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« Pendant longtemps, pour se souvenir des nombreux enfants qui n'ont pas pu grandir, il n'y avait rien. Rien pour dire qu'ils avaient été tués parce que nés juifs, ni même pour dire qu'ils avaient vécu, qu'ils avaient ri, joué et pleuré... Comme s'ils n'avaient jamais été là. » Rachel Jedinak a survécu à la première rafle du Vél'd'Hiv, en juillet 1942. Ses voisins, ses cousines ou ses camarades de classes, eux, n'ont pas eu sa chance. Après s'être battue pendant des années pour faire apposer, dans les écoles, collèges et lycées, des plaques aux noms de ces élèves oubliés, elle leur rend ici un dernier hommage.
Dans ce récit, tendre et délicat, elle raconte les parties interminables d'osselets sur les trottoirs, puis les camarades de classe qu'on regarde jouer dans le jardin public où l'on n'a plus le droit d'entrer. Et enfin, les traques, les rafles, les petits qui hurlent de chaud dans la Bellevilloise puis la fuite. Rachel Jedinak nous dit finalement la guerre de la plus universelle des langues : celle des enfants.
Rachel Jedinak a 84 ans. Elle préside le comité Tlemcen qui, depuis plus de vingt ans, se bat pour le souvenir des enfants disparus.
Quelle belle vie que celle de Rachel et de sa sœur Louise dans les rues de Ménilmontant en 1936..elle a deux ans et demi, n'a pas envie d'aller à l'école maternelle, fait des caprices tous les matins; elle finit par obéir, apprend à lire grace à sa grande sœur, joue avec ses copains et copines du quartier, Manu, fils de refugié espagnol ou bien Fanny ou encore bien d'autres. Elle joue aux osselets, monte et descend les escaliers, vit dans son petit village et en profite pleinement..tout va bien pour elle et pour sa famille. Tous parlent français, vont à l'école, travaillent mais une fois rentrés ils s'expriment dans leur langue d'origine. Chez elle,c'est le yiddish..ah oui j'ai oublié de le spécifier, ils sont juifs, juifs polonais, chassés de leur pays par les progroms des années 1910.
Ils vivent tous ensemble, ou peu éloignés de leur famille en France, à Paris .
1939..tout change, les bruits courent puis la guerre est déclarée , le père, toujours polonais et non naturalisé part combattre les nazis ; l reste de la famille survit, participe à la débacle, quitte leur village et revient..faute de refuge.
Je ne raconterai pas l'histoire, nous la connaissons, famille détruite, décimée, restent les deux sœurs et les grands parents, une vie à reconstruire qu'elles vivront sur deux continents différents, chacune avec son vécu de survivante propre, mais avec un but commun..se souvenir et apprendre aux autres l'horreur de la Shoah.
Rachel , en France, commencera en 1995 à raconter, a transmettre, libérée enfin par Jacques Chirac de l'interdiction de parler , la honte de se taire et le désir de faire comprendre..
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