Les prêtres sont des anges gardiens très discrets. Il est indispensable de leur donner la parole afin de prendre conscience de leurs états d'âme, leurs analyses, leurs espoirs comme leurs doutes. En nous parlant d'eux-mêmes, de leur façon de nous voir et de nous aimer, ils nous parlent de nous. Ils ont tant de choses à dire sur les rapports humains, sur la vie, sur la mort, sur le bonheur et la souffrance. L'Église, traversée par des séismes liés au comportement pédocriminel et sexuel de certains de ses bergers, broie parfois les âmes qu'elle voudrait sauver. Elle a trop longtemps nié cette évidence malheureuse. Tout groupement humain renferme un pourcentage d'individus qui se comportent en barbares, se laissant dominer par le mal dont nous sommes tous porteurs et que nous sommes libres de choisir en renonçant à lui résister. Mais il n'est pas possible de résumer la communauté de nos prêtres à la minorité capable du pire alors même qu'ils avaient décidé de consacrer leur vie et leur pouvoir de bienveillance à leur prochain. De la même manière, l'Église n'a pas de leçons à donner aux autres cultes, à ceux qui ont préféré d'autres symboles que celui de la croix. Paroles de prêtres est nourri par des textes contemporains : témoignages, lettres, journaux intimes ; s'y rajoutent des textes restituant l'évolution du ressenti des prêtres depuis l'Inquisition ainsi que quelques écrits intimes de gens d'Église qui ont marqué l'histoire, que leurs noms aient été médiatisés ou non. Paroles de prêtres n'est pas un témoignage à charge ou à décharge, c'est une pièce à conviction précieuse sur une institution et sur des hommes qui vivent entre deux mondes.
De la même façon qu’il avait su recueillir la parole des poilus en 1998, Jean-Pierre Guéno se propose de nous mettre dans les confidences des prêtres. Un formidable travaille de recherches intenses et fournies pour nous livrer des témoignages sur de nombreux sujets. Comme par exemple les crises auxquelles l’Eglise catholique doit faire face, on parle de pédophilie, d’éducation sexuelle mais aussi du mariage des prêtres et encore de tant d’autres choses. D’ailleurs la construction de ce livre se fait par des chapitres ayant des thèmes aussi variés que la vocation, le célibat, les femmes, le voile, le mariage bref de multiples sujets qui peuvent s’avérer aussi dur et dramatique que ceux sur le suicide, l’indifférence, le racisme. Un très beau livre avec de très beaux messages à l’intérieur mais aussi un certain revers de la médaille qui pointe les « dysfonctionnements ». L’auteur a su réunir de nombreux témoignages, discours, lettres, extrait de journaux intimes de prêtres connus et inconnus. Dès les premières pages j’ai eu beaucoup d’émotion en lisant l’appel de l’abbé Pierre lors du terrible l’hiver 1954. Si certains chapitres ont l’air d’avoir été survolé, il faut se rappeler que c’est grâce au recueil des uns et des autres qu’ils ont pu se construire alors cela explique peut-être qu’il y ait eu pénurie sur certains sujets sensibles comme l’homosexualité par exemple. Aucun travers de l’institution ne sera oublié, un sorte de mis à plat pour mieux comprendre ce qui se joue et nous faire entrevoir les multiples facettes de cette Eglise qui perdure depuis si longtemps, qu’elle peut apparaître comme archaïque. A l’heure où les prêtes sont sur TikTok, un grand écart entre passé et présent qui semble parfois douloureux. Une revue des états d’âmes de ces hommes engagés dans la prêtrise pour la vie avec ses hauts et ses bas, à découvrir. Bonne lecture.
http://latelierdelitote.canalblog.com/archives/2021/06/12/38964501.html
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