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Des voyages, des instantanés de vie surpris dans les trains. L'existence s'y conjugue, au fil des rencontres, à toutes les personnes du singulier et du pluriel. Des nouvelles comme des huis clos où l'être humain se retrouve face à ses fragilités, à ses drames mais aussi à sa faculté de résilience. Des nouvelles d'amour et de vie où chacun peut se reconnaitre.
Jamais deux sans trois ! C’est ainsi qu’après "Face à la mer" de Pierre Montbrond, "Fenêtre ou couloir" de Claire Blanchard-Thomasset, je découvre "Lorsque la vie déraille" de Frank Andriat, un très beau recueil de nouvelles paru aux Editions Quadrature. Avant même d’ouvrir le livre, je me régale de la jolie couverture et des mots à venir.
Et je ne suis pas déçue. Il me suffit de tourner quelques pages, de lire l’incipit signé Michel Butor et de continuer.
"J’ai rencontré Octave Richet dans le TGV Paris-Toulouse."
"Tu ne m’as pas cru, Maria, lorsque je t’ai affirmé que ce voyage était dangereux et qu’il pourrait me tuer…"
"Il aurait pu reprendre un croissant : il avait le temps…Son train était prévu à 7h46 vers Bruxelles-Nord d’où il monterait dans le 8h06 vers Liège et Eupen."
"Nous formions une belle bande. Tous les jours nous montions dans le train pour nous rendre à l’école à Athus, en Belgique."
"Vous posez le pied droit sur la première marche et, de votre bras gauche, vous soulevez votre valise afin qu’elle ne se griffe pas en trainant sur le sol."
"Ils se tenaient par la main. Le train était prévu à 15h33 et ils avaient un peu d’avance."
C’est ainsi que l’auteur nous conjugue ses six nouvelles à toutes les personnes du singulier et du pluriel. Une magnifique leçon de conjugaison à la hauteur de personnages tous différents et pourtant si semblables et attachants. Qu’il s’agisse d’un auteur qui se rend à un salon, d’un homme qui se retrouve face à son passé tragique, d’un autre qui part retrouver celle qu’il aime tellement qu’il a voulu s’en séparer deux mois…pour voir, d’un intrus qui s’immisce dans une bande de copains, d’un homme, encore, qui quitte sa femme une fois par mois pour retrouver sa maîtresse ou d’un vieux couple qui rejoint son domicile après une visite à l’hôpital…Tous ces destins sont portés par une magnifique écriture à la fois poétique et soignée, parfaitement travaillée, joliment enlevée. Ils nous transportent à chaque fois dans un huis clos où tout à coup la vie bascule. Qu’ils soient un, deux ou plusieurs, ils vont devoir faire face aux aléas de l’existence avec leurs forces ou leurs fragilités.
J’ai adoré la maîtrise avec laquelle Frank Andriat raconte, semant tout au long du récit, de petits cailloux qui, mine de rien, nous préparent au mot "fin", une fin toujours inattendue et magnifiquement lêchée. Tous ses textes sont emplis de tendresse, de bienveillance, d’humanité, d'amour, de chagrin mais aussi de résilience. Un vrai bonheur de lecture.
Un recueil de nouvelles à déguster lentement pour en savourer toutes les nuances.
https://memo-emoi.fr
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