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Puissant premier roman aux couleurs de l'Afrique, L'Ivresse du sergent Dida interroge les ressorts du pouvoir, cette drogue violente qui transforme l'âme humaine, pour le pire ou le meilleur.
Soldat déprimé au sein d'une armée laissée à l'abandon, le sergent Dida se contente de survivre. Il ne croit plus en rien. Un jour pourtant, la chance s'arrête sur le seuil de sa vie. Dans une station-service écrasée de soleil, un officier jette son mégot dans une flaque d'hydrocarbure. Ce mépris souverain pour la mort enflamme l'imagination du sergent. Il vient de rencontrer son héros... Il ne faut pas rater cette occasion ! Le jeune homme a encore quelques réflexes. Il paraît qu'on ne rattrape pas un couteau qui tombe ? Et bien Dida tente le coup ! Il va prendre le risque ! Dans un pays qui s'effondre, le sergent Dida va se lever !
Ici, dans cette terre d'Afrique de l'Ouest qui l'a vu naître, tandis que le dictateur se meurt, Dida entreprend son ascension vers le pouvoir. Mais le destin est une camisole. Saura-t-il s'en libérer ? Échapper au rôle que tous veulent lui faire jouer ?
Avec L'Ivresse du sergent Dida, puissant roman aux couleurs de l'Afrique, Olivier Rogez interroge les ressorts du pouvoir, cette drogue violente qui transforme l'âme humaine, pour le pire ou le meilleur.
Tu es poussière et tu retourneras poussière… Peut-être est-ce ainsi que l’on pourrait résumer ce roman qui met en scène le personnage du sergent Dida dans un pays de l’Afrique de l’Ouest. Pays jamais nommé mais qui est frontalier avec la Côte d’Ivoire (par la référence faite à Félix Houphouêt-Boigny) et qui a été une ancienne colonie française.
Le baromètre du sergent Dida indique une forte dépression orientée par un moral en-dessous des chaussettes avec un risque de tempête intérieure force 11, donc l’alerte rouge cérébrale est proche du déclenchement. Mais, soudain, à cette station service, lorsqu’un officier lance un mégot dans une flaque ressemblant à un épanchement d’hydrocarbure, une étincelle jaillit dans ses neurones encore en éveil et rapidement c’est son destin qui s’enflamme.
De sergent, il va passer capitaine (adjudant, aspirant, lieutenant… tout ça n’est que fantasme et accessoires inutiles), puis progressivement il va accéder aux marches du pouvoir, le malheur des uns faisant le bonheur des autres. Seulement les humains étant des crocodiles affamés (et pas uniquement par les poitrines généreuses), l’avenir de Dida n’est pas forcément une longue étendue de sable tranquille…
Ce premier roman du journaliste Olivier Rogez est un manuel récapitulatif de toute la corruption et sournoiserie des gens du pouvoir et de l’ambition effrénée des âmes humaines. L’action se passe en Afrique, pays que l’auteur connait bien, mais elle pourrait se situer dans n’importe quel pays du globe, la mondialisation de l’orgueil et du machiavélisme n’ayant ni frontières ni limites.
Quant à l’ivresse, elle est source de toutes les possibilités et donne une force imprévisible même sur les êtres semblant les plus réfractaires à l’envol vers les sommets. Mais cet élixir qui donne des ailes peut devenir un poison convertissant le héros en un Icare des temps modernes.
Le monde diplomatique n’est pas oublié (coucou Françafrique) et le regard porté sur le jeu des ambassades et des dirigeants politiques est cruel de vérité. Le personnage à contre-courant de Michèle Dumont est édifiant : elle est le portrait du diplomate acceptant les directives avec plus ou moins de conviction mais qui finit pas admirer ce capitaine si différent, si épris de liberté et d’utopie.
Puis, une fois que l’harmattan est passé, retour à la case départ, sur cet éternel recommencement où tout passe, où parfois un miracle se surpasse mais où, également, le jaillissement trépasse. Encore une fois c’est un guépard qui pourrait avoir le dernier mot : « Il faut que tout change pour que rien en change ».
Le récit laisse à peine le temps de reprendre un souffle de lecture, tout s’enchaîne, galope, trépide par les envolées de plumes et de mots ; les personnages sont nombreux mais miracle on n’y perd aucunement son latin (si tant soit peu qu’on l’ait appris) et l’humour est à l’image d’un célèbre dilettante qui se hâtait de rire de tout de peur d’être obligé d’en pleurer. Cette liberté d’esprit qui est de tous les temps et que l’on affectionne tant.
Avec ce livre, on peut déclamer qu’Olivier Rogez est « veni, vidi, vici » dans les couloirs de la littérature et que les portes livresques sont désormais ouvertes à toutes les promesses romanesques. D’ailleurs une noisette me dit qu’une prochaine livraison est en cours…
https://squirelito.blogspot.com/2019/08/une-noisette-un-livre-livresse-du.html
On ne peut que se prendre d'affection pour le sergent Dida, sorte de Robin des Bois des temps modernes, placé presque par hasard au secours de tout un peuple africain noyé sous la dictature d'un président corrompu par le pouvoir. C'est avec brio qu'Olivier Rogez nous décrit l'ascension de ce personnage à la base insignifiant, un roman qui nous emporte au fil des pages, une très belle écriture, fine, détaillée, souvent poétique, de belles descriptions. Trois cents pages qu'on dévore littéralement, jusqu'au dénouement finale, la boucle est bouclée.
Il est vrai que ce roman est aux antipodes de mes lectures habituelles (d'ordinaire plutôt axées sur les polars et autres thrillers en tout genre) mais j'aime découvrir de nouveaux sujets, de nouveaux auteurs qui me font voyager aussi par la même occasion.
Pour ce premier roman d'Olivier Rogez, nous partons vers un pays de l'Afrique de l'Ouest, qui n'est jamais nommé précisément dans le livre mais on comprend qu'il a dû être une ancienne colonie française et qu'il pourrait être à mon sens la Guinée dont l'histoire du capitaine Moussa Dadis Camara pourrait avoir inspiré ce livre. Mais peu importe car le livre retrace une histoire universelle, celle du destin d'une nation secouée par les soubresauts de l'Histoire et de l'ascension au pouvoir d'un simple sergent surgi de nulle part, promu capitaine à la faveur d'une situation opportune puis Chef d'Etat.
Ce sergent, vit d'expédients glanés à droite et à gauche en faisant des « petits boulots » et en rendant quelques services, la solde de l'armée suffisant à peine à le maintenir en vie. Car tout part à vau-l'eau dans ce pays-là. La misère est latente et tous ceux qui s'en « sortent » vivent de « combines » ou de larcins divers. Les « bandits » sont rois au royaume de cocagne. Au plus haut niveau de l'état la corruption règne en maître. C'est la loi du chacun pour soi.
Un matin, la population constate une effervescence inhabituelle aux abords du palais présidentiel et pour cause, le vieux chef d'état Doumbia, se meurt. Aussitôt les spéculations vont bon train ; les tractations et les manipulations pour la succession vont bientôt faire rage au cénacle et chacun des protagonistes se voit jouer un rôle prépondérant et accéder à la fonction suprême au prix de duels meurtriers et sans pitié pour leurs adversaires.
Mais c'est sans compter sur une équation à plusieurs inconnues : l'armée ainsi que le peuple et ses réactions. Car même s'il est rarement consulté pour ce qui est des décisions au plus haut niveau il n'en reste pas moins un joker non négligeable que tous cherchent à manipuler.
Mais que fera Dida une fois son coup d'état mené à bien quasiment sur un coup de tête ? Quelle sera son programme pour la destinée de son pays ? Là est tout le coeur du livre. Quel sera sa réflexion et son cheminement ? Quel rôle son entourage va-t-il jouer ? Sera-t-il positif ou négatif ? Arrivera-t-il à se sortir de la spirale de la corruption et des exactions commises pour le « bien de l'état » (ou du peuple et ce qui ne se rejoint pas toujours)?
Nous le suivront d'espoirs en désillusions, de déceptions en illuminations ; l'auteur avec un langage frais, coloré et vivant, autopsie comment le pouvoir influe sur la personnalité, guide l'individu jusqu'à son ultime revendication : déclencher la Révolution. Une vraie révolution, celle qui libère les âmes, celle qui redonnera égalité aux humains, qui rompra les chaines qui les avilis et les soumets, qui détruira toute corruption et qui fera renaitre un ordre nouveau. Mais Dida réussira-t-il à imposer sa vision de l'avenir ? Existe-t-il une révolution « positive » ?
L'auteur qui est grand reporter pour RFI en Afrique connait bien ces questions brulantes et tente d'y introduire avec un certain succès, sa propre vision des choses. Cependant il se défend d'avoir écrit un livre « sur l'Afrique » en arguant que ces problèmes-là sont mondiaux et qu'on peut retrouver la même situation sur n'importe quel continent. Il veut donc élargir le débat à quelque chose de plus philosophique, de plus global sur l'impact du pouvoir sur une personne, l'usure de son exercice et la finalité de la puissance gagnée par la force.
Ce livre est une vraie belle découverte et la fin m'a étonnée et puis elle nous rappelle somme toute que L Histoire n'est qu'un éternel recommencement…
J'ai passé un excellent moment en compagnie du sergent et des autres personnages!
C'est drôle et émouvant parfois.
Et que de souvenirs par rapport à l'Afrique et notamment la Guinée Conakry.
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