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« Sans langue maternelle l'homme est infirme », écrit le grand romancier israélien Aharon Appelfeld.
Chassés d'Allemagne par le nazisme et condamnés à l'exil, un grand nombre de philosophes, d'écrivains et de poètes juifs furent du même coup expulsés de leur langue, l'allemand. Comment ces représentants d'un peuple sans terre pour lequel, le mot, à défaut du Livre en cette époque sécularisée, est désormais peut-être la seule patrie relevèrent-ils le défi de ce double exil ?
Le 14 mai 1948 une nouvelle nation, Israël, vit le jour. Une langue, un peuple ! proclama David ben Gourion, et nombreux sont ceux qui, comme E. Levinas, saluèrent le retour de l'hébreu d'un long exil. Un hébreu réinventé, sécularisé, qui imposa sa suprématie sur les autres langues juives interdites de séjour (le yiddish, le djudezmo) et englouties par la Shoah.
Pourtant, aucun de nos écrivains n'opta pour le nouvel État. Peu d'entre eux ayant fait l'effort d'apprendre cette langue, ils choisirent ainsi de demeurer en diaspora. Notre essai se focalise sur ces deux langues privilégiées : l'allemand et l'hébreu.
SCD.
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