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Si la critique d'art américaine a été dominée par clement greenberg dans l'immédiat après guerre et jusqu'au milieu des années soixante, rosalind krauss en est la figure principale depuis près de vingt ans.
Non seulement ses prises de position audacieuses connurent très tôt un retentissement considérable (elle fut le critique du minimalisme, par exemple), mais elles furent amplifiées par son enseignement (on trouve parmi ses élèves les meilleurs historiens et critiques actuels de l'art moderne en amérique) et par la revue october, qu'elle fonda avec annette michelson en 1976, et qui devint rapidement l'organe essentiel d'un dialogue transatlantique.
Le recueil de textes présentés ici expose à la fois l'itinéraire intellectuel de rosalind krauss, la diversité de ses intérêts et sa rare capacité à lier les problèmes esthétiques posés par telle ou telle oeuvre d'art aux grandes questions théoriques de notre temps. les premiers essais ("un regard sur le modernisme", "rauschenberg", "sens et sensibilité") marquent la rupture avec greenberg et démontrent la nécessité de cette rupture pour quiconque s'intéressait aux courants que greenberg condamnait (pop art, minimalisme, process art).
On y sent déjà que, lorsque rosalind krauss flétrit le formalisme greenbergien, ce n'est pas tout formalisme qu'elle rejette (jusqu'à ce jour, elle demeure l'un des critiques les plus attentifs à la spécificité matérielle et formelle des oeuvres qu'elle analyse).
Un deuxième ensemble de textes est lié à sa découverte du structuralisme, conçu comme un outil permettant de penser les relations intertextuelles et de se dégager de l'historicisme maniaque de la critique d'art ("grilles", "la sculpture dans le champ élargi", "picasso", "gonzalez", "giacometti", " pollock ", "lewitt").
Une troisième série d'essais fait écho à la critique du structuralisme et ouvre sur une définition du post-modernisme comme mise en crise de l'originalité - définition que rosalind krauss fut la première à poser pour ce qui concerne les arts plastiques ("l'originalité de l'avant-garde", "sincèrement vôtre", "richard serra" ). dans tous les cas, l'oeuvre d'art est pour cet auteur l'objet d'un enjeu théorique, un objet qui, si on le regarde de très près, oblige à repenser toute forme de théorie.
Aucun essentialisme dans ce livre, aucun sanglot nostalgique, aucun retour à "l'humain", au "métier" ou à la terre de nos ancêtres. l'art moderne et contemporain a beaucoup à nous apprendre sur nous-mêmes, dit rosalind krauss. encore faut-il lui faire un peu confiance.
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