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Être amoureuse, follement, comme on peut l'être à vingt-cinq ans, et finir par être abandonnée. Connaître les doutes, les mensonges, les lâchetés, la jalousie. Histoire fatale et banale, familière. Celle des romans d'amour.
Celle des amoureuses de tous les livres. C'est à la fois l'histoire de la narratrice du roman de Louise Chennevière, et l'objet de sa révolte. Une jeune femme indépendante, soucieuse de vivre sa liberté, se retrouve pourtant prise au piège d'une passion ardente et d'une rupture, du cliché historique et littéraire de la passion. Tout le long d'une nuit, douloureuse, cathartique, elle repasse une dernière fois par tous les souvenirs, raconte, ressasse son obsession, éprouve jusqu'à son point limite l'absence. Elle écrit, pour tout à la fois, pallier le manque et l'accepter, pour oublier et se souvenir, célébrer l'absent et le détruire, l'enterrer, l'enfouir dans un mausolée de mots. Cette voix, parfois lyrique, parfois clinique, rejoue et traverse tous les lieux communs du délire amoureux, s'inscrivant dans la lignée des plaintes des amoureuses de la littérature. Une voix qui se sait héritée, construite, contre laquelle la narratrice se rebelle, mais contre laquelle, aussi, elle ne peut rien. Et tout au bout de la nuit, le livre impossible est là : un roman d'amour, malgré tout.
Voici l’article le plus court de ma vie de chroniqueuse littéraire : 5 minutes de rédaction, 48 secondes de lecture pour un roman sur la passion amoureuse et la séparation. Un texte plat dans le fond et la forme qui peine à produire une quelconque émotion, avec des jeux de ponctuation prétentieux et faussement profonds du genre : « sans oser le moindre geste, de peur que tu ne te réveilles, et qu’alors tu. »,« … j’ai presque cru que tu ne te réveillerais pas, que tu allais passer la nuit près de moi, rester encore le matin, et. », allez, deux autres pour la route : « Alors, je. », « Toujours, tu. Arrivais par la droite...»
Mais personne n’a osé lui avouer, chez P.O.L, que c’était vraiment ridicule ces trucs-là, et complètement dépassé? Non, franchement, là, il faut le dire : quel est l’intérêt de publier un texte comme celui-ci ?
Autrement, il y a « Passion simple » d’Annie Ernaux.
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Elle l'a aimé passionnément, éperdument, à en souffrir. Mais il n'est pas question d'en mourir tant ce texte palpite de vie, d'un souffle suspendu à l'écriture du mot juste, à l'alignement de phrases qui s'épuisent parfois avant de repartir gonflées d'une toute nouvelle énergie. On peut y prendre le pouls de l'amoureuse, sentir vibrer la passion dans toute sa splendeur puis son effondrement. Car de cette histoire simple, Louise Chennevière sublime la veine littéraire pour livrer une magnifique bataille des sentiments.
"Car le temps et le monde jamais ne nous attendent, ne se soucient pas de ça, car les choses toujours commencent et finissent, se lèvent et s'effondrent, car il faut avancer et qu'on ne peut pas se tenir pour toujours à l'heure d'une minable, d'une ridicule peine d'amour. Quand on est libre et qu'on a, la vie devant soi".
Comment se bat-on avec la passion, la dépendance, le chagrin d'amour, lorsque l'on est une jeune femme indépendante, forte, prévenue par ses lectures "depuis toute petite" que les romans d'amour finissent toujours mal ? Quand on ne veut surtout pas du destin de ces héroïnes de papier qui finissent "éperdues et abandonnées" ? On prend la plume, on fouille au plus profond des émotions et des sensations, on recrée, on raconte. On porte la plume là où ça fait mal, tout en construisant une sorte de remède à l'oubli, ce mausolée de papier dans lequel reposera la dépouille de cet amour perdu mais si intense, si constitutif de ce que l'on est et de ce que l'on sera après. Dans ce livre, un livre s'écrit qui ne sera jamais terminé, dédié à un seul lecteur qui ne le lira jamais, peu importe parce que nous, lecteurs de Mausolée avons la chance de nous laisser couler dans les phrases à la forme si singulière de celle qui transforme la douleur en offrande littéraire.
"Oui j'aurais préféré, n'avoir rien à en dire parce qu'on n'écrit jamais que sur les choses quand elles sont mortes, quand elles ne sont plus, et que j'aurais voulu me tenir moi, pour toujours à l'instant de ce bonheur avec toi".
Comme la chienne, le premier roman de Louise Chennevière prenait aux tripes, Mausolée entre sous la peau et se diffuse lentement comme un sérum de vérité des sensations. C'est fascinant. Je suis définitivement accro à son écriture.
(chronique publiée sur mon blog : motspourmots.fr)
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