Insoutenable et comique, burlesque et bouleversant, tel est le deuxième roman d'Adam Zameenzad. Comment concilier ces adjectifs apparemment inconciliables, ces atrocités et l'humour, sinon en montrant ces scènes d'horreur - tortures, massacres, famine africaine - à travers les yeux d'un enfant, Kimo, le narrateur, élevé dans un petit village africain à notre époque, en pleine brousse oe
Le livre se présente comme une chronique de la vie quotidienne de Kimo et des ses amis, Matt le futé, sorte de titi africain, roi de la débrouillardise et de la ruse, et Hena, qui au fil de cette chronique, sera contrainte de se prostituer en ville pour assurer sa subsistance.
Parmi les personnages secondaires, on peut citer Grand-maman Gros-seins, oracle de sagesse populaire, grande adepte de la Danse des Esprits, et puis tous ces figurants qui symbolisent l'irruption de l'Histoire dans le mode de vie ancestral du village : non seulement les soldats de diverses factions, qui rivalisent de cruauté pour s'assurer un pouvoir précaire, mais aussi les
blancs : missionnaires coincés, journalistes et équipes de cinéma qui viennent « couvrir » la famine, sans oublier les membres des organisations caritatives.
Voici la vraie « Afrique fantôme », mais c'est aussi La guerre des boutons revue par les quatre cavaliers de l'apocalypse ; tout cela grince affreusement, et c'est une réussite littéraire doublée d'une prise de position éthique irréprochable. L'originalité du livre de Zameenzad est de réussir à faire passer le lecteur du rire aux larmes, à provoquer son indignation tout en écrivant un livre tendre. Du jamais vu.
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