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C'est une histoire d'amour, une histoire de quelques-uns qui ont cru possible de construire leurs vies dans une liberté de moeurs inédite, naïfs au point de tout risquer. Des gens qui s'aiment à tour de rôle, faisant et défaisant entre eux des couples fragiles, emportés par le désir de vivre vite et autrement. Certains en meurent, lassés d'échouer, décidant d'en finir comme on baisse les bras, d'autres continuent la vie sans conviction, lassés aussi, mais réfugiés dans un quelconque arrangement, une existence bricolée, sans les saveurs du passé ni celles d'un présent qu'ils ne savent ou ne veulent pas apprécier.
Ils sont là sans être là et vont bientôt disparaître sans qu'on s'en aperçoive. Le scénario est simple. Trois hommes et une femme s'écrivent et se parlent à la suite du décès d'un de leurs proches. Ils ont traversé la deuxième moitié du XXe siècle, avec des différences d'âge, mais ils en sont tous définitivement marqués. Ce sont des gens d'autrefois, dont l'existence est dominée par la révolte contre l'ordre et les conventions, des gens frappés de mélancolie par la perte des illusions, rappelant Gianni, Nicola et Antonio, les personnages de Nous nous sommes tant aimés, d'Ettore Scola.
Aujourd'hui des solitaires, qui se retrouvent chaque fois que l'un d'entre eux disparaît, occasions qui les emmènent dans une remémoration où se mêlent ce qu'ils rêvaient d'être et ce qu'ils furent. Ils font ainsi le bilan de leur vie et tout autant celui de leur temps, capables encore d'en faire une critique radicale et parfois hargneuse, comme si la révolte n'avait pu s'éteindre malgré l'échec de l'idée qui les portait vers l'avenir, l'idée révolutionnaire.
On peut voir dans ce livre une sorte d'hommage par la fiction à ceux qui héritèrent du XXe siècle avec la volonté d'en sortir, agissant contre l'héritage mais restant encore formés par lui, par le souvenir de ses guerres et de ses luttes politiques. Un hommage à leur innocence savante et au passage éphémère d'un espoir à la fin des années 60, qui faisait écrire sur les murs " Cours, camarade, le vieux monde est derrière toi ! " avec une joie et une jeunesse aujourd'hui perdues.
Le livre contient cinq photos : une d'Ed van der Elsken (qui a fait l'objet d'une exposition au Musée du Jeu de Paume de Paris de juin à septembre 2017), de Gilles Caron, d'Edouard Boubat et deux de photographes anonymes.
Cinq parties consacrées à cinq personnages.
C’est le bilan d’une vie, le bilan d’une époque. Les rêves réalisés ou non, les joies, les désillusions.
Tous sont liés depuis leur jeunesse. Tous sont désemparés par la mort de Paul.
Chacun à sa manière est extrêmement touchant.
Thomas, enfermé dans la solitude et le silence, au fond des Cévennes. C’est un collectionneur du passé. S’il communique peu, il assure la transmission par les livres. Les livres sont sa force, sa vie, son prolongement.
Ana, nostalgique des années 60, des combats politiques et de la liberté sexuelle.
Frédéric, atteint d’un cancer, aigri par les trahisons politiques.
Clément, fils de Thomas, cinéaste, porte le deuil des morts, le deuil du temps.
Madeleine qui s’est suicidée et vécut avec Paul une vie passionnée et tumultueuse.
Ces personnages ayant vécu l’espoir et l’exaltation de la jeunesse se retrouvent au soir de leur vie.
Heure des bilans. Bilan d’une époque.
Et que l’auteur dépeint bien tout cela, les sentiments, la société, la jeunesse, la vieillesse….
Il réussit à nous donner le sentiment de faire partie de leur groupe, de bien les connaitre.
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