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Orpheline, Rose est devenue mère à 16 ans et a quitté sa Corse natale pour rejoindre Toulon, une décision de son mari persuadé qu'ils y trouveront une vie meilleure.
Un matin de 1957, elle rencontre Farida qui vit depuis peu au bidonville de Toulon. Une amitié va naître entre elles qui va changer le cours de leur existence et leur permettre de prendre la mesure du monde qui les entoure. Si les traces de la deuxième guerre mondiale sont tenaces, c'est désormais en Algérie que les combats font rage.
Ensemble, elles vont trouver les ressources nécessaires pour déjouer les règles que leur imposent leur classe sociale et leur condition de femmes. Mais si elles sont toutes les deux françaises, l'une l'est un peu moins que l'autre aux yeux de la société.
En racontant la bouleversante histoire d'une émancipation, Christian Astolfi donne voix à des vies minuscules qui auraient dû rester silencieuses et résonnent pourtant longtemps après la lecture.
Christian Astolfi livre avec L’Œil de la perdrix un récit poignant sur la sororité. Un roman chaleureux, souvent tendre mais pudique, impressionnant de justesse qui raconte la vie de sa narratrice, à partir de sa rencontre avec une autre femme, qui a su lui tendre la main. Ce lien illumine la vie et bouleverse le quotidien de Rose, la Corse, exilée à Toulon entre les deux guerres, et Farida, l’Algérienne vivant dans son bidonville insalubre, situé en face de la maison de son amie, dans les années 50.
Deux femmes exilées qui apprennent à vivre, déracinées, soumises à l’ordre établi, patriarcal pour Rose, sociétale pour Farida, toutes deux analphabètes avec, en plus, cette langue française qui n’est pas leur langue maternelle. Elles vont se rencontrer, devenir complices, cheminer ensemble, s’aimer et se soutenir. Tout d’abord au coude à coude, puis côte à côte et pour finir de loin en loin.
Deux univers que tout pourrait opposer et pourtant c’est grâce à Farida que Rose va s’émanciper de toutes ses oppressions, comme dirait son ami Pierre. Dès les premières lignes, le ton humaniste et empathique de Christian Astolfi saisit directement le cœur de son lecteur (trice) par la narration d’un monde qui raconte ceux dont on ne raconte jamais rien. Ce récit relate simplement, sans fioriture, sans colère, enfermant ses silences jusqu’à la fin.
Une renaissance…
Rose vit dans sa maison, à s’occuper du quotidien de son mari. Les enfants sont partis. La vie s’est arrêtée. On comprend rapidement qu’il ne s’agit pas que du poids de sa naissance qui l’empêche, qu’il y a une autre blessure, encore plus invalidante. Seulement, pudiquement jusqu’à la fin, le lecteur ne sera pas voyeur de sa douleur.
De son univers qui ne semble n’être pas différent de celui de sa mère, Rose va conquérir peu à peu son émancipation et sa liberté. L’Œil de la perdrix est l’histoire de cette conquête, toute simple, cette révolution silencieuse et discrète, sans heurt ni violence, d’une femme qui reprend sa vie en main.
Ce bouleversement passe aussi par l’acquisition de la lecture, puis de l’écriture. Alors, le récit de Rose, narratrice, prend une autre dimension. Il quitte le domaine du privé pour gagner celui du monde et servir d’exemple. Car, la conquête de la liberté ne peut passer, semble rappeler Christian Astolfi, que par la liberté de savoir !
Pourtant, dans L’Œil de la perdrix aucune leçon n’est assénée. Christian Astolfi donne à voir, à penser, à s’interroger, à comparer et à se souvenir. Car, le combat de Rose ressemble beaucoup à celui d’autres femmes, du passé, mais aussi d’aujourd’hui.
L’Œil de la perdrix, tatoué sur un front de Farida, fait fuir le mauvais sort : un losange avec, à chaque extrémité, une petite croix. Mais la perdrix est aussi le signe de la beauté et la grâce. Avec ces deux qualificatifs, Christian Astolfi décrit cette amitié si essentielle pour aider à vivre. Il dresse une parfaite illustration de leur complicité, de leur amour, de leur joie à être ensemble et même de leur bonheur de se retrouver, ces deux sœurs de cœur.
…Au cœur de bouleversements politiques et sociétaux
En implantant son roman dans la France de la guerre d’indépendance de l’Algérie, Christian Astolfi montre un pays où les effets du colonialisme, avec sa grandeur imaginaire, sont encore extrêmement présents. Il décrit la montée du racisme avec les répressions de l’État et les ratonnades de la droite extrême.
Mais, c’est aussi la problématique de l’exil qu’il pose ainsi en toile de fond. Le mari de Rose quitte sa terre et ses moutons pour devenir tout le restant de sa vie, ouvrier soumis à l’usine. Farida avec ses enfants rejoint son mari, terrassier pour cette France des grands chantiers, pour fuir la misère.
L’Œil de la perdrix de Christian Astolfi, je l’ai lu presque d’une traite, embarquée dans son univers, l’émotion au bord du cœur, bouleversée par tant de justesse et de pudeur. Il évoque la vie d’une femme simplement courageuse et généreuse. Le portrait de nombreuses comme elles dont on ne parle que rarement en littérature. Je vous laisse le découvrir !
Chronique illustrée ici
https://vagabondageautourdesoi.com/2024/11/18/christian-astolfi-loeil-de-la-perdrix/
Rose, orpheline, née en 1903, a grandi dans un petit village de Corse. Elle devient mère à seize ans et, sur une décision de son mari, alors qu'ils ont déjà trois enfants, ils quittent la Corse pour Toulon. Il pense qu'ils auront une meilleure vie sur le continent.
En 1957, Rose rencontre Farida, née en Algérie. Farida vit dans le bidonville de Toulon avec sa famille.
Les deux femmes deviennent amies et toute leur existence va en être profondément bouleversée.
Au fil des chapitres, l'auteur donne la parole à deux femmes déracinées, deux femmes solidaires, deux femmes courageuses.
Rose va relever un véritable défi en apprenant à lire et à écrire. Les cours d'alphabétisation donnent un nouvel élan à la vie de Rose dont le mari est taciturne et taiseux.
Je me suis réjouie de voir Rose progressivement sortir de sa condition de femme au foyer pour s'émanciper, de la voir s'impliquer dans les cours d'alphabétisation.
Un très bon récit qui s'inscrit dans l'histoire de la guerre d'Algérie, une belle amitié entre des femmes très attachantes, un chemin semé d'embûches pour sortir de l'illettrisme et réussir enfin à s'émanciper.
Ce roman est lumineux.
L'œil de la perdrix raconte une amitié à la fois forte et unique entre deux femmes que le hasard a rapproché. Rose est française, corse d'origine, Farida est algérienne. L'auteur , Christian Astolfi nous narre leur vie rude de mère, de femme dans le Toulon des années 50. Bien sûr, leur histoire rejoint la grande histoire, celle de la guerre d'Algérie, de ses combats, de ses drames. Il y a beaucoup de pudeur dans ce récit. Christian Astolfi nous peint par petites touches les portraits de Rose et de Farida, leur combat aussi pour gagner une forme d'émancipation loin de la pauvreté, de l'illettrisme. Ce sont des vies simples prises dans le brouhaha de l'histoire et c'est aussi cela qui fait toute la beauté de ce roman.
Deux femmes déracinées se rencontrent à Toulon et ce sera le début d'une très belle histoire d'amitié. Rose est venue en France, pour des raisons économiques entre les deux guerres avec son mari berger et ses enfants; ils vivent dans une petite maison en face du bidonville de la ville où vit Farida, qui est arrivée en France dans les années 50, avec ses enfants, pour rejoindre son mari, par regroupement familial.
La narratrice est Rose et nous la suivrons jusqu'à la fin de sa vie. Les deux femmes se ressemblent : toutes deux déracinées, inféodées à leur mari économiquement, analphabètes. Entre ces femmes, s'établit un lien puissant à la fois d'amitié, de solidarité, de sororité, de quête d'identité; c'est Farida qui permettra à Rose de s'émanciper en l'incitant à apprendre à lire et à écrire et ainsi relever la tête, gagner une liberté que personne ne pourra jamais lui reprendre.
Le contexte historique de la guerre d'Algérie et de son indépendance pèse sur les deux femmes et sur leur relation. le frère de Farida, qui était à Paris, a disparu suite à la manifestation d'Algériens, très violemment réprimée, le 17 octobre 1961. le contexte social joue aussi un grand rôle : c'est la misère qui a poussé les deux femmes à quitter leur terre, ce sont les immigrés algériens parqués dans un bidonville, c'est la fatigue, le découragement des hommes épuisés par le travail.
Ce roman m'a particulièrement touchée pour une raison plus personnelle; comme l'auteur dont j'ai l'âge à un an près, j'ai vécu toute mon enfance et adolescence à Toulon. L'évocation de lieux comme la plage du Lido, le cours Lafayette où on se fait encore héler avec un accent chantant ("elle est bonne ma tomate", "viens goûter mes abricots juteux"), les Dames de France maintenant disparues, la place de la Liberté ont fait affleurer, avec douceur et mélancolie, des souvenirs heureux. Ne parlons pas de l'eau à la bouche qu'ont déclenchée les chichi frégi, pour lesquels, enfant, je me serais damnée et la cade.
Un beau roman social d'émancipation et d'amitié.
L’histoire de Rose, orpheline, mariée à 16 ans,, acceptant son sort , surtout ne pas faire d’ombre aux autres
Un mari , plus âgé , pas vraiment le prince charmant, 3 enfants qui arrivent rapidement et puis le train train . « c’est pas la misère , c’est pas non plus le paradis. » Ensemble ils ont quitté la Corse dans les années 20 , pour construire quelque chose ; mais quoi en fait ?
L’histoire d’une rencontre en 1957 et d’une amitié improbable avec Farida venue d’Algérie avec ses 3 enfants pour rejoindre son mari Elle habite dans le bidonville en face de chez Rosa
L’histoire d’une émancipation .Cette rencontre ( à 54 ans) va bouleverser , dans le bon sens du terme, la vie monotone de Rose. Elle qui vivait comme une recluse avec un mari réglé comme une horloge, va découvrir l’amitié, le partage. Elle s’intéressera à l’autre.
D’autres rencontres lui ouvriront les yeux sur sa condition , la réveilleront. .
Elle s’ouvrira au monde, se cultivera, se révoltera
Des combats à mener il y en a : contre l’indignité , pour l’alphabétisation , pour l’intégration digne
Ce roman est rempli d’humanité et j’ai aimé cela . Je rajoute une tonne d’empathie pour Rose et Farida
J’avais hâte de découvrir le nouveau roman de Christian Astolfi et quel magnifique moment de lecture ! Un très beau coup de cœur !!!!!!
L’auteur nous raconte l’histoire de Rose et Farida, deux femmes, exilées, ayant quittées leurs terres natales (la Corse et l’Algérie) pour s’installer à Toulon. Le hasard d’une blessure à la cheville va les mettre sur le même chemin et devenir une belle amitié.
J’ai adoré ! On s’attache immédiatement à ces deux femmes.
Alors que l’une vit avec un mari qui l’ignore dans une maison où elle est destinée aux tâches ménagères et à la solitude, l’autre vit les désillusions de l’exil dans un bidonville. Elles vont se retrouver régulièrement, pour discuter ou en silence, puis aux cours de lecture et d’écriture…… ces cours d’alphabétisation deviendront un vrai déclencheur pour Rose, ils vont changer sa vie ! C’est une belle histoire sur l’amitié, l’émancipation, les rencontres, les racines, la famille, l’exil, l’histoire, la guerre d’Algérie…..
J’ai beaucoup aimé l’écriture, les thèmes abordés, la sensibilité, l’humanité, la douceur et surtout l’authenticité de Christian Astolfi. Un livre indispensable de cette rentrée littéraire !
Un très beau coup de ❤️
L’émancipation d’une invisible
« Les dire est bien moins que les lire, encore moins que les écrire. »
Rose est né en février 1903 à Belgodère, en Corse. On ne connait pas officiellement la date exacte. Elle fut « déposée au petit matin sur le pas de la porte d’une maison qui allait devenir la mienne. »
Elle se marie à Paul-Dominique le 10 juillet 1919 et devient mère.
La famille quitte la Corse natale en octobre 1924 pour rejoindre le continent et Toulon. Décision du mari, persuadé que la vie y sera plus clémente.
« Étrangères à leurs solidarités d’hommes. Cantonnées au rôle de grandes muettes. »
A cette époque, les femmes étaient vouées aux taches ménagères. Peu de vie sociale pour Rose : Elle s’occupe des enfants, des courses, des lessives, de la cuisine et de la couture. Rose ne sait ni lire, ni écrire, même si elle n’ignore pas « que désormais la langue peut me laisser définitivement en marge du monde. »
« Heureusement, je suis protégé par l’œil de la perdrix.
L’œil de la perdrix ?
Elle a pointé du doigt son front où était tatoué ce petit losange dont chaque extrémité renflée ressemblait à une croix. »
« Chez nous, dans le Mzab, la perdrix est le signe de la beauté et de la grâce. Mais surtout, elle préserve du mauvais sort. »
Et puis, il y a la rencontre avec Farida, une Algérienne exilée comme elle, déracinée de ses terres d’origine comme elle. Farida vit dans un bidonville avec les siens. Une belle relation d’amitié va naître au fil des jours et changer le cours de la vie de Rose.
Rose va prendre confiance, Rose va oser. Rose va apprendre à lire, à écrire. Rose va s’engager politiquement, bénévolement, humainement, elle va agir.
« Tout rentrait dans l’ordre, a-t-il dû penser. L’ordre de quoi ? L’ordre des choses ! Celui qu’il avait toujours connu. Lui à sa place. Moi à la mienne. »
Et de nouveau, les ombres surgissent. La fin de la guerre d’Algérie permet à Farida et les siens de rentrer au pays. Ce « départ de Farida m’avait laissée à terre – sans entorse ni éraflure, sans main providentielle pour me relever. Des jours, des semaines, puis des mois. Vacance où, l’âme en peine, l’esprit embrumé, saturée du goût de ne rien faire, je vaquais aux choses du quotidien, dans une étrange sensation de dédoublement. »
Avec l’œil de la perdrix, Christian Astolfi brosse le portrait et rend hommage à deux femmes « banales », invisibles. Le lecteur vit aux côtés de Rose jusqu’à son dernier souffle. L’écriture est simple, juste, sincère, mélancolique par moment, très émouvante. Le propos n’est jamais larmoyant. Au contraire, il est lumineux tant il dépeint si sensiblement et dignement la relation d’amitié inattendue entre les deux femmes, le combat mené toute sa vie par Rose, sans jamais se plaindre, sans jamais quémander.
Jusqu’au point final, l’œil de la perdrix vous bouleversera.
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