« Nos nuits courrielles » est un roman épistolaire, sur Internet. Vincent, écrivain, vient d'être quitté par Jeanne, la femme qu'il aimait passionnément. Comme une bouteille à la mer, il lance un SOS à Lucie, une de ses lectrices qui lui avait envoyé un mail pour lui dire combien son dernier livre l'avait émue. À son grand étonnement, celle-ci répond à son message. Elle-même possède sa part d'ombre et de fragilité. Tous deux chahutés par la vie, ils deviennent les anges gardiens respectifs de leurs émotions et de leurs sentiments. Ils s'écrivent, se cherchent, se rencontrent parfois. Mais parviendront-ils jamais à s'apprivoiser un jour, tant ils se méfient de l'amour et de ses cahots ? Au fil des mois, leurs échanges, nocturnes essentiellement, les dévoilent l'un à l'autre et deviennent la trame d'un livre en train de s'écrire. Un jour, par défi, ils forment en effet le projet de publier leur correspondance. Le récit, principalement constitué de leurs messages, est entrecoupé de passages narratifs où Vincent commente, s'interroge, se livre...
Vincent est sous le choc : il ne s’attendait pas à ce que Jeanne le quitte pour un autre. Tout à son art – il est écrivain –, il ne s’est pas méfié. Machin était un « accident de parcours », Jeanne ne voulait pas perdre Vincent… Et Jeanne est partie avec Machin.
Quelques mois plus tôt, quand Vincent reçoit un mail de Lucie, une de ses lectrices, il est flatté. Pas troublé, non, son cœur est pris. Mais lorsque, le matin de Noël, il se retrouve en proie à sa solitude, il décide de faire plus ample connaissance avec Lucie. Il a besoin d’écrire, de parler, de se confier à quelqu’un, lui dit-il. Et est convaincu qu’elle ne lui en voudra pas de s’épancher de la sorte. Elle ne tarde pas à lui répondre, et commence alors une belle correspondance entre ces deux inconnus.
On sent le plaisir de l’auteur à décrire chacun des sentiments qui, tour à tour, habite ses personnages. La déception, le remords, le regret, l’espoir, le doute, la crainte… La rencontre de Vincent et Jeanne n’est pas si simple. Tous deux essuient un échec sentimental bien différent. Mais si lui semble vouloir se jeter à corps perdu dans tout ce qui ressemble à l’amour, elle se montre plus réservée, plus réticente, et souvent moins loquace. Et pour cause : Jeanne est mariée. C’est là que le bât blesse : l’ (absence de ?) morale des personnages est venue heurter la mienne. Quelle que soit la joliesse de leurs échanges, ni l’un ni l’autre n’a su me soutirer un peu d’empathie. Sans affinités avec les personnages, le plaisir n’est pas le même…
Si le fond, me concernant, est discutable, la forme, elle, est très agréable: Nos nuits courrielles est un bel exercice de style, poétique et délicat.
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