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Rampants des villes c'est un homme qui se hait de son insignifiance, de son inexistence...
C'est un monde écoeurant, gris, sans espoir...
C'est une amitié improbable, une histoire de force, de faiblesses, de fêlures...
C'est une emprise sombre et inéluctable...
Il a les cheveux roux, le teint pâle. Il déteste sa peau, son corps, son odeur... il déteste tout en lui. Il n'a rien à dire d'intéressant... il se haït de son insignifiance... Incolore, transparent, il traîne son mal de vivre au sein de villes grises et glauques où tout espoir semble perdu.
Et un soir «?Enfin. Quelqu'un me parle à moi, de moi. Nous appellerons ce quelqu'un X. Comment il s'appelle on s'en tape. Il a vingt-huit ans. Ce que je suis l'intéresse. Plutôt ce qu'il voit de moi l'intéresse. J'ignore ce qu'il voit de moi. (...). Il me regarde, il me voit, donc j'existe. Donc je l'aime, rien d'autre.?» X. est beau, il sent bon, il a de l'assurance.
X. est sportif, il est fier, il sait parler.
X. est rassurant.
X. existe?!
Mais X. a, lui aussi, ses fêlures...
Très court roman. Noir, dur, sans concession. Brut. Tout le monde est égratigné, les pauvres, les riches, les filles, les garçons, les beaux, les moches... Le Nord. Béziers? Tous pareils. Partout les mêmes losers. Les mêmes rampants des villes. Les gens abrutis par le travail. Pressés. Pressurisés. Les villes moches. Les zones industrielles ou commerciales. Toutes les mêmes, dans toutes les villes. Société de consommation.
Il et tellement fort ce bouquin, que je ne peux m'empêcher d'écrire quelques lignes à la manière de Léo Betti. Sèches, brutes, nominales voire uninominales. Courtes, rapides, dures et parfois violentes. Et d'autres plus longues tout aussi fortes : "La vie immobile ressemble à la mort, pourtant c'est plus vivant que la vie qui s'agite. L'immobile, c'est la beauté de la vie du dedans. L'agitation, c'est les dernières convulsions de la mort du dedans." (p.21) Des paragraphes durs comme lorsque le narrateur parle de la violence du père qui masque une affirmation de sa virilité : "Lui, si peu certain de son masculin. Lui, qui en faisait des caisses pour être un homme. [...] Lui qui a tout écrabouillé des fruits de sa semence. Pour se sentir mieux peut-être. [...] Il a peut-être conservé nos couilles dans du formol. Un jour, il faudra retourner les chercher." (p.54)
Il est question du déterminisme social et de la difficulté de sortir de sa condition : si l'on n'y parvient pas on est un loser, si l'on y parvient on est un parvenu. Et lorsqu'on n'a pas l'argent, les bonnes relations, le charisme, tout foire et l'on reste un rampant des villes, car aucun nanti ne viendra tirer la ficelle pour élever un pauvre. La théorie du ruissellement n'est qu'une théorie.
Un roman que l'on peut qualifier d'initiatique, un jeune homme qui part loin de chez lui tenter de trouver qui il est vraiment, tenter de faire mentir le destin. C'est fort, violent, dur, noir et marquant, par cette écriture sèche, à l'os. Beaucoup s'y essaient, rares sont ceux qui réussissent à être justes, sincères et à prendre aux tripes. Léo Betti est l'un de ceux-là.
La curiosité est-elle un vilain défaut ? Je n’ai pas vraiment la réponse à cette question après avoir terminé le roman de Léo Betti, "Rampants des villes", publié par les Editions du Basson, basée à Charleroi. C’est l’éditeur qui m’en a proposé la lecture via un courrier électronique. Je ne connaissais pas cette maison, pas davantage l’auteur...
J’avoue avoir eu du mal à me déterminer. J’avais accepté de recevoir un livre, j’avais choisi de le lire, jusqu’au bout. Allais-je, ou non, en écrire une chronique, en donner un avis ? Son écriture ne me ressemble absolument pas. J’aime les belles phrases, les mots choisis, une langue châtiée, élégante, bien travaillée. Celle utilisée dans le récit est à l’opposé. Un flot de mots, souvent vulgaires, grossiers, comme jetés à la gueule – oh ! Pardon, je voulais dire à la figure ou mieux au visage – des lectrices et lecteurs. Tout est noir, aussi noir que la couverture du livre. Tout est triste, lugubre comme la vie du héros venu à Béziers suivre une formation. "Ici c’est moche. Des jours et des jours et c’est de plus en plus moche. Les bâtiments sont gris, crasseux."
Le héros est un pauvre garçon, originaire du Nord, battu par son père, mal aimé par sa mère, sans amis. Sans amis jusqu’au jour où X l’aborde, jusqu’au jour où X devient son ami, son seul ami. Oui mais X est un peu, beaucoup, "cet ami qui vous veut du bien". C’est lui qui décide, parle, commande et notre héros suit car il n’a rien à dire, proposer, décider. Et les jours passent, tristes et noirs entre alcool, substances illicites, sorties, humiliations diverses.
C’est triste, c’est noir, oui, mais voilà, je ne l’ai pas lâché. J’ai continué jusqu’au bout, malgré les scènes à la limite de la pornographie, malgré le manque total d’optimisme ou d’espoir, malgré la peur, l’horreur qui parfois s’en dégagent. Je ne l’ai pas lâché parce que l’écriture, celle qui ne me ressemble pas, violente, noire, lugubre, saccadée, épurée, parce que les phrases courtes, souvent commencées sans être terminées, donnent à cette histoire une force hors du commun.
Une histoire forte, un genre de roman initiatique, une parole donnée aux plus faibles, une impression de justesse, d’évidence… je ne sais trop si j’ai aimé… mais je l’ai trouvé d’une extrême puissance.
https://memo-emoi.fr
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