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31 ans, célibataire, journaliste, très indépendante et un peu à la marge, Nikki Eaton n'a jamais prétendu ni voulu se vivre en fille modèle. Sa mère l'agacerait plutôt, avec sa vie trop lisse, son caractère trop confiant, et sa réprobation de la liaison qu'entretient Nikki avec un homme marié. Wallace Szalla, dit Wally, riche, (localement) célèbre et follement amoureux, a pourtant promis de se rendre libre au plus vite.... N'empêche, Gwen souhaiterait que Nikki ressemble davantage à sa soeur Clare, l'incarnation apparente, avec son époux Rob, du couple idéal (même si le comportement de leurs enfants suscite un doute à ce propos). Un couple consterné lui aussi par l'attitude volontiers hors normes de Nikki à l'égard de l'existence et les défis qu'elle ne cesse de lui lancer.
Or, deux jours après la célébration d'une Fête des mères particulièrement conventionnelle et (pour Nikki) singulièrement irritante, Gwen Eaton est assassinée. Ce drame atterrant non seulement amène un bouleversement des rapports entre les deux soeurs, mais surtout marque le début d'un virage à 180 degrés chez Nikki. Tandis que Clare, toujours pratique, s'attaque avec plus ou moins de bonheur aux problèmes matériels engendrés par cette disparition brutale, Nikki, submergée par un chagrin dont elle ne se croyait pas capable, va s'attacher à faire revivre sa mère à travers les souvenirs des amis de Gwen et les siens propres. Au cours d'une tumultueuse première année de deuil, la jeune femme va, peu à peu, en redécouvrant qui était en vérité sa mère et les étonnants secrets qu'elle portait, se retrouver ellemême. Et rencontrer enfin, là encore d'une manière inattendue, un amour véritable.
Un roman infiniment attachant, inspiré à l'auteur par la disparition de sa propre mère, mais aussi une autre percutante démonstration du talent de Joyce Carol Oates.
Un très beau roman, que nous délivre « Joyce Carol Oates », et qui nous concerne tous, sur les non-dits, éludés des années durant, avec notre mère. Il n’est pas question de mettre en question, l’attachement de l’amour maternelle, de son dévouement sans limite, mais de la connaissance de la femme avant celle de mère. D’abolir cette frontière et d’en tirer la quintessence d’une relation privilégiée qui dure et sur laquelle, nous repoussons, parfois, la discussion sur sa vie. Bref, à notre tour de l’écouter afin d’éviter de possible regrets. Le vent des mots doit effacer le brouillard des incertitudes. Car les notions : de frustration et de culpabilité, avec le temps, augmentent, et ne seront plus possible à effacer.
Gwen Eaton mène une vie convenable. Mère de deux filles : Clare l’aînée, si suffisante, si sûre d’elle, que pour Nikki Eaton la cadette, elle lui paraît plus forte quelle, tellement plus capable, plus responsable. L’auteure relate la compétition entre les sœurs, pour leur façon de vivre leur couple, leur façon de s’occuper de leur mère, leur façon de s’intégrer dans la société.
Jusqu’à ce jour néfaste, où leur mère est assassinée ! Et là, les langues se délient et apportent aux sœurs la découverte de secrets éparpillés, qui dévoilent, à leurs grandes surprises, des aspects inattendus de leur mère.
Parvenir à faire la paix avec soi-même, éviter de se flageller et garder toujours à l’esprit les délicieux moments de sa tête sur les épaules de sa mère. Tout cela pour dire, mon profond plaisir, comme à l’accoutumée, de lire avec ferveur les mots ciselés de « Joyce Carol Oates » sur un sujet intemporel. Une histoire que chacun interprètera avec sa personnalité, sa sensibilité mais ne pourra oublier.
Nicole Eaton (Nikki) la narratrice âgée de trente et un ans, se souvient de ce 9 mai 2004, journée de la fête des mères. La famille s’était réunie chez la sienne, Gwen (« la plume ») à Mount Ephraim, en présence de quelques ami(e)s de cette dernière. La soeur ainée de Nikki (Clare, âgée de trente-cinq ans) était également là, accompagnée de Robin, son (sexy) mari et ses deux enfants, Lilya et Foster … Deux jours plus tard, Gwen Eaton (cinquante-six ans) disparaissait … De façon aussi brutale que tragique !
La mort de leur père, Jonathan (à l’âge de cinquante-neuf ans) d’une crise cardiaque (en 2000) avait été difficile pour leur mère et elles-mêmes … Celle de Gwen – quatre années plus tard – fut un véritable tsunami !
Secrets de famille et non-dits. Jalousie et rancoeur entre les deux soeurs (chacune croyant sa « rivale » plus choyée …) Complexité d’accéder à un « amour parfait » illusoire … Nikki va replonger (durant cette sorte « d’année sabbatique ») dans de nombreux souvenirs d’enfance et d’adolescence … Ainsi que dans le passé caché de leur mère … Avant de se décider à faire le ménage dans son présent, qu’elle estime soudain bien peu flatteur …
Une analyse des sentiments humains particulièrement brillante ! De celles que Joyce Carol Oates a l’habitude d’offrir à ses lecteurs. J’ai été profondément touchée par ce (cruel ?) récit. Gros coup de coeur pour ce beau roman, qui restera très probablement un de mes préférés de l’auteure !
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