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Libéré sur paroles après avoir purgé dix ans de pénitencier, Mosley J. Varell coule des jours ternes dans un coin reculé du Montana. Il vivote en écrivant des scénarios de dessins-animés. Gougou le kangourou, c'est lui. Astreint à pondre des histoires à décerveler les mômes, on vient cependant de lui commander le scénario d'un biopic sur le romancier David Goodis. Un matin, il reçoit une lettre postée de Louisiane. Il a reconnu l'écriture, c'est celle de son père qu'il hait depuis toujours. Mais pourquoi Varell décide-t-il de partir le retrouver ? Ayant la phobie de l'avion, il entame une grande diagonale routière. La fatalité, un temps en sommeil, l'entraînera à ponctuer son périple de meurtres comme autant de cailloux blancs que Le Nain, un détective teigneux lancé à ses trousses, saura ramasser...Max Obione fait le noir, le noir profond, sans rémission ni lueur rédemptrice ; dans un roadmovie paroxystique et crépusculaire, il conjugue "no future" à tous les temps de l'imparfait de l'existence.
Avant-propos de l'éditeur : Normalement, les routes vont d'un point à un autre et quand elles racontent des histoires de cinglés en ballade, on les appelle des itinéraires " bis ", direction le mur ! Scarelife nous entraîne dans le sillage d'un dénommé Mosley Varell, un tordu du genre bon bougre malgré tout. A sa suite, on cingle à travers les States, en diagonale, de Missoula (Montana) à la Nouvelle Orléans (Louisiane), et ça fait mal comme une lame de couteau qui s'enfonce dans les chairs d'une Amérique de l'après 11 septembre. L'écume de son passage, c'est de l'hémoglobine pure, comme la mousse qui bubulle d'une carotide sectionnée. On meurt beaucoup à le rencontrer. Là où il fait étape, c'est plus fort que lui, les vieux démons le reprennent, son passé d'homme de main d'un mafieux hollywoodien ressurgit. Malheur à qui le contrarie ! Mais il lui arrive cependant de trucider par bonté d'âme. En tout cas, le voilà en route pour régler ses comptes avec son passé où domine l'ombre de son paternel, pasteur de son état et brute épaisse.
S'il n'y avait eu cette lettre du père reçue un beau matin, Mosley serait resté planqué à peaufiner un biopic sur la vie de David Goodis, l'écrivain maudit, l'auteur de Tirez sur le pianiste !, le scénariste de Dark passage et de bien d'autres chefs d'oeuvre de la littérature noire. Parce que Mosley a aussi ça dans le sang, l'écriture, en plus de sa folie meurtrière ! Son road movie devient en fin de compte son chemin de croix, avec un détective aux trousses, un teigneux détraqué comme lui, surnommé le Nain...
On sait que les héros des romans noirs, mouisards perpétuels, connaissent rarement la rédemption, le tragique de la condition humaine demeure leur horizon indépassable. Ce qui commence mal se termine encore plus mal. Le voyage de Mosley Varell s'apparente à une partie de toboggan diabolique d'où l'on ne peut descendre. Schuss vers l'enfer ! Cet écorché vif est un personnage goodisien en diable ! Le gouffre nous est promis à travers une mise en abyme vertigineuse. Max Obione a le chic de nous captiver en nous contant l'histoire d'un auteur qui écrit sur un auteur qui écrit sur un auteur qui écrit ... Une construction savante et un style. Une construction UUDu délire en prime pour un réel bonheur de lecture noire.
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