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Un préjugé tenace prend l'artiste pour un menteur qui se joue des apparences du monde sensible, ou pour un esprit confus qui aperçoit mal le sens de ce qu'il fait.
Contre cela il convient de réhabiliter l'autorité de l'artiste. A partir d'exemples tirés de l'ensemble des arts, de la Grèce au japon, d'Euphronios à Fellini, on observe que dans les rapports entre l'oeuvre et son référent supposé, entre l'instauration et la réception du public, l'artiste interfère de sorte que l'oeuvre schématise la réflexivité du médiateur. Sa quête d'identité se réfléchit sur son oeuvre et en elle : le produit finit livre le modus operandi de l'opus operans.
Dès lors l'autoréférence dédouble l'oeuvre par des renversements ou des indécidabilités analogues aux paradoxes logiques. Ainsi la vérité de l'oeuvre requiert une logique de la réversibilité. Car son identité est réfractaire : nulle part, car éclatée dans toutes sortes de décalages dont on peut dresser une typologie, partout, car ces déplacements sont le jeu d'une franchise qui dénonce son ambiguïté quand elle l'institue.
Loin d'être une simple ruse cette ambiguïté est une maieutique du jugement libre et majeur, où se révèle la profondeur du comique. Plus radicalement encore, ces réflexions de l'oeuvre par elle-même signifient la constitution d'une intelligence immanente au monde sensible.
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