Thomas Steren est ce que l'on appelle un intellectuel précaire qui vit d'expédients vaguement littéraires (corrections, négritude) dans les bas-fond de la culture parisienne. Obsédé par Heinrich Reiss, compagnon imaginaire de Schopenhauer, auquel il a autrefois consacré une thèse, cet éternel adolescent souffrant d'une maladie rare qui ronge ses testicules vit en sous-location et sans papier d'identité. Un jour, il tombe sur une annonce improbable dans les pages perso de Libé : il s'agit de devenir le " coach culturel " d'un richissime homme d'affaires hongrois. Orémus Szabo, résolument mafieux et désireux de briller en société mais inculte au point d'ignorer que L'Angélus de Millet n'est pas une marque de montre suisse, lui propose d'avoir des loisirs à sa place ! Contre des appointements confortables il devra lui rédiger des fiches sur la dernière pièce de théâtre incontournable ou l'exposition dont parle le tout-Paris. Très vite, entre le professeur employé et l'élève patron, une véritable relation sado-maso se noue, plongeant le pauvre Thomas dans les abîmes d'une paranoïa nourrie par sa passion pour les films de gangsters. Afin de se libérer de cette emprise malsaine, il écrit un essai sur la folie meurtrière sous forme d'apologie de la tuerie spontanée.
Le livre devient rapidement un best seller, mais un succès fondé sur ce genre de propos attire forcément toute une faune hétéroclite et inquiétante.
Convaincu à juste titre qu'on cherche à le manipuler, à dessein de galvaniser par ses discours de potentiels kamikazes, il envisage de s'enfuir dans une île déserte. C'est alors qu'un agent du Mossad le recrute pour infiltrer le réseau d'Houfaïdi. Il accepte de risquer sa peau en échange d'un médicament miracle fourni par les services de renseignements israéliens et qui peut guérir ses gonades douloureuses. Entre réalisme social et roman d'aventures, le premier roman de Mikaël Hirsch frappe par sa virtuosité scénaristique et stylistique. Il séduit en outre par des considérations aussi justes qu'hilarantes sur l'époque et la société du spectacle.
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