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Avec cette chasse à l'homme à couper le souffle dans le Grand Nord canadien, Ian Manook signe un prodigieux roman noir sur fond blanc.
Red Arctic, hiver 1931. Une meute d'une trentaine d'hommes armés, équipés de traîneaux, d'une centaine de chiens et d'un avion de reconnaissance pourchasse un homme. Un seul. Tout seul. C'est la plus grande traque jamais organisée dans le Grand Nord canadien. Pendant six semaines, à travers blizzards et tempêtes, ces hommes assoiffés de vengeance se lancent sur la piste d'un fugitif qui les fascine. Cette course-poursuite va mettre certains d'eux face à leur propre destin. Car tout prédateur devient un jour la proie de quelqu'un d'autre...
Ravage s'ouvre avec un traîneau tiré par sept chiens qui glisse à grande vitesse vers l'hôpital d'Aklavik pour sauver Billy, blessé par balle alors qu'il se rendait avec deux équipages de la Gendarmerie royale canadienne pour la seconde fois chez un trappeur. Ce dernier chassait très vraisemblablement sans permis, sur les terres de Loucheux (Indiens). Cette seconde visite a tourné au drame et a pris une tournure absolument inattendue. L'inspecteur Walker, homme de principe, met un point d'honneur à faire respecter l'ordre sur son territoire. Il veut arrêter coûte que coûte celui qui s'est rendu coupable d'une tentative d'homicide sur un représentant de la Gendarmerie royale. Dès lors, il va engager des moyens considérables. Onze hommes, soixante-trois chiens au total, sept cents kilos de nourriture, des tentes, des raquettes, des armes, des munitions et de la dynamite. Une véritable expédition. D'ici quatre jours, le trappeur récalcitrant sera sous les verrous. Sauf que tout ne se passera pas exactement comme prévu. Le fugitif d'une exceptionnelle résistance, est particulièrement rusé. Les températures extrêmes et le blizzard ne semblent pas avoir de prise sur lui et miraculeusement la neige n'imprime pas ses traces ou alors uniquement pour ramener les poursuivants sur leurs pas. La traque va finalement durer six semaines, des moyens colossaux vont être déployés. Tout ne sera que disproportion face à un seul et unique homme.
Ravage est le récit journalier de cette chasse à l'homme totalement folle du point de vue des poursuivants. Et c'est ce qui fait son intérêt. Non seulement Ian Manook nous fait découvrir une faune et des paysages à couper le souffle, mais il nous fait vivre cette expédition de l'intérieur. On glisse à vive allure sur la neige glacée s'en remettant au musher, on scrute l'horizon immaculé et ouaté tentant de détecter la moindre trace de pas. Puis, peu à peu gagné par le froid et l'épuisement, on s'interroge. Comme certains des participants qui finissent par se désolidariser, on en vient à se demander s'il est bien utile de mobiliser autant de moyens pour ce fugitif qui à n'en pas douter, finira par périr de froid ? Cette traque démesurée, guidée par la fierté et l'égo de certains et merveilleusement restituée sous la plume de Ian Manook, nous laisse un goût amer. C'est abattu et complètement ahuri que l'on referme Ravage. Et dire que ce roman est inspiré de faits réels...
https://the-fab-blog.blogspot.com/2024/10/mon-avis-sur-ravage-de-ian-manook.html
Fin 1931, dans les territoires du Grand Nord Canadien, 2 agents de la Gendarmerie Royale se rendent chez un trappeur solitaire suite à une dénonciation. Des Loucheux, peuples Indiens d'Amérique du Nord, affirment qu'il s'en est pris à leurs pièges. Alors que les 2 constables le visitent et tapent à sa porte, l'homme ne se manifeste pas alors qu'il est bien chez lui. Les officiers de la gendarmerie reviendront à 4 et bien armés avec un mandat de perquisition pour obtenir son permis de trappe et par la même occasion son identité. Le contrôle dégénère, un agent est touché. C'est le début d'une traque qui va durer près de six semaines et mobiliser plus d'une quarantaine d'hommes par moins de 40 degrés.
Dès le début du roman, j'ai été plongée dans l'ambiance grâce à un prologue exceptionnel. L'un des meilleurs que j'ai lu. Le ton est donné. La nature du Grand Nord Canadien est sublimée. Son côté sauvage et dangereux est parfaitement décrit. L'urgence et la tension de la situation sont palpables. J'avais l'impression d'y être tellement c'est réaliste.
L'auteur par son style direct et imagé nous emmène dans une aventure extraordinaire et une chasse à l'homme d'une grande noirceure.
La psychologie a autant de place voire plus que l'action. Chaque personnage a ses failles. Tout n'est pas noir ou blanc. Plusieurs hommes se perdent dans leurs tourments. Les valeurs humaines sont mises à rude épreuve dans ces conditions extrêmes et par le profil particulier et hors norme du fugitif. Il y a la fois de l'aversion et de l'admiration pour cette homme qui survit à la traque alors qu'il est seul et moins bien équipé que ses poursuivants.
Les ombres de la Première Guerre mondiale et de la crise économique de 1929 planent et révèlent des comportements.
Je n'en dirai pas plus pour garder la tension narrative et l'évolution des personnages.
Le roman est tiré d'un fait réel et c'est ce qui est encore plus incroyable. Dès les premières pages du roman l'auteur l'explique. Et à la toute fin sa note nous en apprend un peu plus sur cette véritable histoire. J'ai de mon côté fait quelques recherches supplémentaires. Et je peux dire que même si l'auteur s'est inspiré d'une vraie affaire, il a su en faire un récit d'une grande profondeur et créer des personnages en relief avec des émotions complexes et sombres.
Enfin, j'y ai appris beaucoup sur cette région du globe et particulièrement sur les différents animaux qui la peuple. Je me suis notée au fur et à mesure de ma lecture la faune rencontrée et j'ai cherché sur internet à quoi pouvaient ressembler ces créatures ou oiseaux. Cela a participé à m'immerger davantage dans ces grands espaces froids.
Un roman d'une grande intensité à lire en hiver avec une boisson chaude pour se réchauffer.
Spécialisées en littérature de voyage et d’exploration, les éditions Paulsen accueillent pour la seconde fois l’écrivain bourlingueur Ian Manook, qui, après une série de thrillers consacrés aux rudes terres d’Islande, nous embarque dans une traque échevelée à travers le Grand Nord canadien, d’après un fait divers survenu au tout début des années 1930.
Qui était-il et d’où venait-il ? Nul n’a jamais su précisément, mais surnommé le « Trappeur Fou de la Rat river », il est entré dans la légende de la région d’Aklavik, un village des Territoires du Nord-Ouest Canadien, en zone arctique. L’histoire débute en plein hiver 1931, par les moins quarante degrés habituels, lorsque des Loucheux – ainsi nomme-t-on les Indiens locaux – viennent porter plainte contre un nouveau venu, un colosse au farouche tempérament, apparu sans tambour ni trompette et désormais installé avec ses lignes de trappe, sans en demander l’autorisation, à quelque cent trente kilomètres du village. Une équipe de la Gendarmerie royale est diligentée sur place pour une mission de contrôle qui tourne au drame. Des coups de feu sont échangés, un policier est blessé et il faut dynamiter sa cabane pour en extraire le forcené. L’homme ayant réussi à prendre la fuite, commence une traque dantesque, à travers blizzards et tempêtes, qui durera six semaines, engagera des forces a priori disproportionnées – trente hommes armés, soixante-dix chiens de traîneaux, un avion de reconnaissance – et, après avoir laissé se développer le sentiment d’une invincibilité quasi surnaturelle du fugitif, s’achèvera dans le sang d’un hallali sauvage et vengeur.
Raconté du point de vue des poursuivants, eux aussi des individus au physique et au mental hors du commun, le roman oscille entre l’état d’esprit plus pondéré des représentants des forces de l’ordre et la soif de vengeance des trappeurs déchaînés auxquels ils ont fait appel pour les aider à courser le fugitif. Si tous sont impressionnés par les incroyables capacités du fuyard, en telle osmose avec leur infernal environnement que sa résistance et ses ruses semblent les narguer à les en rendre fous, ils savent aussi, depuis que l’un, puis deux des leurs se sont retrouvés au tapis, le premier blessé, l’autre tué, qu’il n’y aura pas de pitié ni de justice autre que celle de ces espaces sauvages et glacés, torturés par le blizzard, asphyxiés par les brouillards, égarés dans le grand blanc. Et tant pis si cet homme qui n’avait jamais que prétendu à une vie solitaire, loin des hommes et de leurs lois, n’a toujours agi qu’en légitime défense. On n’échappe pas ainsi au monde, qui entend contrôler jusqu’au dernier lambeau de territoire sauvage et qui règle parfois ses comptes sans autre forme de procès, avec le pire acharnement.
Entre les dangereuses somptuosités d’une nature blanche et glacée et le tragique aveuglement de la vindicte humaine, ce polar noir mené tambour battant sur la trame de faits réels est aussi un superbe roman d’aventure que l’on n’a aucun mal à imaginer projeté sur un autre écran blanc, cinématographique cette fois.
Ce qui est époustouflant dans ce roman, c’est le fait que Ian Manook se soit inspiré d’une histoire bien réelle : Ce trappeur capable de survivre dans une nature hostile malgré la traque dont il a fait l’objet. Ce fait divers avait passionné le Canada en 1932.
Dans le roman, le trappeur se nomme Jones, enfin c’est le nom qu’il donne car, de lui, on ne sait rien. Et on n’aurait rien su s’il n’avait été dénoncé par un loucheux, nom donné aux autochtones indiens. Ce type, il chasse sans permis de trappe. La loi, c’est Harry Bauwen, en poste dans la gendarmerie royale canadienne. Il envoie deux de ses hommes mais le trappeur, barricadé dans son chalet de rondins comme dans un fort, refuse de leur parler. Les sangs s’échauffent malgré des températures à moins quarante, mais on entend faire respecter la loi. Nouvelle tentative des gendarmes avec, cette fois-ci, un mandat de perquisition. Après les paroles, on finit par échanger des coups de fusil. Ça tourne vinaigre et l’inspecteur Howard Walker, en poste à Aklavik et ancien soldat de 14-18, décide de monter une expédition pour faire respecter la loi à cet individu
« Onze hommes et soixante-trois chiens au total. Deux jours pour rejoindre la cabane et interpeller Jones, et deux jours pour le ramener à Aklavik, plus un jour de sécurité au cas où, à raison de cent vingt kilos de viande par jour pour les animaux et onze pour les hommes. Sept cent kilos de nourriture, c’est ce qu’il faudrait. Plus les équipements, les tentes, les raquettes, les armes, les munitions. Une expédition. »
Jour après jour, Ian Manook nous entraîne sur les pas de ces hommes rudes qui ont appris à vivre dans des conditions extrêmes. Parmi eux, beaucoup ont soif de vengeance, ils veulent la peau de ce trappeur fou. Mais certaines voix s’élèvent contre l’avis général, dont celle de Bauwen qui se demande si ce trappeur solitaire et misanthrope vaut bien cette débauche d’hommes armés.
L’auteur a su exploiter le fait réel en inventant sa propre histoire dans le récit véritable. Ainsi les personnalités des hommes sont-elles bien décrites et fouillées, donnant lieu à des conflits et des revirements de situation.
Jones leur échappe sans cesse et ils se demandent où les mènera cette course poursuite épuisante. Jusqu’en Alaska peut-être ? Jones est une vraie anguille qui a une connaissance innée de la survie en milieu hostile. Il s’adapte à son environnement et a l’intelligence animale pour brouiller sa piste et avancer contre toute logique. Que cherche-t-il vraiment ?
Du pilote Wright, ancien as de l’aviation pendant la guerre, homme téméraire qui n’hésite pas à affronter le blizzard pour soutenir la traque au sol, Ian Manook fait un personnage complexe au regard distancié mais terriblement lucide sur cette chasse à l’homme.
Et puis il y a aussi le médecin, le docteur Söderlund, personnage secondaire mais dont l’humanisme réchauffe un peu ce récit cruel. Passionné d’ornithologie, il connait tout du sizerin blanchâtre, du lagopède des saules ou encore des bernaches. Et son discours est terriblement contemporain.
« Notre meute traverse ces immensités admirables dans une débauche de brutalité et de violence dans le seul but d’appliquer une loi qui nous permet de nous en prendre à un supposé criminel sans un seul regard pour ce monde merveilleux qui nous entoure. Chaque roche, chaque plante, chaque animal de ce paysage est un miracle. »
Les femmes sont rares, il n’y en a que deux, Martha Walker et Linda Bauwer. A travers leur quotidien, on comprend leurs difficultés et leurs rêves enfouis. L’expédition laissera des traces dans leur vie.
On croise une faune étonnante : Carcajous, caribous lagopèdes et même un « omingmak » ou bœuf musqué encrouté sous la neige. C’est « une force brute, animale », celle-là même qui illustre la couverture et donne le ton de ce récit brutal, violent, où hommes et bêtes affrontent les éléments d’un climat rude avant de s’affronter entre eux.
Un roman ahurissant qui m’a tenue en haleine du début jusqu’à la fin.
Un Ravage, au Canada, c’est ce que l’on constate après le passage des caribous, troupeau immense de cinq mille fantômes en transhumance. Ils piétinent tout sur leur passage. Après, allez retrouver la trace de cet homme, ce Jones que la Gendarmerie royale canadienne tente de rattraper !
Une fois de plus, Ian Manook, que je ne me lasse pas de lire, démontre tout son talent de conteur. Chez ces mêmes éditions Paulsen, il m’avait emmené sur les bateaux des pêcheurs bretons partant À Islande.
Cette fois-ci, il me plonge dans les grands froids des Terres du Nord-Ouest, avec ces trappeurs et ces Loucheux, un peuple autochtone obligé de s’adapter à ces envahisseurs attirés par l’or puis par le commerce des fourrures.
Ravage n’est donc pas un polar comme Ian Manook sait si bien conduire mais s’en apparente par certains côtés avec cette chasse à l’homme trépidante par des températures de moins cinquante degrés. Le blizzard, la tempête, le brouillard et cette neige qui recouvre tout, rien n’est épargné à ces hommes, ces mushers qui savent maîtriser leurs chiens de traîneau malgré les nombreux obstacles qui brisent leur course.
D’ailleurs, dès le prologue, Ian Manook me met au parfum avec ce traîneau tiré par sept chiens. Il transporte Billy jusqu’à l’hôpital d’Aklavik, car cet homme est gravement blessé.
Ravage est lancé, bien lancé à partir de ce mercredi 23 décembre 1931. Je suis tenu en haleine jusqu’au 17 février 1932 et je vais croiser, entre autres, Linda Bauwen, Martha Walker, Wright, Claudel, Walker, Söderlund, Billy et McCoy. L’auteur a la très bonne idée de nous révéler la suite de leur vie après le dénouement.
Pour savoir pourquoi le mari de Linda Bauwen ne figure pas dans cet épilogue, il faut plonger dans Ravage, une histoire inspirée de faits réels, histoire fort bien documentée qui m’a passionné jusqu’au bout.
Au passage, grâce au Docteur Söderlund, Ian Manook fait vivre la faune et la flore se développant dans ces territoires paraissant désertiques. Il ajoute les péripéties aériennes de Wright plusieurs fois en conflit avec l’inspecteur Walker qui mène la chasse à l’homme. Comme ces deux hommes ont combattu durant la Première guerre mondiale, l’un dans les airs, l’autre dans les tranchées, leurs échanges sont animés et instructifs.
Ravage regorge de bien d’autres épisodes surprenants, violents parfois et surtout étonnants avec ce Jones qui défie toute logique et surprend par sa résistance et son inventivité. Alors, faut-il aller jusqu’au bout, mener à son terme une poursuite vaine et stupide comme en débattent Walker et Wright, deux hommes aux conceptions diamétralement opposées mais qui surprennent.
Une fois de plus, Ian Manook a réussi un ouvrage magnifique de suspense flirtant entre réalité et imaginaire : un régal de plus avec cet auteur !
Chronique illustrée à retrouver ici : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/2023/07/ian-manook-ravage.html
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