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Dans ce récit admirablement écrit, l'auteur rend hommage à sa mère, Bertha. Cette grande dame noire à l'énergie et à la générosité exemplaires, « amoureuse de l'amour », vient de mourir. Rodney, son fils aîné, raconte l'enfance bleue au pays natal, leur chemin d'exil, elle à New York, lui à Montréal. Le fils dialogue avec la mère. Il est celui qui a grandi sous la dictature, qui rêvait d'être écrivain et qui parvient à mettre des mots sur la colère, la peine, la joie, le courage et l'amour. Elle est la mère qui porte la mémoire du « pays-pourri » et la lumière de l'espoir. La parole de Bertha, poignante et belle, fait entendre la musique et la dignité de cet art d'être mère.
Tout en nous racontant la vie de Bertha, son fils Rodney nous offre un portrait en creux de lui-même. Celui d'un homme qui a grandi sous la dictature.
Bertha glisse.
Et tombe.
Pas une, pas deux fois. Peut-être sept, comme la légende le veut. Une femme tombe sept fois. Se relève six.
La dernière fois, c'est à l'église que Bertha glisse. Sa tête percute le sol. Très fort. Et Bertha se relève, tout va bien, Bertha chantonne, Bertha sourit, Bertha aime. Décidément, c'est ce qu'elle aura fait de mieux, toute sa vie, aimer.
Quelques heures plus tard, Bertha meurt.
C'est peu de choses, finalement.
Un fracas, une fracture. Mais dans nos coeurs tout ça, simplement dans nos coeurs.
Parce que c'est peu de choses devant une vie entière, une vie pleine d'énergie du désespoir, la seule que je comprends. La seule qui, je le crois, nous sera commune jusqu'au bout.
Rodney Saint-Eloi vous présente Bertha. J'aurais pu dire vous présente sa mère, mais c'est faux. Dans la forme même, c'est faux. Il dit Bertha, il parle d'une femme, d'une amoureuse, d'une fille. D'une femme noire.
Elle va tout donner.
Aux hommes.
Aux enfants.
Avec une beauté et une justesse rares.
Et puis l'exil, bien sûr.
Comment dire à ses enfants, comment leur apprendre que la couleur de leur peau les condamne ? Sans bruit. Sans crime.
J'ai été particulièrement touchée par ces souvenirs en désordre, voici comme ils reviennent, n'importe comment, mais c'est n'importe comment une vie. Percutant et émouvant.
J'ai été parfaitement incapable de ne pas aimer Bertha. Ses mots. Sa volonté. Sa peau.
C'est en équilibre sur cette belle plume poétique, là, juste au-dessus de l'abîme, que la femme se dévoile.
C'est au-delà d'un cri d'amour d'un homme à sa mère.
C'est un cri d'amour aux femmes.
A nos racines. Celles qu'on porte et celles qu'on romp.
Un hommage d'un fils à sa mère empreint d'une douce poésie !
Ce livre est un hommage lumineux de l’auteur à sa mère Bertha. La langue est poétique et douce, on y ressent tout l’amour, le chagrin, le désarroi de l’auteur.
Bertha vient de mourir à 72 ans et son fils, l’auteur, lui rend un hommage poignant en ce plongeant dans les souvenirs qu’il a de sa mère.
Bertha vivait en Haïti, alors sous dictature, le fils de sa patronne l’a « engrossée » et elle a été renvoyée d’office. Elle a eu ensuite trois autres enfants, de trois hommes différents, qu’elle a élevés seule. Elle partit ensuite vivre à New York où elle y mourut.
Rodney Saint-Eloi nous raconte ici toute l’histoire d’Haïti : la très grande pauvreté qui côtoie la richesse, le racisme quotidien en fonction de la couleur plus ou moins foncée de la peau qui détermine tout, les agissements du dictateur et de sa milice violente et corrompue qui terrorise le peuple.
Sans parti pris, en historien, l’auteur nous raconte la chute du dictateur, sa fuite et la catastrophique reprise en main du pays par un peuple ivre de liberté et de démocratie.
Chaque souvenir qui nous livre un moment de la vie de Bertha s’associe à un moment de l’histoire du « pays pourri » comme le nomme l’auteur.
Ce livre est le devoir de mémoire d’un fils envers sa mère, un hommage à tout l’amour qu’il en a reçu malgré l’adversité qu’elle a rencontré au cours de sa vie.
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