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L'hôtel de Brienne procède de l'essor du Faubourg Saint-Germain, dans le premier tiers du XVIIIe siècle. S'il résonne aujourd'hui des accents martiaux du ministère de la Défense, il fut d'abord marqué par les femmes qui le projetèrent et y vécurent : l'intrigante marquise de Prie, la galante marquise de La Vrillière ou la princesse de Conti, petite fille de Louis XIV...
Loménie de Brienne, malheureux ministre de Louis XVI, ne l'occupera que pour y être remplacé par Laetizia Ramolino, « Madame mère ». Celle-ci y vécut paisiblement, comblée des largesses de ses fils, Napoléon Ier et Lucien Bonaparte qui réunit-là une imposante collection de tableaux. C'est du séjour de ce dernier que provient l'incroyable mobilier Empire qui fait encore aujourd'hui tout le lustre de l'hôtel.
Ayant échu aux Bonaparte, l'exquise demeure de plaisance se rapprocha du pouvoir, et cette proximité fut déterminante aussi bien pour son affectation que pour sa métamorphose architecturale. Voilà deux siècles qu'il abrite le ministre de la Défense et les délibérations de son cabinet. Berthier, Soult, Clémenceau, Lyautey, de Gaule se succédèrent en ses murs. Des guerres s'y perdirent, d'autres s'y gagnèrent, la liberté du pays s'y restaura à chaque fois. Les lieux sont imprégnés d'une telle charge symbolique que lors de l'inauguration d'un ministère flambant neuf, non loin de la place Balard, Jean- Yves Le Drian a refusé d'y transporter ses services et souhaité, jusqu'à nouvel ordre, demeurer en « son » hôtel de Brienne.
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