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Mêlant autobiographie et création, ce nouveau texte d'Annie Cohen adopte les coutures d'un journal ou d'un cahier d'écrivaine. Comme l'indique le titre inspiré du poème de Verlaine, Puisque l'aube grandit, puisque voici l'aurore, il s'inscrit d'emblée dans une filiation avec l'errance des poètes, notamment Edmond Jabès. Des fulgurances lyriques, placées sur le chemin de l'écriture comme autant de points d'appui, viennent jalonner le récit enivrant d'un combat au corps à corps avec une maniaco-dépression. En dépit de la douleur, c'est dans ses ressources les plus ineffables que l'autrice va puiser la matière de son texte : l'intense volupté de sa prose se saisit d'un voyage de jeunesse sur l'Île aux femmes, au large du Mexique, ou encore du judaïsme de ses origines, pour recréer l'espace d'une parole poétique libératrice. On y retrouve le lien entre le travail littéraire d'Annie Cohen, son oeuvre artistique de plasticienne, en particulier ses emblématiques « rouleaux d'écriture », que François Mitterrand fut l'un des premiers à acquérir pour sa collection personnelle.
« Je roule sur les mamelons de mousse, je me rapproche du commencement du monde. Je les vénère sur la margelle au bord du Grand Canal. Nos conditions atmosphériques ne permettent pas d'avoir des tapis de mousses, il nous faudrait beaucoup d'humidité comme au Japon. Mais un oeil avisé les surprend près des points d'eau. Douce vie que ces végétaux si anciens qui résistent au béton. » A. C.
Annie Cohen se débat contre sa bipolarité. Elle oscille entre découragements et envies. Elle garde sa chambre, est parfois internée à Sainte Anne. C'est son mari cinéaste, qu'elle suit à Nancy lorsqu'il a besoin de filmer et monter son film là-bas, qui s'occupe de tout. Proche, aimant, patient.
L'autrice se plonge dans son histoire, dans son passé, dans son judaïsme, tentant de garder pied dans la réalité, dans le monde actuel.
Puisque voici l'aurore est son journal, mais un journal qui n'est pas daté et dont on ne sait pas si les propos sont tenus et reportés chronologiquement.
Ce n'est pas très évident à lire pour un lecteur comme moi, assez basique, qui, finalement, aime bien un début, un développement et une fin. Ça me perturbe un peu, et parfois ça ne ma plaît pas, notamment la question du judaïsme qui ne m'intéresse pas du tout. Mais, d'autres pages sont vraiment très belles, sur l'amour qu'elle et son mari se portent, sur la maladie, la dépression qui la gagne, sur le vieillissement :
"Le handicap est flagrant, je ne me souviens plus de ce que j'ai écrit, j'avance en hurlant des phrases comme sous les eaux de la piscine. Je hurle ce qui ne se dit pas, dans un brouillamini de mots, de textes déconstruits, perdus, respirer un peu. Et replonger pour appréhender l'avenir qui n'est que des cris poussés en forêt, la nuit. J'ai perdu le fil, en fait, je n'ai jamais de fil, je construis un ouvrage abstrait." (p. 39/40)
Lorsque je suis tombé sur cette dernière partie de phrase, je le suis dit, c'est cela, c'est exactement cela, ce livre est un livre abstrait. Dès lors, sa lecture en devient plus aisée, car, je ne cherche plus à le comprendre au mot à mot, mais à me laisser porter et à en retirer des sensations, des impressions. N'y voir parfois que des formes, qui peuvent faire penser à de la réalité. Parfois se raccrocher à des concepts, des idées et d'autres fois se laisser aller.
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