Sous l'histoire civile des peuples, Paul Broca (1824-1880) vise l'histoire naturelle des races. Au chaos inextricable des mélanges, souligné par Gerdy puis par Gobineau, il confronte en pensée la pureté des types primitifs, restaurés dans leur différence physique, intellectuelle et morale inaltérables. L'anthropologie du XIXe siècle doit à Paul Broca les instruments de sa pratique et l'outillage mental de sa théorie. Pour l'ethnologie naissante, la détermination des races devient, avec Broca, un moyen en vue d'une rationalisation supérieure. L'anthropométrie aura pour tâche d'objectiver les différences libérées par la quantification de l'impressionnisme vague que Broca reproche à ses prédécesseurs. Cherchant sous les désordres de l'histoire civile l'ordre naturel des choses, il postulait la nécessaire permanence des races et leur distinction primordiale. Abandonnant, à la fin de sa vie, tout a priori phrénologique, la problématique raciale de Broca consacrera finalement la forme architectonique du déterminisme cérébral que son libéralisme - tardif - prétendait éconduire.
Préface de Claude Blanckaert
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