Née d'une révolution en 1918, victime d'un « coup d'État » légal en 1933, la République de Weimar a laissé un souvenir ambigu : d'un côté, un régime fragile, incapable d'enrayer la montée du national-socialisme et, en quelque sorte, responsable de douze ans de terreur et de six ans de guerre mondiale ; de l'autre, une ère sans précédent de foisonnement intellectuel et de liberté.
Dans cette synthèse, devenue un classique en langue allemande, Horst Möller se penche sur cette première tentative de démocratie allemande, à travers ses aspects politiques, sociaux et intellectuels. Il nous invite à nous garder de tout déterminisme : si ces chances de départ étaient faibles, Weimar n'était pas irrémédiablement vouée à l'échec ; sa résistance à une phase insurrectionnelle, à plusieurs tentatives de coup d'État, à une crise monétaire terrible et aux conséquences très lourdes du traité de Versailles le prouve assez. L'auteur nous convie plutôt à envisager la montée du nazisme dans le cadre d'une période révolutionnaire allant de 1918 à 1945, marquée par l'instabilité sociale et le remplacement des élites, la décomposition puis le
renversement de la légalité, l'idéologisation et la polarisation de tous les secteurs de la société.
C'est sans doute sur ce point que l'histoire politique de Weimar nous intéresse : sur quel socle, sur quels principes bâtir une société, selon quelles règles la gouverner ? Ces choix, ou plutôt leur nonrespect dans les années vingt et trente ont provoqué l'avènement d'Hitler. Les pères de la Seconde
République allemande l'ont bien compris après 1945. Et aujourd'hui encore, ces questions dictent l'évolution européenne et nationale de nos démocraties.
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