Disponible en poche, un roman ample et bouleversant sur la ségrégation américaine contemporaine
Depuis qu'il a composé le 911, le gérant pakistanais de la supérette de Franklin Heights, un quartier au nord de Milwaukee, ne dort plus : ses cauchemars sont habités de visages noirs hurlant « Je ne peux plus respirer ».
Jamais il n'aurait dû appeler la police pour le billet de banque suspect que lui a tendu dans la pénombre un type grand et baraqué pour régler son paquet de cigarettes, même si c'est la loi. S'il avait pris le temps de réfléchir, et s'il avait reconnu l'ancienne gloire locale du football américain, il se serait évidemment abstenu. La règle, quand on est musulman, et pas dupe de ce qui se passe entre la police et les noirs, c'est plutôt de ne pas s'attirer d'ennuis. Mais il est trop tard, et c'est par les medias du monde entier que lui a été révélée l'identité de son client de passage, de même que les détails de sa mort atroce, étouffé par le genou d'un flic à la tête de Kojak.
La figure d'Emmett, l'homme assassiné, va se dessiner à travers les différentes voix qui s'élèvent tour à tour, succédant au monologue tourmenté du commerçant. Son ancienne maîtresse d'école, accablée en apprenant le décès d'une nouvelle victime de la violence policière et raciste, reconnaît avec stupeur dans le visage apparu à l'écran les traits du gamin grassouillet et empoté qu'elle avait pris sous son aile. Il l'avait vite attendrie, dans cette école du ghetto noir où elle avait préféré enseigner plutôt que dans le quartier propret de ses origines. À quoi ont donc servi tous les combats menés dans les années soixante et soixante-dix ? se demande-t-elle désormais. Authie, l'amie d'enfance d'Emmett, née comme lui en 1975, ainsi que Stokely, le copain dealer, se souviennent du trio inséparable qu'ils formaient - on les appelait les trois mousquetaires - jusqu'à ce qu'Emmett parte étudier ailleurs. Enfant élevé par une mère très pieuse, après que le père, chassé par la désindustrialisation, eut quitté la ville pour ne plus y revenir, il n'a jamais cédé à l'argent facile, malgré les difficultés matérielles. Bon gars, dont Authie - qu'il surnommait « Shorty », sa sister - a toujours été un peu amoureuse, il filait droit, tout à sa passion pour le football.
C'est sans doute son talent pour ce sport qui lui a permis d'obtenir la bourse d'une université du Sud-Ouest pour un cursus d'informatique, même s'il n'avait jamais brillé en mathématiques. Mais intégrer une équipe universitaire lui permettrait, du moins l'espéraitil, de passer professionnel. Là-bas, son coach l'accueille comme un fils, l'encourage, lui donne confiance en lui. Sa fiancée de l'époque, une gracieuse jeune fille, blanche aux cheveux clairs, a été frappée elle aussi par le manque d'assurance de ce grand gaillard, pourtant devenu la star du campus. Tout lui sourit, jusqu'à l'accident qui l'immobilise quelques mois... Son coach lui conseille de redoubler son année. Influencé par un entourage avide, il préfère tenter d'intégrer trop tôt la sélection.
L'échec fait basculer son destin.
De retour des années plus tard à Milwaukee, c'est un homme contraint de collectionner les petits boulots, toujours harassé, que décrit son ex-femme, qui l'a quitté, pensant qu'elle méritait mieux. Et c'est Granny Martha, sa mère toujours aimante, toujours fidèle, qui a élevé ses trois enfants.
Louis-Philippe Dalembert a entrepris l'écriture de cet ample et bouleversant roman immédiatement après la mort de George Floyd, en mai 2020. Son personnage porte le prénom d'Emmett Till, un adolescent assassiné par des racistes dans le Sud en 1955, et rend hommage à toutes les victimes, à tous ces êtres humains à propos de qui Ma Robinson, l'ex-gardienne de prison devenue pasteure, rappelle pendant les funérailles la phrase de « ce bon vieux frère Langston Hugues, «moi aussi, je suis les États-Unis» ».
Car la force de ce livre, c'est de brosser de façon poignante le portrait d'un homme ordinaire que sa mort terrifiante a hélas sorti du lot. Avec la verve et l'humour qui lui sont coutumiers, l'écrivain nous le rend aimable et familier grâce à mille détails et anecdotes de son quotidien, de même que par les témoignages d'amour et d'affection qu'il a suscités de son vivant.
Disponible en poche, un roman ample et bouleversant sur la ségrégation américaine contemporaine
Un parfum de rentrée littéraire flotte sur vos dernières pépites !
Coup de cœur pour ce roman témoignage. Louis Philippe Dalembert a su nous délivrer les mots justes et qui font de ce roman un récit poignant, nécessaire à notre humanité pour comprendre le chemin parcouru depuis l'esclavage des noirs jusqu'à nos jours, oû des jeunes noirs américains meurent étouffés sur le bitume sous le joug de la police étasunienne par le seul fait de leur couleur de peau et de l'urgence d'être, humains, ensembles, avant tout autre chose. Un roman puissant comme un bon vieux blues qui t'essore le cœur mais pousse l'espoir à te rendre vivant.
J'ai eu un peu de mal à rentrer dans ce roman mais la magie de la plume de Louis-Philippe Dalembert a opéré.
Plus qu'une fiction, plus qu'un roman, cette œuvre m'a déroutée mais, en étant allée au bout, j'ai compris le choix de le construction narrative. J’ai apprécié la justesse des situations, on se représente bien la réalité de la vie des personnages.
Si le personnage d’Emmett, ensemble de plusieurs victimes du racisme, peine tout d'abord à prendre forme, les voix multiples de ce roman finissent par lui donner une épaisseur sans que jamais il n'intervienne dans la narration. Le rejet, la violence, la pauvreté noire-américaine… autant de sujets qui apparaissent ici, en filigrane, derrière l'hommage à George Floyd, à Emmett Till et aux autres.
Merci à lecteurs.com de m'avoir offert ce roman.
Un livre réaliste qui nous renvoie à une triste actualité que personne n'a ou ne peut oublier.La narration est différente, donc déroutante, d'un épisode à l'autre mais je pense que c'et voulu pour mieux coller aux personnages et aux endroits de vie.
J'en ai pas décroché. Superbe livre mais il faut suivre car ça part un peu dans tous les sens.
Lecteurs.com m'a fait gagner ce roman. Reçu juste avant le week-end, je referme ce livre bouleversée par la puissance d'un écrivain talentueux qui sait mettre des mots sur le réel de la ségrégation américaine contemporaine. Le tragique et la violence sont mis à distance par une succession de prises de parole de personnages plus vrais que nature.
Au travers les regards des proches, j'assiste a la destruction d'une vie.
L'histoire :
Depuis qu’il a composé le 911, le gérant pakistanais de la supérette de Franklin Heights, un quartier au nord de Milwaukee, ne dort plus : ses cauchemars sont habités de visages noirs hurlant « Je ne peux plus respirer ». Jamais il n’aurait dû appeler le numéro d’urgence pour un billet de banque suspect. Mais il est trop tard, et les médias du monde entier ne cessent de lui rappeler la mort effroyable de son client de passage, étouffé par le genou d’un policier. Le meurtre de George Floyd en mai 2020 a inspiré à Louis-Philippe Dalembert l’écriture de cet ample et bouleversant roman. Mais c’est la vie de son héros, une figure imaginaire prénommée Emmett – comme Emmett Till, un adolescent assassiné par des racistes du Sud en 1955 –, qu’il va mettre en scène, la vie d’un gamin des ghettos noirs que son talent pour le football américain promettait à un riche avenir. Son ancienne institutrice et ses amis d’enfance se souviennent d’un bon petit élevé seul par une mère très pieuse, et qui filait droit, tout à sa passion pour le ballon ovale. Plus tard, son coach à l’université où il a obtenu une bourse, de même que sa fiancée de l’époque, sont frappés par le manque d’assurance de ce grand garçon timide, pourtant devenu la star du campus. Tout lui sourit, jusqu’à un accident qui l’immobilise quelques mois... Son coach, qui le traite comme un fils, lui conseille de redoubler, mais Emmett préfère tenter la Draft, la sélection par une franchise professionnelle. L’échec fait alors basculer son destin, et c’est un homme voué à collectionner les petits boulots, toujours harassé, qui des années plus tard reviendra dans sa ville natale, jusqu’au drame sur lequel s’ouvre le roman. La force de ce livre, c’est de brosser de façon poignante et tendre le portrait d’un homme ordinaire que sa mort terrifiante a sorti du lot. Avec la verve et l’humour qui lui sont coutumiers, l’écrivain nous le rend aimable et familier, tout en affirmant, par la voix de Ma Robinson, l’ex-gardienne de prison devenue pasteure, sa foi dans une humanité meilleure.
Un roman chorale pour évoquer la mort d'Emmet, homme noir étouffé par le genou d'un policier blanc devant le monde entier. Son institutrice, son amie d'enfance, le commerçant qui a appelé la police pour un soupçon de faux billet et tant d'autres personnes l'ayant côtoyé évoquent l'homme, son enfance, les circonstances qui l'ont mené là et surtout l'âpre réalité de la société américaine qui produit ce type de faits divers. Touchant, intéressant, juste et surtout nécessaire, c'est un très beau roman!
Merci à Lecteurs.com et aux éditions Points de m'avoir permis la lecture de ce très bon roman. Un gérant de superette de Franklin Heignts ,un quartier de Milwaukee appelle la police à cause d'un faux billet qu'il vient d'encaisser d'un noir américain sans savoir qu'il vient de lui causer sa perte puisqu'il va mourir asphyxié sous le genou d'un policier lors de son interpellation . Il s'appelait Emmett et ses amis ,chacun à leur tour ,vont nous raconter sa vie .Finaliste mérité du Goncourt 2021.
Merci tout d abord de m avoir offert ce roman.
L histoire : Emmet est mort comme Georges Floyd.
Ceux qui l ont connus dressent le terrible parcours de cet homme issu des ghettos noirs de Milwaukee.
Il atteint l enseignement supérieur grâce à des dons exceptionnels de footballeur.
Mais un accident le renvoie dans la pauvreté de son quartier déshérité.jusqu à son drame 20 ans plus tard.
Roman intelligent et sérieux avec une certaine perspective d espoir.
Une belle lecture pour un beau roman.
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