« Qu'est-ce que je fais là ?
J'ai dans les mains un fourchet, le manche est poisseux, je charrie du fumier. Les vaches me regardent avec dédain, seul le regard très doux d'une génisse m'apaise.
Mes mains sont barbouillées de purin, elles puent. Je cours toutes les cinq minutes à l'évier de la cuisine pour les laver. Hier je voulais devenir Fellini, aujourd'hui, je suis dame pipi de vaches. » Jean-Louis Fournier est capable de tout. Étudiant en cinéma à Paris, il est capable de vouloir reprendre une ferme pour les beaux yeux de la fille du fermier. Le père aurait été poissonnier, il reprenait la poissonnerie.
Il est un peu fou, Fournier, et quand il est amoureux, apparemment ça lui arrive souvent, il devient encore plus fou. Peut-être que c'est ça qui lui permet de nous écrire des livres ?
Alors souhaitons-lui d'être encore longtemps amoureux.
Son but était de travailler dans le milieu du cinéma, mais il a rencontré l'amour. Une jeune fille du Pas-de-Calais dont les parents sont fermiers. Et personne pour reprendre la ferme ! Il décide alors de se convertir pour devenir celui qui reprendra la ferme. Il découvre la nature mais aussi le côté ingrat de ce métier. Est-il vraiment fait pour ça ? Est-il l'un de ces bobos qui quittent tout pour aller élever des moutons dans le Larzac ? C'est avec beaucoup d'humour que l'auteur traite le sujet. Il sait jouer avec les mots. Un bon moment de détente.
mon livre de plage préféré cet été...de la délicatesse mais aussi d la simplicité pour décrire le hier mais qui n'est pas si lointain..
"Où on va papa?" a été un vrai choc pour moi !
C'était la première fois que je lisais un livre sur un sujet aussi délicat (le handicap) où l'humour tournait en dérision le thème sans pourtant aucune fausse note ! Ce livre est un travail d'orfèvre de la littérature.
c'est donc naturellement que je me suis précipitée, à sa sortie, sur "Poète et paysan" dans lequel Jean-Louis Fournier raconte sur le même ton, son premier grand amour pour une fille née à la campagne et dont les parents exploitent une ferme. Il décrit son installation et comment il a poussé le vice jusqu'à travailler 6 mois assis sur un tracteur, à labourer les champs pour séduire la belle et plaire à sa famille.
Le livre est drôle mais moins bouleversant que le précédent, forcément, le sujet était tout de même plus léger...Et pourtant il a été traité avec le même détachement feint et avec la même fausse nonchalance !
Je n’ai pas cédé à la réputation de l’avant-dernier livre « Où vas-tu Papa ? » de Jean-Louis Fournier (prix Fémina 2008), réticent aux griffes de l’humour sur le thème d’enfants handicapés. Alerté par le titre, je n’ai pas laissé passer « Poète et paysan » et bien m’en a pris. Ce court récit est une suite de chapitres brefs comme autant de clins d’œil et se lit de même. Jean-Louis Fournier sait capter la poésie dans le regard d’une génisse, le cri du cochon, l’affairement des poules et la danse des canards. L’ humour allège sa condition d’ouvrier agricole qu’il est devenu, après avoir tâté d’études cinématographiques. Il use de sa fourche à fumier et à betteraves - qu’il nomme « fourchet », j’imagine pour dire sa différence de parisien « au teint de navet » parmi les paysans picards au visage rougi par le grand air et le cidre - en fil conducteur d’une histoire farfelue (mais vraie ?) où alternent agriculture et culture essaimées de météo sentimentale. Littérature minimaliste qui se goûte comme un petit vin de soif sous la tonnelle… A consommer sans modération !
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