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Sur une terre que l'homme semble avoir désertée, où l'eau est devenue rarissime, tous les vivants - " mobiles autant qu'immobiles " - souffrent de la soif. Les végétaux dépérissent. Les animaux aquatiques aussi, pris au piège de l'évaporation de leurs demeures. Au retour de leurs longs périples, les oiseaux migrateurs n'apportent pas de bonnes nouvelles : partout la sécheresse sévit.
" Quelques-uns pourtant avaient osé, s'étaient décidés pour une des quatre directions, par choix ou guidés par pur hasard, et s'étaient mis en marche, droit devant. Rousse était de ceux-là. " Ainsi commence ce bref roman, porté par une langue au ras du réel, de la conscience et des sensations de Rousse, une jeune renarde. Son histoire possède la clarté d'une fable et la puissance d'une odyssée. Le chapitre où Rousse découvre une trace de l'existence passée des hommes - l'incompréhensible carlingue d'un avion de ligne écrasé au sol - est inoubliable. Tout comme sont inoubliables les scènes où elle chemine et dialogue avec un vieux corbeau très sage, du nom de Noirciel. Et quel meilleur suspense que la recherche héroïque d'une eau vitale, mais peut-être impossible à trouver...
L'exergue, emprunté à Jean Giono, dit tout de l'ambition poétique et métaphysique de ce roman splendide :
" Dans tous les livres actuels on donne à mon avis une trop grande place aux êtres mesquins et l'on néglige de nous faire percevoir le halètement des beaux habitants de l'univers. "
Merveille ❤
Je n'oublierai jamais Rousse, je n'oublierai jamais l'écriture de Denis Infante.
L'odyssée de Rousse, intrépide renarde, est une fable inoubliable qui porte en elle les ingrédients d'un classique: intemporalité et universalité.
Sur une terre où les hommes ont disparu et où la sécheresse met en danger les animaux, Rousse décide un jour de quitter seule son territoire à la recherche d'eau claire et d'air frais. Hardie, vaillante, déterminée, la jeune renarde part découvrir le monde, ses paysages et les beaux habitants de la terre: Brune l'ourse, Noireciel, le vieux corbeau sage, Coeurfier le valeureux sanglier.
L'histoire que nous raconte Denis Infante ne serait rien sans la langue qu'il invente. Envolés les articles ! C'est un pur miracle (ou pour le moins une idée de génie). Une écriture sensitive, primitive, archaïque, poétique, organique. Cette singularité n'est pas une difficulté de lecture, c'est au contraire une façon de revenir à l'essentiel, à l'essence des choses, un moyen d'être au plus près de Rousse, de ressentir pleinement, de respirer à pleins poumons, d'être plus attentif aux odeurs, aux bruits.
Mais que c'est beau !
Denis Infante écrit avec une langue à hauteur d'animal, dépouillant le texte des articles définis. Il nous imprègne de cette langue nouvelle et nous emmène dans un récit qui emprunte au conte médiéval. Un roman que l'on a envie de lire à voix haute pour sa poésie et la beauté de son texte. Et il ne s'agit pas là d'anthropomorphisme : ce ne sont pas des caractéristiques d'humain qui sont données à Rousse, la renarde, mais c'est Rousse qui donne ses caractéristiques au texte.
Une histoire composée uniquement d’animaux, ce sont les seuls personnages, il n’y a plus d’humains. Ou sont-ils ? C’est la question que je me suis posée tout le long de ce court roman mais dense.
Malgré les qualités indéniables de l’auteur qui a réinventé une langue en supprimant tous les articles aux mots, en sublimant certains noms, créant un univers à part, fait d’imaginaire et de réalité animalière, j’ai moins aimé le côté linéaire de l’histoire.
Une renarde fuit sa terre aride, en manque d’eau, son bois de chet et ses habitudes. Elle chemine, elle rencontre des obstacles (un danger puis une amitié avec un autre animal) qui crée une rupture dans l’histoire puis, de nouveau, elle continue sa quête, etc.
C’est assez répétitif et je me suis vite lassée, sachant ou l’auteur voulait en venir et, même si Rousse a su me toucher par sa ténacité, sa fougue.
C’est un très beau conte écologique mais j’aurais aimé y voir franchement ce côté plus engagé. Et je préfère les romans plus réalistes.
Dans le bois de Chet, la vie est devenue difficile à cause de la sécheresse. Chacun essaie de survivre tant bien que mal et l’ordre du monde est chamboulé.
« Déjà il y avait eu des échauffourées autour des points d’eau et des morts. »
Rousse, une jeune renarde à l’esprit aventureux, décide de quitter sa forêt natale pour migrer vers des cieux plus cléments et explorer le monde.
Commence alors un voyage de tous les dangers. Ce qu’elle découvre est terrible, parfois apocalyptique. Elle doit traverser un bois aux arbres tordus, franchir des terres brûlées, longer un fleuve empoisonné. Et, au milieu de cette désolation guettent des prédateurs féroces aux noms étranges. Heureusement la jeune et courageuse renarde pourra compter sur l’amitié, le courage et la connaissance d’animaux de rencontre.
On devine plutôt qu’on n’apprend la disparition de l’homme qui, partout a laissé des traces. Rien n’est clairement nommé et reste comme « d’incompréhensibles étrangetés » pour la renarde.
« C’était long ruban terne, s’enfonçant jusqu’au lointain, échappant à vue perçante de renarde. C’était comme lit de rivière aux eaux grises. »
Dans cette dystopie proche de la nature, on découvre l’adaptation des animaux à un changement de climat parmi ces plaines, fleuves, marécages, savanes et collines d’où l’homme est absent. On assiste à la résilience d’une nature saccagée et cela fait froid dans le dos.
Le péril est grand mais l’amitié, la solidarité entre animaux permet la survie de Rousse. Sans cette aide, la jeune et audacieuse renarde n’aurait pu poursuivre son périple.
A travers les animaux, c’est une belle leçon de vie, un récit d’apprentissage qui voit la jeune renarde devenir peu à peu plus expérimentée et sage.
L’écriture, d’une grande poésie, a aboli tout article, formant comme une autre langue plus instinctive comme celle du monde animal. C’est, au premier abord, assez surprenant pour finir par donner un rythme au voyage de Rousse. Le lecteur est au plus près du ressenti de la renarde et cela donne une poésie sensuelle.
« Je regarde autour de moi, j’écoute. Peuple des arbres, grands arbres, puissantes créatures, hautes ramures, denses feuillages. Bruissement du vent comme invisible troupeau traversant forêt, voix d’oiseaux saluant nouveau jour. »
Un court roman à l’écriture évocatrice qui m’a enchantée.
Ce premier roman de Denis Infante est un conte poétique et initiatique, dont le protagoniste est une renarde, Rousse. Elle vit dans un monde où les hommes ne sont plus et où les animaux tentent de survivre à une sècheresse inexpliquée.
La jeune et vaillante Rousse cherche à comprendre l’origine de ce mal et quitte son bois de Chet pour découvrir le monde. Sur son chemin, elle découvre une terre desséchée, empoisonnée, mais aussi le grand fleuve source de vie qu’elle rêve de traverser. Tout au long de ce périple qui dure de nombreuses lunes, elle rencontre des animaux attachants, qui la feront grandir et devenir sage. La tentation sera grande de se fixer, au fil des amitiés, mais l’appel du voyage résonne trop fort en elle. L’essentiel n’est finalement pas la destination, mais le chemin parcouru.
Denis Infante a inventé pour ce conte un langage onirique, sans déterminant, épuré pour toucher à l’essentiel et être en totale connexion avec la nature.
« Rousse comprenait que ce n'était pas recherche de hautes et blanches cimes qu'elle avait entreprise, ni quête de douces et vertes contrées (…) Ce que Rousse avait entrepris, c'était exploration du monde. »
Les réflexions philosophiques, féministes et écologiques de cette fable sont profondes et toutes en émotions. Un grand coup de coeur pour ce livre très original.
Rousse jeune renarde intrépide décide de quitter Bois de Chet et ses habitants. La sécheresse a dévasté la Terre. Elle est difficile à supporter. L'air est suffocant, la terre brûlante. Rousse part à la recherche d'un lieu plus frais où l'eau serait plus abondante. Elle avance en suivant le soleil couchant. Sur ce long chemin, elle devra braver le danger et surmonter des épreuves. Elle y rencontrera aussi l'amitié.
Ce qui débute comme une quête de survie à la recherche d'eau se révèle bien plus profond que cela. L'aventure palpitante de Rousse côtoie la poésie et la philosophie.
Ce court roman est un sublime plaidoyer sur la combativité et l'adaptation du vivant (faune et flore) face à la désolation du monde. La sécheresse gagne du terrain et détruit ce qui a été. L'espoir est pourtant toujours ancrée dans le cœur de notre petite Rousse. C'est ce qui l'a rend si attachante. Grâce à son charisme naturel, sa vaillance et sa soif d'apprendre, elle forcera l'admiration de plusieurs animaux respectés par leur force et/ou leur sagesse. Bien qu'elle mène cette quête seule, Rousse rencontrera la solidarité et l'entraide à travers différents compagnons avec qui elle va cheminer un petit temps. La fougueuse renarde gagnera en sagesse et en connaissance par ses expériences mais aussi en apprenant des autres animaux dans la force de l'âge. Son indépendance revendiquée donne un petit côté féministe à l'œuvre.
La nature et les êtres exceptionnels qui l'habitent sont magnifiés. Denis Infante a évité l'éceuil de l'anthropomorphisme. Les animaux ne sont pas attribués de caractéristiques ou d'émotions humaines. Ils sont décrits comme des êtres vivants doués de sensibilité. Ils ressentent la faim, la soif, la peur mais aussi l'affection, la perte, la tristesse. Je partage profondément la conviction que les animaux ont des émotions propres.
La plus belle prouesse de l'auteur est d'avoir réussi à ce que le lecteur voit le monde tel qu'il est perçu par les animaux. Aussi je me suis mise dans la peau de Rousse. Pour y arriver, Denis Infante invente une langue. Les articles définis et indéfinis sont inexistants. C'est assez déroutant au début. Puis on est complètement immergé dans un monde de sensation et d'émotion. On va à l'essentiel. On est dans la pensée animale. Les nombreux adjectifs éveillent nos sens en particulier l'odorat et la vue. Les descriptions sont d'une grande poésie.
L'auteur est radical dans le genre postapocalyptique. L'environnement a été ravagé, il porte encore les stigmates de catastrophes climatiques et humaines. L'Homme quant à lui a disparu. Éradiqué de la surface de la Terre depuis très longtemps. Ne subsiste que des traces éparses de son passage. Le dosage de la thématique écologique est parfaite. L'Homme n'est plus mais l'auteur ne s'y attarde pas. C'est le devenir des vivants "mobiles et immobiles" qui intéresse. Leur force à résister et à se relever. Il ne s'agit pas de nous culpabiliser ou nous faire la moral. Il est important de comprendre que la Nature a toute sa place et doit être respectée.
Je suis comblée par la lecture de cette sublime œuvre. Un incroyable sentiment de plénitude m'a traversé. Comme Rousse dans le roman, j'ai eu envie de "danser" (exprimer) mon contentement et ma joie immense. Le récit est sombre une grande partie du roman. Pourtant l'espoir et les épisodes lumineux m'ont marqué profondément. J'ai été bouleversée par la beauté de l'âme animale qui est si justement et finement dépeint.
C'est un coup de cœur pour ce conte initiatique dont le message est universel et intemporel.
Je vous invite vivement à le lire et à découvrir les nombreux périples rencontrés par Rousse. On ne s'ennuie pas une seconde.
Ce roman raconte la quête d’une jeune renarde, Rousse. Elle veut aller voir ce qu’il y a plus loin, au-delà du Bois de Chet. Son parcours est composé d’aventures, de rencontres, d’amitiés, d’entraide et de respect, parfois de peur mais toujours d’espoir et de courage.
Le climat change et la sécheresse se fait plus présente. Rousse recherche de l’eau, des paysages qui ne soient pas apocalyptiques. Les paysages défilent sous ses pas. Elle constate des traces de la présence d’hommes mais ils ont disparu de la Terre. Sorte de conte écologique, ce premier roman nous invite à faire preuve de sagesse et à percevoir la beauté de la nature qui nous entoure pour en prendre soin.
Les compagnons de route de Rousse, une ourse et un corbeau, partagent leurs connaissances avec elle. La transmission a un rôle important dans l’histoire.
Les émotions et les sens de la renarde sont au cœur de l’écriture de Denis Infante. La particularité de cet ouvrage est qu’il ne comporte pas d’articles devant les noms, c’est-à-dire l’absence de « le/la/les/un/une/des ». Je me suis rapidement habituée à cette écriture. L’envie de connaître la suite des aventures de Rousse a été plus forte. Je me suis attachée à cet animal. L’absence d’articles pourrait être comparée au jeu qu’on voit parfois passer sur un réseau social connu où il manque des lettres dans un texte mais notre cerveau arrive tout de même à le lire et le comprendre. Il reconstitue les mots. J’avoue préférer quand tous les articles sont là !
Ce fut une expérience de lecture intéressante et unique. J’ai aimé l’écriture sensible et poétique de Denis Infante. Si vous aimez les OLNI, objets littéraires non identifiés, celui-ci est original et devrait vous plaire. Ce court roman est une ode à la nature, à percevoir tout simplement la beauté des habitants de l’univers à l’instar des livres de Jean Giono.
Le corbeau et la renarde
Denis Infante a beaucoup travaillé la langue pour nous offrir un conte écologique, un roman d'initiation et un voyage poétique. Sur les pas d'une renarde, décidée à échapper à un désastre climatique, il raconte une terre où l’homme a disparu. Une belle surprise de cette rentrée.
Une fois n'est pas coutume, commençons par parler de l'écriture, du style de ce court roman, car c'est la première – belle – surprise, même si elle peut peut-être dérouter le lecteur. Denis Infante a choisi de créer une langue propre à ce monde qu'il imagine. Un monde dans lequel les hommes ont péri, incapables de sauver une planète qu’ils ont voulu dominer. Un acharnement coupable qui a entraîné leur éradication.
Cette langue, sans articles définis ou indéfinis, donne au roman un aspect à la fois haché, mais aussi réduit à l'essentiel, aux émotions et aux sensations, aux descriptions avec de nombreuses énumérations et adjectifs. Les mots, voilà l'essentiel sur cette terre qui «était comme engluée dans été sans fin. Brûlant, sec, éblouissant et mortel.»
C'est ce douloureux constat qui va réveiller l'instinct de survie de Rousse, la renarde qui est au cœur du livre et qui va choisir, à l'instar d'autres animaux se sentant piégés, de partir: «Partout sévissait sécheresse, partout terre se craquelait, partout vivants souffraient dure soif, mobiles comme immobiles, peuple de sang ou peuple de sève. (...) Quelques-uns pourtant avaient osé, s'étaient décidés pour une des quatre directions, par choix ou guidés par pur hasard, et s’étaient mis en marche, droit devant. Rousse était de ceux-là.»
Durant son odyssée, elle va croiser le chemin de Noirciel, un corbeau riche d’un grand savoir et qui va l’aider dans sa quête. Car «Rousse voulait apprendre. Rousse voulait connaître et découvrir. Elle avait beaucoup réfléchi sur rive de Grand Fleuve. Atteindre neiges éternelles, trouver territoire opulent lui importait moins que de parcourir terres et espaces. Que rencontrer vivants inconnus, contrées nouvelles, feuilles d’autre vert et autre forme que jamais ses yeux n’avaient vues.»
En avançant et en apprenant, ils vont faire la connaissance de Cœurfier. Avec sa horde, ce sanglier cheminera aussi quelques temps à leurs côtés. Mais arrivé au bout de son territoire, à la frontière de Terre Sanglerrière, il la laissera poursuivre seule sa route. Quand elle tombe sur un renard, elle se dit que sa route peut s’arrêter là, qu’elle peut désormais fonder une famille. Mais l’appel du large et la soif de découvrir ce qui est au bout de sa route sont plus forts.
Dans ce conte écologique, Denis Infante laisse une grande place aux odeurs et aux couleurs, à la poésie et à la sensualité. Mais il ne cache pas non plus que cette terre n’est pas un paradis. À l’image de cette carlingue d’avion qui étonne la renarde, on comprend que la technologie a fini par avoir la peau de l’humanité.
Je ne sais si l’auteur a inventé ici le roman postapocalyptique ultime – car ici l’homme a disparu, contrairement à La Route de Cormac McCarthy où un père et son fils cheminaient de conserve ou dans Et toujours les forêts de Sandrine Collette ou Corentin se retrouve seul à représenter l’espoir – toujours est-il que ce roman va marquer tous ceux qui le liront. Une belle réussite !
NB. Tout d'abord, un grand merci pour m'avoir lu! Sur mon blog vous pourrez, outre cette chronique, découvrir les premières pages du livre. Vous découvrirez aussi mon «Grand Guide de la rentrée littéraire 2024».Enfin, en vous y abonnant, vous serez par ailleurs informé de la parution de toutes mes chroniques.
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