La vie est simple pour les pigeons. Ils n'ont pas envie de réfléchir à leur destin et encore moins à comment le prendre en main. Pour être délivrés de toute responsabilité, ils sont même prêts à se soumettre à une autorité forte. Un corbeau cruel et machiavélique n'attendait que ça pour exercer ses dons naturels de tyran. Il fait régner l'ordre mais aussi la terreur et l'arbitraire. Tout le monde y trouve son compte... Une mouette va pourtant contester ce pouvoir et la manière de le gérer. Elle propose un débat et des élections libres. Mais les pigeons ont-ils envie de liberté ? L'utilisation de personnages animaliers évoque évidemment les grands fabulistes et ce récit politico-philosophique imprégné d'humour noir peut en revendiquer l'héritage. Il y est question de démocratie, de manipulation des masses et de libre arbitre. Tout en nous déridant, son auteur, fort de son expérience de dessinateur de presse, réussit à nous questionner, voire à nous bousculer.
Pigeons, De l’usage de la contrainte et du libre arbitre.
Non, vous ne disposez pas de quatre heures pour rédiger votre dissertation. Mais par contre vous disposez d’un petit moment pour découvrir cette étonnante fable mettant en scène un dictateur, une opposante et le peuple.
Le premier est un corbeau dénommé Korbak qui fait régner la terreur sur sa population. Celui-ci est omniprésent, il voit tout, entend tout, ressent tout, dirige tout et a droit de vie ou de mort sur les autres.
La deuxième est une mouette, qui venue de son bord de mer, ne comprend pas bien comment Korbak a pu instaurer une telle dictature à son peuple. Enfin ces derniers, ce sont les pigeons. Nombreux, pour ça ils le sont. Mais ce qui impressionne, c’est leur capacité à ne s’en remettre qu’à Korbak. Ou plus exactement leur incapacité à utiliser leur libre arbitre.
Alors un jour, la Mouette décide de réveiller les consciences des pigeons afin de les éveiller à ce que devrait être leur vie. Mais comment faire pour éduquer cette population ? Tout est une question d’apprentissage.
Alors Mouette va donc partir au devant des pigeons pour leur expliquer qu’il existe dans leur vie d’autres alternatives que de s’en remettre uniquement à Korbak.
La liberté de penser, de parler et d’agir ne s’acquièrent que si on connaît leur existence et surtout si on n’est pas sous la contrainte afin de pouvoir en jouir pleinement.
À travers l’instauration d’élections libres, Mouette va essayer, oui je dis bien essayer, de faire comprendre aux pigeons qu’un autre mode de pensée existe. Mais le parcours vers le libre arbitre n’est pas sans encombre, d’autant plus que les pigeons eux-mêmes s’interdisent d’accéder à cette liberté, qu’on leur offre, n’ayant eu jusqu’à présent d’autre modèle que celui de la dictature et de l’obéissance.
Sous une fausse apparence de simplicité, cet album signé Marc Chalvin nous amène à réfléchir aux nombreux concepts qui parsèment notre vie politique, voire philosophique.
Est-ce qu'acquérir la liberté via des élections ne peut pas effrayer quand on ne connaît que la contrainte et les décisions prises par autrui ?
Voilà une très intéressante interrogation à laquelle réfléchir.
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