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Été 1979, Californie du Nord. Rachel, treize ans, et sa soeur Patty, onze ans, se préparent à passer leurs vacances à vagabonder, rêvant d'inattendu. Et l'inattendu arrive. Effroyable, une succession de meurtres de jeunes femmes, tuées dans la montagne selon un même mode opératoire : la chasse à l'Etrangleur du crépuscule commence. L'inspecteur Torricelli, le père des fillettes, dirigera l'enquête. Trente ans plus tard, Rachel raconte : la traque épuisante, leurs vies suspendues, et ce jour où les deux soeurs se sont retrouvées face à l'étrangleur... Fantasme de gamines hystériques, avaient déclaré les autorités. Depuis lors, Rachel s'est donné pour mission de retrouver cet homme. Roman d'apprentissage, polar psychologique : Joyce Maynard a su ériger ce fait-divers réel en un conte cruel haletant.
" Depuis le Frankie Addams de Carson McCullers (dont Claude Miller s'inspira pour L'Effrontée), on n'avait pas lu plus bel ode à l'adolescence féminine. "
Télérama
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Françoise Adelstain
J’ai découvert Joyce Maynard en toute fin d’année dernière avec « Où vivaient les gens heureux ». J’avais été très touchée par ce pouvoir qu’elle a d’écrire avec des mots simples une histoire universelle tout en touchant ses lecteurs au plus profond d’eux-mêmes.
Cette fois, nous sommes à la croisée d’un roman de formation et d’un roman policier. Rachel, la narratrice, est écrivaine. Elle raconte son enfance en faisant un arrêt particulier sur l’adolescence, non parce que les hormones de cette jeune fille sont en ébullition (ce qui est aussi le cas), mais surtout parce qu’un tueur en série rôde dans les montagnes du Marin County, à quelques encablures de San Francisco.
Ce roman c’est celui de deux sœurs livrées à elles-mêmes après la séparation de leurs parents. Rachel et Patty grandissent sans entraves, l’imagination débordante, palliant ainsi le manque de télévision et d’attention de cette mère dépressive (on imagine ces scènes où, allongées dans les jardins de voisins possédant une télévision, elles ré inventent les dialogues des séries dont elles ne voient que les images au loin). Elles vouent une admiration sans borne pour leur père, Tony, inspecteur de police, le meilleur, reconnu pour ses talents à mener les interrogatoires les plus difficiles. C’est lui qui sera chargé de l’enquête pour retrouver ce psychopathe.
J’ai aimé le regard de ce père, de cet homme amoureux de toutes les femmes, qui déjà en 1979, date des faits, a un discours profondément féministe (et protecteur).
J’ai aimé le lien puissant entre ces sœurs, parfois mis à rude épreuve mais toujours présent même dans les moments les plus difficiles.
J’ai aimé ces chapitres qui commencent par « cet automne-là ; c’était la nuit ; ce jour-là … » où on soupçonne qu’il va se passer quelque chose d’important, qui tarde à venir sans qu’on en veuille à l’autrice de faire durer le suspense.
J’ai aimé cette écriture parfois drôle et légère, le plus souvent nostalgique qui fait de roman une véritable ode à l’adolescence féminine : les émois d’une jeune fille, son corps qui tarde à changer, les émotions qui l’assaillent (ou la laissent de marbre).
Une seconde fois Joyce Maynard m’aura émue avec sa plume sensible et délicate qui raconte la vie de tous les jours « tout simplement ».
Et je rassure celles et ceux qui ne courent pas après le côté policier, que ce livre ne vous effraie pas, ce tueur en série n’est finalement qu’un prétexte.
C'est une histoire de sororité avec 2 jeunes filles adolescentes mais aussi un polar qui donne quelques frissons. On succombe sous le charme de cet inspecteur papa désabusé mais très aimant de ses filles. L'écriture est fluide et légère et on suit avec intérêt le fonctionnement de cette famille très 70ties. J'aime cet auteur et j'attends chacun de ses nouveaux romans avec impatience.
Brillante idée que de mêler roman d'apprentissage et intrigue policière, traque d'un serial killer durant l'été 1979 et évocation de l'adolescence féminine à travers deux personnages de soeurs âgées de 10 et 13 ans, filles de l'inspecteur qui a en charge l'enquête.
Cela peut sembler bizarre mais c'est extrêmement réussi.
Comme si la violence qui frappe cette région de Californie du Nord reflétait la violence de l'ébullition qui secoue les corps, les têtes et les coeurs lors de l'adolescence.
L'auteur ose même des pages très audacieuses sur l'obsession des premières règles pour les jeunes filles : « Par une étrange coïncidence, quand la série de meurtres avait débuté, les filles ne parlaient que de leurs premières règles et, d'une certaine façon, ces deux drames – les assassinats et la particularité dont je souffrais ( l'absence de règles, la seule parmi ses copines ) – étaient liés dans mon esprit. Comme si la fertilité était porteuse de danger ».
Rarement un livre aura été aussi juste, subtil et sensible pour décrire l'adolescence féminine, un des meilleurs après le merveilleux Frankie Addams de Carson McCullers. Joyce Maynard possède un réel art de sonder les êtres en mutation et c'est cela qui touche en plein coeur, j'avais l'impression en lisant de retrouver les sensations, les émotions, les contradictions de mes 13 ans à travers les questionnements de Patty :
« Si être populaire signifiait attendre sans bouger que sèche son vernis à ongles, ou écouter Teddy Bascom décrire le moindre de ses mouvements au karaté, si être impopulaire permettait de choisir entre ses balancer à une liane pendant à une branche d'arbousier, dévaler la montagne en roulés-boulés, ou traînasser avec sa soeur dans la cabine rouillée d'un camion avec un sac de crackers et un cahier où écrire des histoires pour les lire en suite à haute voix, faisant rire sa soeur si fort qu'on m'entendait probablement du bas de la montagne, alors qu'y avait-il de si génial à être populaire ? Ou de si affreux à ne pas l'être ? »
Le désir de normalité, la crainte de ne jamais devenir une femme, la terreur de le devenir, les prémices de la sexualité avec les premières relations qui détermineront les suivantes, tout est dit avec grande justesse.
Tout comme l'évolution des relations parents – enfants lors de cette période de chamboulement. On voit le regard porté sur le père passer d'une admiration sans borne pour ce père enquêteur que l'on confond avec Dean Martin à une descente de piédestal lorsqu'il échoue à coincer le serial killer. Il faut bien grandir.
Du coup, je ne voulais pas quitter cette sphère douce-amère de l'adolescence, son flou, son indétermination, je ne voulais pas remettre les pieds sur terre et les cinquante dernières pages m'y ont contrainte. L'auteur s'est sentie comme obligée de nous offrir une double résolution sur le devenir de Rachel ( on l'a retrouve quadragénaire ) et sur l'enquête. Lourdaud du coup après l'évanescence maitrisée des pages précédentes. Cela n'enlève rien à la profondeur et la beauté de tout le reste du roman.
Je ne sais pas trop comment vous parler de ce livre qui est à priori à classer parmi les polars mais qui est bien plus que ça car il y a plusieurs niveaux de lecture dans ce roman et différents sujets traités qui accentuent l'urgence et le plaisir que l'on ressent de tourner les pages. C'est subtil, intelligent, palpitant, touchant, et particulièrement bien écrit.
Avec en toile de fond une enquête policière sur un sérial killer qui sévit dans la montagne, Joyce Maynard analyse l'adolescence de deux soeurs, unies par un lien fusionnel et une admiration sans borne pour un père inspecteur de police, amoureux des femmes.
Tout ça est finement évoqué, sans lourdeur, avec un ton juste et parfois un peu de légèreté afin de ne pas assombrir davantage le contexte criminel qui est déjà bien assez angoissant et dramatique. L'auteur s'attache à des petits riens qui donnent de la profondeur et de la sensibilité à une banale histoire de meurtres.
Finalement, j'aimerai juste vous dire de le lire car Joyce Maynard a vraiment le don de construire des romans à tiroirs que l'on dévore.
Eté 1979, Deux sœurs pré-adolescentes de parents divorcés, Rachel, treize ans et Patty, onze ans passent l'été chez leur mère et se préparent à passer leurs deux mois de vacances à vagabonder dans les montagnes. Un événement brutal viendra perturber leur vie, en effet un serial killer sévit dans la montagne les empêchant de jouer à leur gré. L’inspecteur en charge de ce crime n’est autre que leur père adoré et elles vont se sentir investies d’une mission : aider leur père à retrouver le tueur. Dans la deuxième partie du roman, nous retrouvons Rachel, trente ans plus tard, devenue romancière célèbre, elle évoque cet épisode de son adolescence.
Ce roman mêlant plusieurs genres : psychologique, thriller et polar est captivant et nous retrouvons les thèmes préférés de Joyce Maynard, la famille et l’adolescence avec des personnages encore une fois très attachants. J’ai beaucoup aimé et j’ai trouvé qu’il était superbement bien écrit.
"L'homme de la montagne" est l'histoire racontée par Rachel, de l'été qu'elle vécue avec sa sœur lorsqu'agissait "l'étrangleur du crépuscule".
Si la première partie est un peu longuette et raconte une histoire de famille avec en toile de fond l'enquête criminelle, la deuxième (et fin) s'accélère et est plus axée sur la quête du meurtrier.
L'écriture de Joyce Maynard est toujours aussi belle et agréable.
Décidément, j'adore Joyce Maynard. Pourtant, l'adolescence, ce n'est pas tout à fait mon sujet de prédilection contrairement à elle qui excelle à dépeindre les rêves, les états d'âmes ou les excès d'imagination propres à cette période intermédiaire et complexe. J'avais beaucoup aimé "Long week-end" et "Les filles de l'ouragan" qui passaient déjà le couple et la famille au crible du regard adolescent. "L'homme de la montagne" est peut-être plus abouti, plus subtil aussi. Et surtout, il se lit comme un polar.
Car c'est bien une histoire criminelle qui a inspiré l'auteure même si son œuvre est une fiction et ses personnages totalement créés pour l'occasion. Rien de tel qu'un meurtrier en série pour enflammer l'esprit d'une fille de treize ans, élevée dans un cadre assez bohème avec sa jeune sœur de onze ans, entre une mère mélancolique et un père vénéré. Rachel et Patty aiment par-dessus tout courir dans la montagne qui jouxte leur maison au nord de San Francisco, s'inventer des histoires ou s'imaginer en Drôles de Dames. Lorsque leur père est nommé responsable de l'enquête sur celui que l'on surnomme bientôt "l'étrangleur du crépuscule", elles ne tardent pas à souhaiter l'aider à résoudre cette affaire au plus vite. Pourtant, les victimes prolifèrent, la population s'inquiète et, malgré les moyens mis en œuvre, la police est tenue en échec. Pour Rachel, le mal est fait. Son obsession vis à vis du tueur est aussi profonde que celle de son père à le pourchasser. Et elle la poursuivra toute sa vie.
Il y a plusieurs niveaux de lecture dans ce roman et une multitude d'angles qui accentuent le plaisir de tourner les pages. La relation des deux sœurs et celle qu'elles entretiennent avec leur père, exclusive, terrible et sublime. L'intrigue policière dont les multiples rebondissements tiennent en haleine. La description du monde adolescent, ses outrances et son intransigeance. Sans oublier une subtile mise en abyme, le regard de l'écrivain sur le travail de l'écrivain qu'est devenue Rachel une fois adulte. Tout ceci servi par une vraie atmosphère, un parfum de liberté tel qu'on l'imagine dans la région au cours des années 70, une époque où les esprits des jeunes filles faisaient encore la part belle à l'imaginaire.
Comme souvent chez Joyce Maynard, la famille a un secret. Elle offre néanmoins à son héroïne un dénouement plein d'espoir, l'opportunité de poser enfin ses valises et de se construire une vie à elle, par-delà les histoires qu'elle n'a cessé d'inventer et qui pour certaines sont devenues des best-sellers.
Bel exercice de la part de l'auteur dont on admire avant tout l'art de la construction qui offre à ses lecteurs un très bon moment de lecture. What else ?
Inspiré d'une histoire vraie, le roman de Joyce Maynard a aussi des accents autobiographiques puisque la narratrice, Rachel, est devenue écrivain en grandissant. Cette introspection donne au récit toute la subjectivité nécessaire pour plonger le lecteur dans l'ambiance de l'histoire. Le point de départ en est une série de crimes perpétrés par un étrangleur de jeunes filles qui laissent ses victimes nues, dans la nature, les chevilles attachées par des lacets et les yeux scotchés avec du ruban adhésif… Mais cette trame ne fait pas pour autant de L'homme de la montagne un roman policier : elle n'est qu'un prétexte pour explorer les rapports entre les membres de la famille Toricelli. Le père, inspecteur de police, totalement absent depuis le divorce ; la mère, profondément dépressive ; et surtout les deux sœurs, Rachel et Patty, 11 et 13 ans, qui sont les véritables héroïnes du livre. Leur relation très forte tend à s'étioler au fur et à mesure que l'adolescence modifie le comportement de Rachel et l'éloigne de sa petite sœur, au profit de sorties avec les filles "populaires" de sa classe. Patty apparaît dès lors plus mature, moins influençable que son aînée. En contrepoint de l'évolution de cet amour fraternel, Joyce Maynard nous offre une observation très juste de l'adolescence, ce moment d'entre-deux où une jeune fille n'est plus une enfant mais pas encore une femme, un moment d'ambiguïté où règne la jalousie envers les autres, la scrutation tout à la fois embarrassée et obsédante des métamorphoses du corps, les jugements ambivalents sur les parents, les préoccupations soit mièvres soit morbides, l'âge incertain de tous les tourments et de tous les espoirs.
Malgré quelques scènes répétitives, L'homme de la montagne est un beau roman d'apprentissage, empreint de nostalgie et porteur de toutes les contradictions qui peuvent habiter une adolescente que le fait divers est un prétexte original pour révéler. L'écriture est forte, peuplée de métaphores et d'allégories qui font de ce récit une belle fantasmagorie, tout à la fois angoissante et sensible.
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