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Objet
Rédaction d'un ouvrage synthétique dont le sujet d'étude est le suivant : Les représentations artistiques du corps humain au XXe siècle, du cubisme à l'art virtuel.
Argument
L'intérêt esthétique pour le corps, au XXe siècle, se révèle à la mesure des accidents symboliques majeurs qu'enregistre alors ce dernier : 1° - abandon de la conception du corps comme corpus d'essence divine ; 2° - croissance du matérialisme, qui élargit la voie aux théories de l'"Homme machine", base d'une relation plus technique qu'éthique au corps ; 3° - crise profonde, et sans doute irréversible, de l'humanisme.
La représentation artistique du corps, pour une large part, décalque cette évolution, symbolique: forme instable, le corps dorénavant esthétisé s'offre plus comme une proposition problématique que comme incarnation de l'"être". Ne détenant plus une signification finie, il cesse dans la foulée de revêtir une apparence unique. Fin des représentations génériques et explosion de la figure, bientôt remise en cause de manière continue des débuts à la fin de notre siècle, entre corps fragmenté du cubisme (année zéro) et notre corps synthétique ou dématérialisé de l'âge virtuel de l'art (années quatre-vingt-dix).
Antécédents
Les études ayant trait au corps dans l'art du XXe siècle ne manquent pas. Citons pour les plus récentes celles de Marc Le Bot (Figures du corps) ou Arnaud Labelle-Rojoux (L'acte pour l'art), en plus des catalogues des expositions Hors Limites (Paris), Identités et Altérités - Images du corps, 1895-1995 (Venise), L'art au corps (Marseille)... dans la dernière décennie.
Loin d'épuiser la question, cependant, ces points de vue cumulés relèvent d'options analytiques restrictives. Les plus fréquentes : une perception outrageusement humaniste, qui tend à nier les effets artistiques de déflagration ou de contestation du corps (le point de vue de Jean Clair par exemple) ; l'attention trop exclusive portée à la célébration théâtrale, certes omniprésente entre Dada et le néo-Fluxus mais cependant non hégémonique en termes de représentation du corps. Il n'existe pas, du coup, d'ouvrage réellement objectif relatif à la question envisagée, pas plus qu'une synthèse accessible.
Le corps est un des thèmes centraux de l’art moderne, de l’art contemporain. Ayant échappé aux canons imposés par l’Antiquité, les représentations du corps se sont multipliées dans notre société de l’image. Tous les médias de la culture de masse font appel à celles-ci, de la photographie à la publicité.
Tout s’est réellement déclenché avec les « Demoiselles d’Avignon » de Pablo Picasso, puis les visions fragmentées du cubisme analytique, sans parler de la dimension séquentielle du futurisme. Et ainsi de suite, au fil des années, le corps a été martyrisé (l’actionnisme viennois), charcuté (Orlan), mis en danger (Joseph Beuys et Marina Abramovic), perfectionné (Pierre et Gilles), synthétique (Duane Hanson), dématérialisé, voire tué (Gina Pane). Et encore, là, ce n’est qu’une synthèse de toutes les variantes engendrées par l’art conceptuel, le body-art, la performance, l’installation, la scénographie, etc.
Mais surtout, à quelques exceptions près (Maillol, Bourdelle, Breker et les dérives totalitaires), la modernité a refusé le corps héroïque, parfait, sain, idéal. Si bien que l’émotion est bien souvent plus au rendez-vous que la sensualité. Certains nus ne laissent personne indifférent : l’expressionnisme (Otto Dix, Egon Schiele), l’art faussement naïf (Botero), le réalisme naturaliste (Lucian Freud), l’art mexicain (Frida Kahlo) ou juif (Marc Chagall). Tout cela s’est développé sous la figure tutélaire de Francisco Goya.
Et, comme je l’ai souligné plus haut, le corps est également l’enjeu de plusieurs stratégies, esthétique et autres ; la photographie (Robert Mapplethorpe, Diane Arbus), la vidéo (Bruce Nauman), les nouvelles technologies participent à cette diffusion de corps « non normalisés ». Ici également, deux catégories du beau (le laid et le kitsch) règnent en maîtres, et les tops models sont aseptisés (Photoshop), et Grace Jones est peinte en bleu, pour être plus noire que les noirs. La beauté naturelle est détestable. Le corps (et donc la sexualité) est désigné comme triste, décevant, imperfectible.
Près de cinq cents pages font la somme de toutes ces relations au corps, parfois trop roborative pour les estomacs délicats, mais toujours pertinente par son propos.
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