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Pouème ed pindin l'ertroète

Couverture du livre « Pouème ed pindin l'ertroète » de Paul Moiret aux éditions Agence Regionale De La Langue Picarde
Résumé:

En 1928, Paul Moiret s'installe au Ronssoy, il a alors 17 ans. Il y vivra 47 ans de son métier d'agriculteur. Mais à l'heure de la retraite, quand les journées se font plus douces et que le temps s'écoule différemment, il s'adonne à une activité régulière : il écrit en picard. Il s'exprime dans... Voir plus

En 1928, Paul Moiret s'installe au Ronssoy, il a alors 17 ans. Il y vivra 47 ans de son métier d'agriculteur. Mais à l'heure de la retraite, quand les journées se font plus douces et que le temps s'écoule différemment, il s'adonne à une activité régulière : il écrit en picard. Il s'exprime dans la langue propre au Vermandois, situé quasiment au centre du domaine linguistique picard, en s'inspirant du système graphique de René Debrie, pour lequel Paul Moiret a une grande admiration.

Ce sont donc 110 des Pouèmes ed pindin l'ertrouète (écrits entre 1975 et 1995) que l'Agence régionale pour la langue picarde a édités dans le cadre du Circuit des écrivains de langue picarde.

Les thèmes poétiques de Paul Moiret correspondent aux temps forts qui ont organisé sa vie. Tout d'abord, il y a le monde rural et agricole, à la fois âpre avec la répartition des terres suivant le droit d'ainesse, les impôts différenciés selon le cadastre, l'achat de terres agricoles et leur dévaluation liée à la création de nouvelles routes, mais aussi réjouissant, avec le bonheur des récoltes et l'abondance de la terre, la présence d'une nature foisonnante livrant des paysages bucoliques. Ensuite, il y a la description des métiers de la campagne, relevant d'une observation précise des faits et gestes de ceux qui les pratiquent. N'oublions pas que Paul Moiret était aussi un inventeur, et que le « comment ça marche » nourrit ses descriptions poétiques. Puis il y a le temps des guerres, celle de 14-18 où il était enfant, puis celle de 39-45, où Paul Moiret décrit cette vie des prisonniers qu'il a bien connue, quand les trains emmènent une humanité paniquée vers l'inconnu, vers ce que l'auteur sait être des camps de concentration. Mais il y a aussi des poèmes qui reprennent les histoires picardes traditionnelles, comme Ech capieu ou le thème de l'âne qui brait, actualisée avec les noms d'hommes politiques (De Gaulle et Debré).

Paul Moiret propose une écriture bien singulière : les phrases de ses vers ont une syntaxe qui privilégie soit un ordre bouleversé pour les besoins de la rime, soit la juxtaposition de ses éléments pour créer des effets plus saisissants, comme dans Ché Clok : Sounri ed tou lé diminche Sé z'habit nu infiki Alé al moéss vite cha kminche

L'absence de ponctuation entraine un déroulé d'images ou d'actions au gré des souvenirs qui remontent. L'écriture de Paul Moiret semble s'organiser selon le mécanisme de sa mémoire, où de minuscules fragments de souvenir s'ajoutent au fragment précédent, et où l'ensemble crée une impression de présent. Carole Morel

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