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Premier recueil de son auteur, Oyats restitue le cheminement contrarié d'une parole poétique en quête de son lieu propre.
Divisée en cinq parties qui représentent chacune l'exploration d'un imaginaire singulier, l'oeuvre procède par avancées, ruptures, rechutes et décalages, et englobe ainsi dans son architecture rigoureuse un itinéraire à la fois existentiel et poétique.
Elle exprime en acte la nécessité de rompre pour persévérer, de liquider ses héritages, qu'ils soient fantasmatiques ou biographiques, pour inventer son souffle, sa voix et sa vision.
Le recueil part de la Steppe - sa première partie -, c'est-à-dire d'une fascination à la fois livresque et concrète, fantasmée et sensorielle pour les plaines de l'Extrême-Orient. En une suite de poèmes de forme libre se déploie une caravane d'images primitives qui s'évanouissent à peine surgies. L'auteur s'abandonne ici à l'élan de la fable, du mythe, de l'épopée, c'est-àdire à un exercice rituel de l'imagination dont elle semble constater tout à la fois l'éblouissement et la gratuité.
La deuxième partie, intitulée Claustro di silencio (ou « cloître de silence ») fait taire cette exaltation des grands espaces pour se restreindre à l'arpentage d'un espace concerté. Elle prend acte d'une sorte de désabusement de l'imaginaire, qu'elle tente de contenir par une déambulation patiente dans une enceinte close et blanche : quatre séries de quatre poèmes de forme plus stricte définissent son architecture.
Cependant, la voix qui parle ici ne saurait résister longuement à l'appel de l'ailleurs. Après le « coup de canif » que marque le poème isolé et sans titre de la troisième partie, elle cède à nouveau au déferlement d'images et de légendes, qui ne sont toutefois plus les visions ancestrales de l'épopée, mais les réminiscences tour à tour insouciantes et cruelles de l'enfance.
Dans cette quatrième section, Les grandes salaisons, deux séries de poèmes libres font revivre sur le mode intime les paysages natals du bord de mer et le spectacle de la maladie et de la mort d'un proche.
Quoique d'une étoffe plus rêche, cette nouvelle trame d'images pourrait s'achever sur une nouvelle rupture, une nouvelle aporie. Or elle ouvre la possibilité d'une nouvelle voix, d'un nouveau souffle qui s'épanouit dans la cinquième et ultime partie du recueil, intitulée L'invention des poumons.
Au terme de ce double itinéraire existentiel et poétique, voici donc que s'essaie une parole qui se choisit pour soeurs Anna Akhmatova, Alejandra Pizarnik, Marina Tsvetaeva ou encore Emily Dickinson. Cette recherche s'accompagne d'une transformation de l'écriture et de la forme, manière de poursuivre après les impasses successivement rencontrées.
Le recueil doit son nom à des plantes, les oyats, qui ont pour caractéristique de se briser au vent afin de s'enraciner et proliférer plus loin sur le littoral. Ces plantes forment des rhizomes souterrains étendus sur de grandes distances et donnent naissance à de nouvelles pousses aériennes - radicelles pareilles à ces réseaux d'associations qui relient les différentes parties du livre, donnant à sa cohérence à cet ensemble d'une grande diversité d'inspiration, et signalant la temporalité lente, endurante et silencieuse dont l'écriture a dû faire l'épreuve.
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