous les genres (fable animalière, SF, reportage, dystopie, conte,…) nous fait réfléchir au droit, à la norme, par le biais de questions faussement saugrenues ou absurdes, vertigineuses pour la plupart. Ainsi, quel système normatif instaurer sur l’Arche de Noé pour assurer la survie des espèces ? La loi (naturelle et non écrite) du plus fort, ou un arsenal de règles écrites, précises et contraignantes ? Quelle est la signification des procès (hallucinants) intentés aux animaux au Moyen-Âge, que reflètent-ils de l’humanité et de sa tendance à rejeter la différence et la marginalité ? Quel statut juridique donner au clone humain ou à l’intelligence artificielle, personne ou objet ? où commencent l’humain, la conscience ? Que peut le droit quand des enjeux financiers astronomiques pèsent dans un plateau de la balance tandis que s’arc-boutent dans l’autre des maires bretons entendant obtenir réparation des dégâts causés par le naufrage de l’Amoco Cadiz ? Quid quand un dictateur s’approprie la loi puis la fait disparaître ? Le Jugement Dernier tel qu’évoqué dans la Bible, présente-t-il toutes les garanties d’un procès équitable (droits de la défense, délai raisonnable, double degré de juridiction,…), et quelles sont les nuances entre juger, pardonner, comprendre ? Enfin, de manière plus anecdotique et allégorique (qui parlera davantage aux Belges) : où s’en vont les oubliés de la justice officielle et peut-être élitiste ? Le mastodonte du Palais de justice de Bruxelles n’abriterait-il pas des passages secrets menant au bas de la ville et aux Marolles, où s’exercerait une justice alternative, certes symbolique mais ô combien plus efficace et humaine, dès lors qu’elle répond à un droit, à un besoin, le plus ancré et le plus assoiffé en nous, celui d’être écouté ?
Et si la théorie du droit m’avait été contée (à moi et à d’autres, et à tous les cours en général) de cette façon, limpide, légère, décalée mais pertinente, agréable, accessible (même à des non juristes me semble-t-il), qu’en aurait-il été ?
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