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La prédation est une réalité incontournable des sociétés du haut Moyen Age. Que l'on pense au sac de Rome par les Wisigoths en 410, au récit du vase de Soissons, aux déprédations vikings des IXe et Xe siècles, ou encore aux razzias incessantes de la guerre féodale, l'histoire de ce temps est traversée de pillages, de captures, de prélèvements de tributs effectués par la force. Associées pendant longtemps à une conception négative du Moyen Age, ces pratiques ont peu intéressé les chercheurs.
Tout au plus s'y est-on parfois penché de manière biaisée, par exemple en étudiant les conséquences des déprédations vikings, hongroises ou sarrasines sur l'Occident chrétien. Cela revenait implicitement à enfermer certaines sociétés, comme les Scandinaves, dans leur dimension prédatrice, alors que l'Occident chrétien ne pouvait être pensé, selon le contexte, que dans le rôle de victime ou de conquérant.
Considérée depuis quelques décennies dans une autre perspective, la prédation est désormais envisagée comme un phénomène économique, politique, social et culturel. Abordant les questions aussi diverses que les formes de partage du butin, la place de la prédation dans la circulation des richesses, l'insertion des captifs de guerre dans les économies locales ou dans les circuits du commerce d'esclaves, l'importance de la prédation dans le fonctionnement du pouvoir, ou encore la manière dont ces sociétés légitiment la pratique prédatrice, cet ouvrage apporte un éclairage nouveau sur cette pratique.
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