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Le problème quand on voyage avec un auteur mort depuis plus de quatre siècles, c'est que le monde que l'on traverse n'est plus tout à fait le même. C'est en 1580 que Montaigne entreprend son célèbre Voyage en Italie et de toute évidence, en 2019, lorsque Lou Sarabadzic part sur ses traces pour suivre les mêmes étapes, l'Europe a beaucoup changé. Littéralement, les frontières ont bougé. Le tourisme de masse revisite à son tour l'antiquité gréco-latine, et les réseaux sociaux les guerres de religion.
De nos jours, c'est le low cost à toutes les sauces et la liberté de circulation qui prévalent. Mais au fond qui voyage ? Et pourquoi ? Contrairement à Montaigne, à qui elle s'adresse comme à un vieux pote avec qui on part faire un road trip, Lou Sarabadzic est une femme. Et elle voyage seule. Mine de rien, ça change tout. Quand l'auteur illustre de la Renaissance était reçu par les puissants et secondé d'un secrétaire qui écrivait son Journal à sa place, l'autrice du troisième millénaire est quelqu'un à qui l'on demande systématiquement de justifier sa démarche, de préciser si son copain l'y autorise, ou si ça ne lui dirait pas de faire plus ample connaissance...
Comme on le dit dans la langue du tourisme : Lou Sarabadzic a fait l'Italie, en passant par la France, la Suisse et l'Allemagne. En cela, elle a défait Montaigne. Avec beaucoup d'humour, elle dépoussière la figure de l'auteur classique pour le montrer plus proche de nous. S'il avait vécu à notre époque, n'aurait-il pas twitté lui aussi ? Que penserait-il du réchauffement climatique ? Entraîné par cette énergie, boosté par le bouleversement temporel qu'implique une telle rencontre, Notre vie n'est que mouvement donne au récit de voyage une forme d'aventure pop qui lui va comme un gant.
« La machine ronde ». Une inscription dans le mouvement du monde.
« L’Europe de Montaigne à l’heure du tourisme de masse. »
Déambulation littéraire, nourricière, « Notre vie n’est que mouvement » est la croisée des chemins fondamentaux. Lou Sarabadzic, boussole microcosme en main, part en voyage. Pas n’importe lequel. Il est midi, l’heure pleine des décisions. Relier, point à point, point à temps, le pas emblème de Michel de Montaigne. Dans notre contemporanéité à l’allure d’un cheval au galop, l’enjeu est grand. Ne doutez-pas, il est fabuleux et réussi. Le tourisme retourne sa carte et offre à Lou Sarabadzic l’envers du décor. Ce périple est initiatique. Lou Sarabadzic relie l’année 1580 fait rouler la balle régénératrice jusqu’en 2019.
« Le voyage en Italie » de Montaigne dans l’aube d’un contre-pied au tourisme superficiel, éphémère, troupeau de moutons dans un même parcours géographique, n’apportant que le mimétisme et le conformisme. Tourisme de masse, file indienne, les uns derrière les autres : être en vacances. Ici, c’est l’autre versant, la ronde originale, atypique, osée et symbolique. Lou Sarabadzic foule l’espace-temps, l’amplitude des retrouvailles littéraires. Marcher dans les empreintes de Montaigne. Hédoniste, voici notre belle, en ferveur des signes, croque dans la pomme. Un seul quartier pour la faim.
Pour un circuit de deux mois tout juste, pas un jour de plus et plus de quarante destinations, je reste souvent une seule nuit où je m’arrête. Voilà peut-être la plus grande différence entre nous. »
La France, la Suisse, l’Allemagne, Lou Sarabadzic taille les aspérités. Tourne les aiguilles d’une pendule à contre-sens. Cherche sa place entre le conditionnement moderne : Low cost, vivre de peu, être dans le spartiate, manichéenne attitude, labyrinthe où l’ombre de Montaigne s’étonne de la force de notre itinérante. Lou Sarabadzic imagine Montaigne dans l’orée de ce présent. Chaque jour la cueillette est fructueuse et apprenante. Lou est dans le cercle, étonnamment lucide et altière. Des médiathèques où les livres révèlent les secrets, Montaigne est entre ses mains.
« A en juger par le ton assuré de ton « journal » tu aurais surtout noté les monuments et les chemins sur TripAdvisor, les auberges sur Booking.com. Tu n’aurais pas fait de cadeaux. » « Sur la plaque de marbre accolée à la façade d’un bâtiment, j’apprends l’histoire de la place des Vosges. »
Lou Sarabadzic relève le défi. Elle parle à Montaigne, femme en solitude, seule voyageuse, la rencontre est certifiée.
« Quand je lisais Super Picsou géant je rêvais d’être Popop, testeur d’oreiller en plumes de thon. Maintenant je rêve d’être toi, Michel de Montaigne, et de me retirer dans une tour pour lire et dormir à mon aise. »
Écrire en résidence itinérante, attentive avant même la ligne de départ. Le voile s’élève et formule l’autre langage. Le télescopage entre le Montaigne d’avant et celui d’aujourd’hui.
« Une fois proche, je t’ai vu te que tu étais : décomplexé. Ton statut t’y a aidé. » « Je t’ai trouvé drôle, hanté, décontracté ; là où je te pensais guindé, orgueilleux et fier. »
« Je voudrais qu’on parle de toi, l’Européen, à l’heure où certaines frontières menacent d’être restaurées. A l’heure où des milliers de gens continuent d’être repoussés, malgré l’accumulation des tragédies, plus loin encore que ce territoire forteresse. »
Lou Sarabadzic est une passerelle. Sans elle, sans son périple existentialiste, fusionnel, le liant n’aurait pas acté la révolution intérieure. Elle prouve que le mouvement est le papier calque de nos élévations. Rien n’est figé pour qui voyage avec sens, quête et volonté. L’homme d’avant, celui qu’il serait dans notre contemporanéité, celui devenu. Trois pas, une résidence littéraire éclairante et perfectionniste, un voyage de haute voltige pour nous tous ! Publié par les majeures Éditions Publie.Net.
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