"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Andreas, un brillant journaliste sportif, et Magdalena, son épouse, sont pris dans la tourmente de l'histoire. L'Allemagne de 1936. Celle des Jeux olympiques, mais aussi, des lois raciales, de la mise au pas du pays, de l'intensification de la traque des opposants. Au sein du couple, la révolution nationale a fait son travail de sape : le lien qui unissait Andreas et Magdalena n'est plus qu'un fil ténu auquel sont accrochés, comme des oripeaux, les souvenirs nostalgiques. Leurs divergences de vues sur l'Umbruch, le « grand bouleversement », se sont ajoutées à la stérilité de leur union qui est une immense douleur. Les deux trentenaires sont surveillés depuis des mois, à leur insu, par les sbires du pouvoir. L'étau se resserre. On va leur tendre un piège... diabolique. Andreas, en accord avec sa conscience, ira vers la lumière. Magdalena, elle, s'enfoncera dans les ténèbres du national-socialisme, torturée par ses doutes, ses contradictions, mais portée par son idolâtrie du Fuhrer.
Et si j'étais allemand(e) en 1936 quels seraient mes choix de vie ?
Journaliste sportif célèbre, grand blond svelte, 100% aryen, Andreas est riche et vit confortablement. Il va à la messe tous les dimanches, déjeune chez ses beaux parents, a la carte du parti comme toute l'équipe de son journal et aimerait bien fonder une famille encouragé par la propagande hitlérienne. Oui mais voilà ! Son couple est stérile. Il aime le jazz et la peinture dégénérée. Ses cauchemars quotidiens l'interrogent sur le bien fondé de son comportement passif. Quel sera son point de rupture? Fera-t-il un choix fort et risqué qui va le séparer de la masse pour défendre son individualité et rester fidèle à ses valeurs et ses idéaux ? Va-t-il opter pour l'ombre ou la lumière ?
Mais les dés sont peut-être déjà pipés car à son insu, il est surveillé depuis des mois par les sbires du pouvoir et pour le piéger la Gestapo pense pouvoir compter sur Magdalena, son épouse.
Ce conte allemand est un drame sans échappatoire. Les époux cheminent en parallèle dans ce voyage au bout de la nuit. Quand Magdalena étouffe. Andreas apprend à respirer. Confrontés à la terreur, seuls quelques uns trouvent la force de résister. Aurions-nous fait partis des courageux ou des Mitlaüfer ( moutons) ?
« L’homme du café Kranzler » est le huitième ouvrage de Michel Goujon mais le premier que je lisais de cet auteur et il est tout simplement fascinant. Gros coup de cœur pour moi !
Se déroulant avant la Seconde Guerre mondiale, il m’a appris plein de choses sur la vie des Allemands alors que le régime nazi en était à ses prémisses et avant le déclenchement à proprement parler de la guerre. Comment un régime totalitaire raciste a-t-il pu se mettre en place si facilement au vingtième siècle ? C’est une question que je me suis souvent posée et c’est la première fois que je découvrais un livre qui faisait état de l’autre côté du miroir, celui de l’Allemagne.
Andreas est journaliste sportif réputé et marié à Magdalena, jeune femme au foyer dont le désir le peu vif est celui de fonder une famille. Pourtant, la venue d’un bébé tarde et au fil du temps, elle commence à se passionner pour le Führer et à tout ce qui l’entoure. Tout l’inverse d’Andreas qui peine à voir ce que devient sa patrie ainsi que son épouse.
Les tourments de ce couple face au nazisme sont brillamment portés par la plume de Michel Goujon. Soumis au contrôle frénétique de la Gestapo, Andreas devra clairement prendre position en faveur d’Hitler. Afin d’éviter des représailles, il devra choisir entre suivre ses idéaux ou fraterniser avec le diable.
Une tension vive égrène ce livre. J’ai été passionnée de découvrir les histoires personnelles d’Andreas et de Magdalena et leurs psychologies pour tenter de comprendre comment chacun a choisi ou non de suivre la masse et de se forger son opinion politique.
Se déroulant sur seulement deux jours, le rythme est soutenu, notamment grâce à de courts chapitres et une écriture très fluide. Ce page-turner passionnant se dévore car le lecteur veut savoir ce qu’il adviendra de ces deux personnages principaux.
Bref, vous l’aurez compris, j’ai adoré tout simplement ce livre et vous le recommande très vivement.
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