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Paris, mars 1943. Une femme est arrêtée dans un bistrot du 10e arrondissement. Elle aurait franchi la ligne de démarcation munie de faux papiers, pour un trafic de métaux précieux. L'inspecteur principal adjoint Léon Sadorski voit dans cette enquête une parfaite occasion de s'enrichir. Mais il a d'autres soucis, notamment protéger Julie, la lycéenne juive réfugiée chez lui depuis la rafle du Vél'd'Hiv.
C'est alors qu'une affaire de lettre anonyme et d'adultère le conduit sur les plateaux du cinéma français de l'Occupation : parmi les jeunes actrices d'un drame tourné dans un couvent de dominicaines, l'inspecteur va rencontrer son « Ange du péché » et se transformer en criminel...
Une enquête de Léon Sadorski, le sinistre et fascinant inspecteur des renseignements généraux.
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Sadorski et l'ange du péché de Romain Slocombe
Ayant découvert l'auteur Romain Slocombe par la lecture de Première station avant l'abattoir puis Monsieur le commandant, j'ai découvert en bibliothèque le personnage de Sadorski, dans le cadre de Sadorski et l'ange du péché.
Léon Sadorski, inspecteur affecté à la 3ème section des Renseignements généraux et des jeux, chef du Rayon juif est un individu que vous n'oublierez pas . Un ignoble salaud de la pire espèce comme o ceux et celles qui dans cette époque troublée de notre histoire commune de la seconde guerre mondiale ont été enfantés par la monstrueuse idéologie nazi. Nous sommes à Paris en mars 1943. une femme qui a franchi la ligne de démarcation avec de faux papiers est arrêtée par des inspecteurs corrompus des renseignements généraux sous le prétexte fallacieux de trafic de métaux précieux. Sadorski, est un chasseur de juif, de résistants, particulièrement bien noté par ses supérieurs aux regards des nombreuses têtes rapportées. C'est aussi un homme qui avec son épouse Yvette, cache une jeune fille Julie, dont les parents ont été envoyés par convoi spécial à l' Est.
Dans cette première partie de ce roman l'on assiste avec force de détail à la traque des juifs, aux interrogatoires sordides de policiers français, qui sous couvert d'une carte tricolore s'autorisent les pires exactions, les crimes, par l'appât du gain, la luxure, l'ignominie adepte du viol et de la torture.
C'est alors que Sadorski, va être confronté à d'autres salopards plus retords que lui, fanatiques, trafiquants au marché noir, officier allemand.
Une lettre anonyme d'adultère le conduit de la bourgeoisie qui s'arrange avec l'occupant, aux plateaux de cinéma ou une jeune actrice demi-juive est figurante dans le film l' ange du péché de Robert Bresson. Sa trajectoire de chasseur de tête s'en trouve bouleversée après une nuit passée avec elle, alors que son homme Corse est encore en prison.
Dans ce même moment, Sadorski prend conscience que les déportations des juifs et des résistants vers l'Est inconnu, les conduits inexorablement vers la mort. Il l'apprendra de la bouche même d'un officier Allemand rencontré l'année précédente. Sadorski chasseur de tête de juif, totalement indifférents aux sorts des hommes et des femmes torturés dans les locaux de sa brigade spéciale ( des descriptions insoutenables ) ou de ceux qui sont internés sur des indices et propos fallacieux où diverses autres raisons au camp de Drancy tenu par les gendarmes, ne reste pas insensible à l'existence dorée des trafiquants et du monde du spectacle tant qu'il y trouve son compte.
Tout en suivant pas à pas ses enquêtes confronté à ses instincts primaires Sadorski sent le vent tourner. Qu'il est peut temps de redorer son insigne de policier en vue d'un prochain jugement qui mettrait sans nul doute à vue ses complaisances avec les Allemands.
C'est ainsi qu'il va être amené à assassiner un officier Allemand qui en s'approchant trop près de Julie, risquait de l'incriminer en protégeant une juive à son domicile. Par cette action, il supprimait l'officier trop curieux et pouvait le cas échéant revendiquer la mort de celui-ci.
Romain Slocombe dans ce récit particulièrement bien documenté, pas moins de 19 pages de biographie, donne un éclairage particulièrement sombre de notre histoire, rythmée par le rationnement, la recherche du profit, les interdictions, les délations, les exécutions, dans une population qui continue de vivre comme si rien n'était. L' épisode relatée du bombardement de l'hippodrome de Long-champ est particulièrement significatif de l'ambiance régnante , alors que les morts et les blessés ne sont pas encore relevés, les chevaux s'élancent de nouveau sur la piste. « Un vrombissement sourd emplit progressivement le ciel, étouffe les bruits de galop sur la piste, la clameur du public.Une escadrille de chasseurs bombardiers Focke-Wulf 190 A survole l'hippodrome , vire effectue un second passage avant de prendre la direction de Boulogne Billancourt les ateliers de l'île Seguin dont les fonderies sont frappés de plein fouet... Les pur-sang franchissent la ligne d'arrivée. On annonce Tornado vainqueur... » On reste abasourdi lorsque l'on lit en biographie, que cela s'est réellement passé !
Que va devenir Sadorski, qui semble être rattrapé par un nouvel inspecteur ? Il sait que le pire désormais s'approche, celui de sa fin sous le couteau de la veuve « mais comment se demande t il Julie et Yvette vont se débrouiller, s'il a foutu la petite enceinte ! ».
Sadorski va-t-il enfin répondre un jour de ses actes ? La question posée reste à ce jour entière.
Paris 1943. Pour la troisième fois, je retrouve l’immonde, l’abject, le monstrueux, l’infâme (j’en passe et des meilleurs) inspecteur Léon Sadorski (”Sado” pour ses collègues, c’est tout dire !) Pour la troisième fois, la lecture de ce roman m’a profondément secouée !
On aurait pu penser que ses dernières mésaventures (voir l’Étoile jaune de l’inspecteur Sadorski) allait le calmer un tant soit peu : que nenni ! Il est toujours aussi immoral et sans scrupules, ignore jusqu’à l’existence du mot empathie et ne s’apitoie que sur un seul et unique sort : le sien !
Ce salaud est pourtant un flic particulièrement efficace et zélé, en 1943, lorsqu’il s’agit d’arrêter des juifs qu’il exécre, des trafiquants en tous genres ou des résistants qu’il jalouse …
Ses plus grandes faiblesses : son immense orgueil et sa lubricité. À l’égard de son épouse tant qu’à celui des femmes qu’il interroge sans ménagement durant son service … Son désir obsessionnel également, pour sa petite voisine juive, Julie Odwak, qu’il a recueillie chez lui après avoir fait interner sa mère, afin de pouvoir l’isoler des autres et se l’approprier …
Romain Slocombe n’épargne aucun détail à ses lecteurs. Il est terriblement bien documenté (voir les notes de l’auteur et la bibliographie) J’admire une fois de plus son courage et son culot, pour avoir osé donner naissance à ce policier parisien anti-héros, collabo et antisémite, tout en dénonçant une époque peu reluisante ! Un coup de coeur pour ce troisième volet qui est mon préféré - même si sa lecture n’est pas rose … -
Lu dans le cadre de la Rentrée littéraire 2018 17ème Pix FNAC
Romain Slocombe s'inspire d'un personnage réel pour camper son personnage de Sadorski.
« Tout au long du trajet de retour à l'île de la Cité, dans une voiture de 1ère classe, l'interpellée n'ouvre quasiment pas la bouche. Sadorski fume en l'étudiant. Il est persuadé qu'elle est juive. L'homme est fier de son talent de physionomiste. Les youpins, il les identifie à coup sûr dans 98 pour cent des cas ! »
Dans un Paris collaborationniste, cet agent des RG flic modèle antisémite et pétainiste est aussi amoureux de sa femme et mari attentionné.
Ce sinistre personnage ne recule devant rien pour arriver à ses fins, il convoitait une jeune fille juive de son immeuble, il a fait enfermer sa mère et héberge Julie Odwack.
Dans ce troisième tome, nous retrouvons Sadorski affairé à ses sinistres besognes avec zèle mais Bauger un vieux de la vieille des RG lui met les points sur les i en lui faisant savoir qu'il n'est pas dupe concernant son lien de parenté avec Julie...
C'est un homme ordinaire, en apparence un Monsieur tout le monde : « Petit (environ 1,60 m.), trapu mais les épaules tombantes, il n'a pas vraiment de cou – on croirait que sa tête épaisse se prolonge directement dans l'intervalle entre les épaules-, un peu ventru, les mains à doigts gros et courts, couvertes de poils, les jambes très courtes. Le menton fuyant, une petite bouche aux commissures tournées vers le bas, la lèvre supérieure plus épaisse que l'autre, un nez plutôt droit mais trop court, des poches sous les yeux, un front haut et large et une grosse tignasse blanche coiffée en arrière. » En fait le bonhomme n'est remarquable que par le zèle qu'il met à sa tâche. D'ailleurs son supérieur ne lui dit-il pas « Retournez au turbin et ramenez-moi des crânes ! En votre absence, le rendement a nettement baissé. »
L'auteur nous plonge dans ce monde de collaboration avec ses multiples strates, qui sans elles, n'aurait pas pu accomplir le pire de ce que l'homme est capable d'engendrer.
La retranscription de l'époque est extraordinaire. Le lecteur est au cœur de Paris, avec ses restrictions, ses peurs, ses rafles, ses personnages malfaisants, qui jouissent de cette traque omniprésente...
Romain Slocombe mêle avec brio une érudition époustouflante et son imaginaire.
Il est d'une habileté diabolique ce qui laisse le lecteur empreint de gêne d'avoir pris plaisir à suivre Léon Sadorski dans ses « œuvres », bien que le lecteur souffre aussi des atrocités commises. Et c'est là que réside ce savoir-faire étonnant, cette ambigüité équivoque dans laquelle est plongée le lecteur sans pouvoir faire valoir son « droit de retrait ».
Happée j'ai été, dès les premières lignes, je n'avais pas lu les deux tomes précédents et je crois qu'il y aura deux tomes à suivre, je sais que je lirai cette histoire en totalité.
©Chantal Lafon- Litteratum Amor 19 juin 2018.
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