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Ancré à Bandol, Rudy Ricciotti a commencé sa carrière en construisant de nombreuses maisons sur la Côte d'Azur. Tout bascule avec la réalisation du Stadium de Vitrolles, projet fondateur dessiné en 1990. Avec cette architecture monolithique dans un paysage teinté de bauxite, il va marquer son goût pour l'expression de la « physicalité ». Pétri de la culture du travail sur le chantier, Ricciotti « le constructeur » s'ingénie à pousser ses recherches sur la matière. La haute maîtrise technique va ainsi de pair avec l'expression plastique. En témoignent l'exosquelette du Pavillon noir, centre chorégraphique d'Aix-en-Provence, la coque lacérée du Musée Cocteau à Menton, les résilles structurelles du MucEM, pièce maîtresse de la reconquête du port de Marseille, ou bien encore celles du stade Jean-Bouin à Paris, qui entre dans un rapport dialectique intéressant avec le Parc des Princes, icône tout béton des années soixante-dix.
La relation au paysage est aussi l'une des clés du travail de Ricciotti, qui peut se lire comme contextuel et circonstanciel. À commencer par la maison Navarra, sur les hauteurs de Saint-Tropez, cherche-t-elle, par sa plaque en porte-à-faux, à se rendre aussi efficace que furtive. Même type de rapport avec le Pont du Diable à Gignac ou bien avec le futur Mémorial du camp de Rivesaltes, autre plaque, gigantesque cette fois, qui affleure sur 200 mètres.
Se confronter au patrimoine relève pour lui de l'aimable défi, infiltration du contemporain en milieu historique, qu'il s'agisse de l'abbaye de Montmajour, du mastodonte moderne des Grands Moulins de Paris (qu'il aura contribué à sauver de la destruction), ou encore de l'extension d'un bâtiment des années trente pour y installer la Philharmonie de Potsdam.
Dans l'actualité de l'ouverture du MucEM à Marseille, capitale européenne de la culture 2013, et de la nouvelle aile du Louvre à Paris, dédiée aux arts de l'Islam, l'Institut français d'architecture présente à la Cité de Chaillot la première monographie consacrée au travail de Rudy Ricciotti depuis qu'il a obtenu le Grand Prix national d'architecture en 2006. Le livre qui accompagne l'exposition s'enrichit de contributions d'artistes (Fred Rubin, Yvan Salomone), d'écrivains (Jean-Paul Curnier), de poètes (Julien Blaine) d'architectes-ingénieurs comme Marc Mimram, qui voit dans le travail de Ricciotti le signe d'un « rationalisme lyrique ». Sans oublier Laetitia Masson qui permet au cinéma de s'inviter dans le domaine de l'architecture. Son film réalisé pour l'exposition dépasse le documentaire pour offrir le regard d'une cinéaste-auteur sur un architecte-auteur. Après Esquisses de Frank Gehry par Sydney Pollack, après Combien pèse votre bâtiment, monsieur Foster ?, voici L'Orchidoclaste.
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